Bientôt en France grâce au traité TAFTA : privés de pauses, des employés du secteur volailler aux États-Unis portent des couches

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Pour être compétitifs avec l’industrie du poulet américaine, les employés français devront-ils porter des couches du fait de l’interdiction d’aller aux toilettes pendant les heures de travail ?

On pourrait croire qu’il s’agit d’une mauvaise blague. Et pourtant non. Selon une étude très sérieuse que vient de publier l’ONG britannique Oxfam, les employés du secteur volailler aux États-Unis travaillent dans un tel climat de peur qu’ils n’osent pas demander de pauses pour aller aux toilettes.

Du coup, ils en sont réduits à se priver de boire, et à porter des couches au travail afin de pouvoir uriner et déféquer debout face à la ligne d’assemblage, sans perdre une seconde de leur temps de travail.

L’américain Tyson Foods, l’un des plus gros groupes volaillers au monde, a répondu à cette étude par un communiqué de déni, en affirmant « ne pas tolérer le refus des demandes d’aller aux toilettes » dans ses usines. Mais, par prudence, le communiqué précise quand même que « bien que nous n’ayons pour l’instant pas de preuves que ces accusations soient vraies, nous vérifions que nos règlementations sur les toilettes sont appliquées »…

Il semble en effet qu’une « vérification » s’impose. Car l’étude d’Oxfam cite une enquête menée auprès de 266 ouvriers en Alabama (sud) par l’association anti-discriminations Southern Poverty Law Center, selon laquelle « presque 80% des ouvriers disent ne pas avoir le droit d’aller aux toilettes quand ils en ont besoin », ainsi qu’une autre dans le Minnesota (nord) où « 86% des ouvriers disent avoir moins de deux pauses-pipi par semaine »…

Les chefs de ligne refusent aux ouvriers ces pauses « parce qu’ils sont sous pression pour maintenir la vitesse de production ». Et Oxfam précise que « le secteur volailler affiche aujourd’hui des bénéfices records tandis que les ouvriers gagnent de faibles salaires, souffrent de taux élevés de blessures et maladies, évoluent dans des conditions difficiles et un climat de peur. »

[ NOTA : pour avoir une vision crue, et assez effrayante, de l’industrie agro-alimentaire avicole aux États-Unis, je conseille de parcourir le site d’Oxfam et le dossier consacré à cette question (en anglais), avec des vidéos qui font froid dans le dos : https://www.oxfamamerica.org/livesontheline ]

Commentaires

Cette atteinte invraisemblable à la simple dignité humaine semble bien être pratiquée dans toute la filière avicole aux États-Unis.

Mais l’étude britannique d’Oxfam montre particulièrement du doigt les quatre poids lourds de l’agro-industrie, qui contrôlent 60% du secteur et emploient conjointement plus de 100 000 personnes : Tyson Foods, Pilgrim’s, Perdue et Sanderson Farms.

Ce qu’il faut savoir, c’est que ce sont ces mêmes géants de l’agro-industrie états-unienne qui forment l’un des plus puissants lobbys outre-Atlantique pour exiger de la Maison Blanche qu’elle obtienne de l’UE la conclusion de l’accord de libre-échange transatlantique.

Ce n’est pas du “conspirationnisme” et ce n’est pas moi qui le dit. C’est ce qu’a dit, parmi d’autres, le journal Le Figaro lui-même, dans son édition du 13 juin 2013 consacré au projet de TAFTA-TTIP.

Le Figaro a ainsi souligné :

« C’est aussi sur [Mike Froman, futur conseiller de la Maison-Blanche pour les affaires économiques internatio­nales], ce vieil ami de Barack Obama, que comptent les groupes agroalimentaires comme Tyson Foods ou les géants de la restauration rapide pour que les Européens laissent entrer sur leur marché la viande américaine de bœuf, de porc et de poulet. »

[ Source : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/06/12/20002-20130612ARTFIG00535-libre-echange-obama-tres-motive-mais-le-tresor-freine-sur-la-finance.php]

En d’autres termes, les conditions de travail – à proprement parler scandaleusement inhumaines – qui prévalent dans le secteur agro-industriel aux États-Unis, risquent d’être très bientôt le « modèle » imposé en France – sous peine de non-compétitivité -, et cela du fait du futur traité de libre-échange transatlantique TAFTA-TTIP.

Je rappelle que ce traité est en train d’être négocié :

– par l’Union européenne dans notre dos, sans aucun mandat du peuple français, et dans la plus totale opacité,

– sous la pression de Washington et des lobbies financiers et industriels (tels Tyson Foods où les responsables interdisent aux salariés d’aller aux toilettes pendant les heures de travail),

– et avec la plus totale complicité du gouvernement “socialiste” et des députés et sénateurs de LR-PS.

Plus que jamais, il y a donc urgence à se rassembler au-delà du clivage droite-gauche, afin de chasser du pouvoir les partis européistes qui trahissent les intérêts les plus fondamentaux du peuple français, et imposer la sortie unilatérale de l’UE.

Nous devons refuser immédiatement la vision monstrueuse du monde que la prétendue « construction européenne » est en train d’engendrer. C’est ce pour quoi l’UPR a été créée.