Trois photos du Luxembourg – par notre adhérent “Raoul Upériste”
Je vous fais parvenir trois photos prises au cours d’un rapide séjour que j’ai fait au grand-duché de Luxembourg la semaine dernière.
La première est une photographie de la vitrine de la « maison de l’Union européenne » située à Luxembourg, la capitale du grand-duché.
Les officines de ce genre se trouvent un peu partout en Europe, dans les grandes villes, et elles valent rarement le détour, mais j’ai trouvé celle-ci particulièrement grotesque, et assez ironique en raison de plusieurs détails :
D’abord parce qu’elle ne donne vraiment pas l’impression d’être accueillante, avec l’ostentation agressive des drapeaux européens sur ses vitrines, ses rideaux tirés, son grand écran et surtout avec les deux grosses caméras de surveillance au-dessus des deux entrées. De quoi ces gens-là ont-ils peur ?
Ensuite parce que l’on entraperçoit, à l’intérieur, un fatras de tissus multicolores qui pourrait faire penser à la période des soldes chez Tati. Mais il ne s’agit que des 28 drapeaux nationaux des 28 États membres de l’UE qui encombrent de façon aussi comique que symbolique la petite pièce d’accueil.
Comme ce local minuscule est situé à deux pas du palais grand-ducal, dans la “rue du marché aux herbes”, on se demande si ses occupants n’auraient pas “fumé de l’herbe” pour qu’ils décident de faire ressembler davantage leur boutique à la devanture d’un bureau de recrutement de la Propagandastaffel nazie des années 40 pour aller combattre sur le Front de l’est, plutôt qu’à un lieu d’information convivial.
On notera au passage qu’il n’y a évidemment aucun client dans cette boutique qui semble bien proche du dépôt de bilan.
Pour parachever cette apparition saugrenue, on relève enfin la présence, en surplomb du bâtiment, d’une Vierge en majesté (avec les attributs du pouvoir et l’enfant Jésus dans les bras), qui semble patronner l’édifice. La conjugaison des deux est assez incongrue pour un Français, voire choquante au regard de nos principes de laïcité. Voilà donc ce qu’il en est de la « communauté de valeurs » dont on nous rebat les oreilles à tour de micro.
Il faut dire que ça n’est, en quelque sorte, qu’un hommage rendu aux sources mêmes du drapeau aux douze étoiles d’or – précisément placé devant la Madonne -, puisqu’il n’est nullement un symbole laïc. Comme François Asselineau l’a rappelé, le drapeau dit “drapeau européen” est au contraire directement inspiré de la représentation de la Vierge faite par saint Jean dans son Apocalypse. Les Français sont tenus dans l’ignorance de cette symbolique mariale afin qu’ils s’imaginent que l’Union européenne, c’est la France à 28.
————
Les deux autres photos ont été prises à Esch-sur-Alzette, qui est la deuxième ville du Grand-Duché (avec 33 000 habitants) et l’un des derniers refuges de la sidérurgie au Luxembourg, avec un reste d’usine d’Arcelor implantée dans le quartier de Belval. Pour l’anecdote, Esch-sur-Alzette est aussi le lieu de naissance de Viviane Reding, ancienne commissaire européenne que les fidèles lecteurs de l’UPR connaissent bien…
Eh bien, en ce dimanche 11 septembre 2016, la mairie d’Esch-sur-Alzette arborait trois drapeau : celui de l’UE, le plus imposant ; et, de part et d’autre, à égalité de rang, celui du Luxembourg et celui… des États-Unis d’Amérique !
Que venait donc faire là le drapeau de l’Oncle Sam ?
Renseignements pris, il ne s’agissait vraisemblablement pas d’un témoignage de solidarité avec les victimes des attentats du 11-septembre 2001, mais plutôt d’un reste de la commémoration de la libération de la ville par l’armée américaine, qui eut lieu le 10 septembre 1944, commémoration faite la veille semble-t-il. Du reste, il y a un monument aux morts à l’entrée du centre-ville, avec les drapeaux américain et luxembourgeois, au pied duquel des gerbes de fleurs toutes fraîches étaient déposées.
Quoi qu’il en soit, le symbolisme est clair, même pour des enfants de 7 ans : l’Union européenne est le pont entre les États-Unis et le Luxembourg, et la garante de la paix apportée par les Américains.
Le cocasse de l’affaire réside malgré tout dans la présence, au-dessus de ces drapeaux, de la devise de la ville, écrite en luxembourgeois : « Mir welle bleiwen wat mer sinn », ce qui signifie en français : « Nous voulons rester ce que nous sommes ».
Que faut-il en déduire ? Que les anciens bourgmestres qui firent construire cet édifice au début du XXe siècle se retournent dans leurs tombes s’ils voient ce que leurs descendants ont fait du Luxembourg ? Ou bien que les habitants d’Esch-sur-Alzette se félicitent de n’être plus qu’un simple district de l’Union européenne placé sous tutelle états-unienne ?
Ma dernière photo est celle d’une plaque de métal lourd aux proportions imposantes, comme les portes de l’Enfer dans la Divine Comédie illustrée par Gustave Doré.
Le contenu de cette tonne de bronze invite le passant à considérer avec émotion et reconnaissance que la place de l’Hôtel de ville d’Esch-sur-Alzette a été réaménagée en 2006 grâce à la munificence de l’Union européenne et à son « Programme FEDER, Objectif II ». De quoi faire rêver, en effet, les amoureux et les enfants des écoles….
Ainsi donc, dans cette région sidérurgiste en faillite du fait de l’UE, c’est carrément dans l’acier et le bronze que l’Union européenne grave ses mensonges et porte témoignage de sa propagande mortifère.
Raoul Upériste
14 septembre 2016