La Commission européenne condamne l’Espagne et le Portugal à renforcer encore leurs plans de rigueur
Deux semaines après la victoire du Brexit, la Commission européenne s’enferme dans un aveuglement suicidaire : elle condamne l’Espagne et le Portugal à renforcer encore leurs plans de rigueur !
C’est l’un des vers de Virgile les plus connus. Dans l’Énéide – sa longue épopée en vers – le célèbre poète latin écrit : « Quos vult perdere Jupiter dementat », ce qui signifie : « Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre ». On ne saurait mieux décrire la politique suivie par les dirigeants de la prétendue « construction européenne » depuis plusieurs années, et davantage encore depuis plusieurs mois.
Alors que tous les signaux, sans exception, ont viré à l’orange, puis au rouge, puis au rouge cramoisi depuis la crise de l’euro en Grèce, les dirigeants européistes n’ont eu de cesse que de prendre, à chaque fois, les plus mauvaises décisions.
Depuis la victoire du Brexit, c’est même la folie furieuse qui semble s’être emparée des cercles dirigeants européistes, qui sentent que l’édifice européen est en train de se déliter sous leurs pieds, laissant présager un effondrement final. Non seulement ces donneurs de leçon de démocratie hurlent à tue-tête leur refus pur et simple du verdict des urnes, avouant ainsi de plus en plus clairement que la construction européenne est une dictature, mais ils s’entêtent encore et encore et encore dans une politique sourde et aveugle qui mène tout le continent à la ruine et qui soulève la révolte des peuples.
On vient de le constater une nouvelle fois ce 7 juillet 2016.
Alors que l’Europe est en pleine tourmente post-Brexit, alors que fusent de partout des appels à sortir de l’UE et de l’euro, alors que tous les responsables politiques nationaux pointent du doigt l’indifférence complète des européistes à la souffrance des classes populaires et des classes moyennes comme étant la raison n°1 du rejet croissant de l’UE à travers tout le continent, la Commission européenne vient de prendre une décision dont l’inconscience laisse pantois.
Elle n’a rien trouvé de mieux à faire que de déclarer officiellement l’Espagne et le Portugal en situation de dérapage budgétaire, et d’exiger la prise de nouvelles mesures de rigueur sous peine de sanctions astronomiques (0,2% du PIB).
Cette fois-ci, c’en est trop. Même les journalistes économiques français commencent à reconnaître publiquement que la Commission européenne est en train de sombrer dans la folie.
« UNE ERREUR MAJEURE » pour le journaliste Romaric Godin
Dans le journal en ligne “La Tribune” de ce 7 juillet, le journaliste Romaric Godin analyse cette décision de la Commission européenne dans un article particulièrement bien documenté et raisonné titré : « POURQUOI LA FERMETÉ DE BRUXELLES CONTRE L’ESPAGNE ET LE PORTUGAL EST UNE ERREUR MAJEURE »
Il y dresse un véritable réquisitoire contre la Commission européenne, dont les décisions sont à la fois totalement contre-productives du point de vue économiques (elles sont déflationnistes alors que la BCE promeut au contraire des mesures inflationnistes…) et totalement déraisonnables politiquement.
Le journaliste de La Tribune rappelle notamment que, deux jours après la victoire du Brexit au référendum du 23 juin, les ministres français et allemand des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier, avaient proposé d’en finir avec les « ajustements unilatéraux », les jugeant « politiquement dangereux ».
C’est pourtant exactement ce que vient de décider la Commission européenne. Elle a fait ainsi un bras d’honneur à ces deux potiches et elle a montré en revanche sa soumission complète à la volonté inflexible du ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, d’appliquer à la lettre les traités européens. Toujours eux !
L’article de Romaric Godin se termine d’une façon qui donne raison, encore et toujours, aux analyses de l’UPR :
« Ce 7 juillet 2016 marque la victoire de Wolfgang Schäuble dans la zone euro. Les règles sont certes respectées, mais ceux qui croient que ce respect sauvera la zone euro pourraient bien faire erreur. Car les déficits ne sont que le reflet des déséquilibres internes à la zone euro.
Refuser de régler ces déséquilibres, de voir l’impact de l’inflation faible sur les comptes publics, de prendre en compte les effets désastreux de l’inflation passée sur le capital productif des pays touchés et de comprendre que la zone euro ne peut survivre avec un excédent courant allemand de 8 % du PIB, c’est refuser de vouloir vraiment « réformer » la zone euro. C’est s’aveugler sur une doctrine qui a fait la preuve de ses échecs. C’est pourtant le comportement de la Commission.
La réponse au Brexit sera donc faible et inadaptée. Les Eurosceptiques de tous poils peuvent se frotter les mains : l’incapacité de réforme de l’UE a, aujourd’hui, été prouvée avec éclat. »
[ Source : http://www.latribune.fr/…/pourquoi-la-fermete-de-bruxelles-… ]
« UN SUICIDE POLITIQUE » pour la journaliste Florence Autret
Un autre journaliste, Florence Autret – également dans “La Tribune” -, a retenu un titre non moins évocateur pour son article de ce même 7 juillet : « SUICIDE POLITIQUE AU SIÈGE DE LA COMMISSION EUROPÉENNE…»
Elle y résume l’atmosphère crépusculaire qui règne à la Commission, où les langues se délient. C’est désormais un secret de Polichinelle que Jean-Claude Juncker n’est pas seulement un escroc en col blanc qui a fait ficher les opinions politiques de centaines de milliers de Luxembourgeois et qui a organisé des évasions fiscales à l’échelle du continent : c’est aussi un incompétent notoire qui a commis erreur sur erreur depuis qu’il est à la tête de la Commission de Bruxelles, et un “malade” (comprendre “un alcoolique invétéré”), qui se révèle de plus en plus dépassé par la situation.
Il est aussi désormais de notoriété publique que plusieurs dirigeants nationaux, à commencer par la Chancelière d’Allemagne, veulent le chasser de ses fonctions au plus vite et font pression pour qu’il démissionne.
[ Source : http://www.latribune.fr/…/suicide-au-siege-de-la-commission… ]
CONCLUSION : Cynisme et inconscience de la nomenklatura bleue aux étoiles d’or
Ceci explique d’ailleurs sans doute cela. Si la Commission suit désormais aveuglément les instructions du tandem Merkel-Schaüble, c’est bien sûr parce qu’elle ne peut pas se soustraire indéfiniment à un strict respect des traités, mais c’est aussi sans doute – au bout du compte – parce que Jean-Claude Juncker sait qu’il est sur un siège éjectable et qu’il ne doit rien leur refuser.
Si un nouveau tour de vis de rigueur va être imposé aux Espagnols et aux Portugais qui n’en peuvent déjà plus – en attendant le tour des Italiens, des Français et l’on en passe -, c’est parce que Juncker a le réflexe-type des membres de la nomenklatura bleue aux étoiles d’or : profiter encore et encore, au maximum, de la place en or qu’il occupe et des avantages de toute nature qui l’assortissent…
Un tel cynisme mêlé à tant d’inconscience se paiera tôt ou tard. Les européistes jettent encore et encore de l’huile sur le feu de l’incendie qui finira par tout emporter.