Euroscepticisme croissant au Parlement européen
Explosion imminente du « PPE », dont font partie les élus français de l’UMP…
Les Faits
Lundi 16 mars 2009 – Le Parti conservateur britannique, principal parti d’opposition au Royaume-Uni, a informé la semaine dernière le PPE, première force politique du Parlement européen, qu’il comptait quitter cette formation après les élections européennes de juin. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, vient de regretter publiquement aujourd’hui cette décision qui vise à créer un nouveau groupe politique, plus eurosceptique, au Parlement européen.
Au cours d’une conférence de presse à Londres, à l’issue d’entretiens avec le Premier ministre britannique (travailliste) Gordon Brown, le président de la Commission européenne a certes concédé qu’il « revient à chaque parti de décider avec quelle formation européenne il veut siéger. Je ne peux donc pas critiquer une décision en particulier ».? Mais ce fut pour ajouter aussitôt : « bien sûr je regrette cette décision. Mon parti est membre du PPE et je regrette cette décision parce qu’en Europe (ce sont) les principaux partis et les principales familles politiques qui dirigent vraiment le débat européen ». Rappelons ici que M. Barroso est un ancien Premier ministre portugais et que son parti, dans son pays d’origine, est justement membre du PPE.
Selon plusieurs sources, les conservateurs britanniques devraient être rejoints, après les élections européennes de juin, par les conservateurs tchèques et polonais pour former un nouveau groupe à tonalité nettement « eurosceptique ».
Notre commentaire
La décision prise par le Parti conservateur britannique est intéressante à deux égards :
– d’une part elle témoigne d’un climat général : à travers toute l’Europe, le sentiment des peuples à l’égard de la construction européenne ne cesse de se dégrader. Certains partis politiques conservateurs (au Royaume-Uni, en Pologne, en République tchèque notamment) essaient de tirer partie de cette montée de l’opposition pour se refaire une santé politique. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les sondages créditent actuellement les conservateurs britanniques d’une très large avance électorale devant le parti travailliste du Premier ministre Gordon Brown, et cela alors qu’une élection doit être convoquée au plus tard à la mi-2010.
– d’autre part, et a contrario, cette décision de créer un nouveau parti européen eurosceptique constitue un bon révélateur des difficultés qui attendent les autres partis conservateurs européens, membres du PPE, qui refusent de prendre en compte ces évolutions profondes de l’opinion : l’UMP en France, mais aussi la CDU, formation de la chancelière allemande Angela Merkel, et Forza Italia, le parti du Premier ministre italien Silvio Berlusconi pour ne citer que ces trois-là.
Cependant, ne nous y trompons pas : la décision des Conservateurs britanniques a ses limites : encore plus proches – si c’est possible ! – des intérêts américains que ne le sont les Travaillistes, les Conservateurs adoptent une tactique électorale qui ne saurait en aucun cas s’attaquer aux fondements mêmes de la construction européenne. Il s’agit de s’afficher « eurosceptiques », de critiquer avec véhémence l’Union européenne, de moquer sa technocratie légendaire, de stigmatiser son « déficit démocratique », etc. Mais il ne s’agit pas de sortir de l’Union européenne.
La simple création d’un nouveau parti « européen-eurosceptique » devrait ainsi nous mettre la puce à l’oreille. Elle est ce que l’on appelle chez nous le « souverainisme » : une sorte de paratonnerre particulièrement astucieux et retors dont la seule finalité est de détourner, encore et toujours, les peuples de la seule solution vraie pour remédier à l’impasse européenne : la dénonciation des traités européens. C’est pourquoi, de même qu’une rumeur insistante indique que le mouvement « pan européen eurosceptique » Libertas du mystérieux Irlandais Declan Ganley serait financé par la CIA, il n’est nullement exclu que l’initiative britannique se fasse en parfaite connivence avec les autorités américaines.