Le journal suisse “Le Matin” a consacré un long article à François Asselineau
Ce 28 février 2018, le quotidien de Suisse romande « Le Matin » – qui est lu par plus de 270 000 personnes – a publié un entretien substantiel de François Asselineau sur 2 pages.
Il faut noter qu’aucun grand journal français n’a jamais accordé le moindre entretien à François Asselineau depuis la création de l’UPR, il y a 11 ans, même pendant la campagne présidentielle.
Il s’agit là d’un indicateur indiscutable de la dégradation spectaculaire de la liberté d’opinion en France depuis une vingtaine d’années. Dégradation soulignée d’ailleurs par de plus en plus d’observateurs internationaux.
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Nous invitons nos sympathisants et adhérents à partager cet article à leurs connaissances et à remercier le journal pour son souci du pluralisme et de la démocratie !
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DÉBUT DE L’ARTICLE.
François Asselineau… Ce nom ne vous dit rien? Il s’agit de celui d’un ex- «petit» candidat de la dernière présidentielle française «en train de devenir grand» et qui cite souvent la Suisse en exemple.
Ce haut fonctionnaire de 60 ans avait fait le buzz pour avoir mouché Emmanuel Macron lors du grand débat en lui lançant : «Vous, de toute façon, vous êtes toujours d’accord avec tout le monde!» À l’époque, certains s’étaient moqués de son penchant à citer doctement les articles des traités européens.
Lequel se révèle au final plutôt efficace : bien que boudé des grands médias de son pays, l’Union Populaire Républicaine, le parti présidé par François Asselineau, connaît une croissance impressionnante ces derniers mois. Il vient de dépasser les 30 000 adhérents, ce qui en fait le cinquième parti de France.
Quant à son site Internet, il est le plus consulté des partis politiques français. Faut-il y voir la preuve que son programme mantra «Sortir de l’UE, de l’euro et de l’OTAN», préalable indispensable – d’après lui – à tout changement véritable, fait son chemin chez les Français? L’intéressé veut y croire. Entretien.
● Pourquoi vantez-vous si souvent la Suisse?
Car votre pays, qui est le plus démocratique qui soit et ouvert sur le monde, prouve que ne pas appartenir à l’UE n’est pas synonyme d’isolement. Les Suisses méritent l’admiration du monde. Ils ont refusé d’entrer dans l’UE et ce vote a été respecté, contrairement à ce que l’on a vécu en France après le vote sur la Constitution européenne de 2005 (ndlr : refusée à 55%). La Suisse cumule les succès. Les médias m’y semblent plus libres d’exprimer la diversité des opinions qu’en France. Le niveau et la qualité de vie y sont élevés. Votre pays figure d’ailleurs systématiquement sur le podium du classement de l’Indice de développement humain (IDH).
● Vos opposants ne partagent pas toujours cette analyse…
Des européistes, connaissant mal la Suisse, me rétorquent souvent avec mépris qu’elle ne vit que sur les banques. La réalité est que ce pays, contrairement au nôtre, soigne ses industries dans l’horlogerie, l’optique et la pharma notamment. Sans parler du tourisme et des services. Mieux encore : la Suisse, l’Islande et la Norvège, soit les trois pays d’Europe occidentale qui ont refusé d’intégrer l’UE, sont au sommet du classement IDH! La Suède, le Danemark et le Royaume-Uni, qui ont refusé l’euro, sont parmi les plus dynamiques économiquement de l’UE!
● La Suisse est liée à l’UE par des accords bilatéraux et les pressions européennes se renforcent. Serons-nous un jour contraints d’intégrer l’UE?
Les accords bilatéraux sont utiles, mais le peuple doit suivre de près ce qui en est fait car votre pays compte également des élites mondialisées qui veulent imposer l’Europe dans son dos. Il ne faudrait pas que la démocratique suisse, poussée par un grand frère aux méthodes de voyou dont les dirigeants n’ont été élus par personne, se retrouve demain à devoir respecter les contraintes européennes sans participer aux décisions. Si j’étais suisse, je serais donc très vigilant. La Suisse garde le pouvoir de faire prévaloir ses intérêts nationaux. La France, ligotée aux intérêts divergents des 27 autres membres de l’UE, ne le peut plus!
● Pour vous, réformer l’Europe est impossible. Pourquoi?
«L’autre Europe» revendiquée de toutes parts par les tartuffes, les incompétents ou les «idiots utiles» est irréaliste car modifier le moindre mot des traités européens exige l’unanimité des 28 membres et des 28 peuples dont les intérêts s’opposent dans tous les domaines. La France est par exemple contributrice nette (c.-à-d. qu’elle verse plus d’argent à l’UE qu’elle n’en reçoit) et souffre de la directive des travailleurs détachés. La Bulgarie, elle, en bénéficie et touche plus qu’elle ne verse. La seule solution raisonnable est de quitter l’UE comme l’a fait le grand peuple britannique en activant l’article 50. Je relève au passage que contrairement à ce qu’avaient claironné les prophètes de l’Apocalypse, le Royaume-Uni se porte bien. Le taux de chômage y est même à son plus bas depuis 1975 (4,2%)!
● À vous entendre, la Suisse ferait donc tout juste?
Non. Le fait qu’elle soit membre du Partenariat pour la paix, une structure otanienne dont le nom est digne de la novlangue de 1984, m’étonne. Si j’étais suisse, j’en serais scandalisé. La Suisse agit ainsi en contradiction totale avec la neutralité qui fait sa force. Elle se retrouve embrigadée dans la géopolitique américaine de «choc des civilisations» ou à envoyer des soldats au Kosovo. C’est contraire à toute son histoire et à ses intérêts. Par contre, sa démocratie directe et notamment ses référendums populaires me semblent un exemple à suivre.
● Comme le prétendent le Prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, ou l’historien Emmanuel Todd, pour vous aussi, l’euro est condamné. Pourquoi?
L’euro se porte très mal, notamment du fait des déficits italiens, mais les spécialistes le cachent au grand public. Il faudrait tout un article pour l’expliquer. Vincent Brousseau, notre spécialiste à l’UPR qui a travaillé 15 ans à la BCE, le fait très bien. Disons seulement que l’euro est une monnaie dont le taux de change vis-à-vis du dollar n’est pas assez cher pour l’économie allemande mais l’est trop pour la française et la plupart des autres de la zone. Ce qui y creuse le chômage et les déficits commerciaux. Résultat : la Bundesbank ne cesse d’accumuler des créances pourries sur le sud de l’Europe. Ces dernières dépassent désormais les 900 milliards. Quand la barre des 1000 sera franchie, les Allemands seront contraints de trancher sous peine de chuter comme en 1923. Comme Stiglitz, je suis convaincu que les premiers États partis s’en sortiront le mieux.
● Qu’impliquerait la fin de l’euro pour la Suisse?
Votre franc jouerait à plein son rôle de valeur refuge. Il hausserait fortement. Les importations deviendraient meilleur marché et les exportations en pâtiraient. Ça risquerait de secouer mais bien moins que dans l’UE. De toute façon, la réalité des faits ne nous laisse pas le choix : l’euro va s’effondrer et l’UE avec !