Je connais personnellement M. Sapir. Il a refusé de venir à l’UPR et reste proche de DLR car il milite ouvertement pour une “Autre Europe”. Il refuse de proposer aux Français de sortir de l’UE, seule voie juridique pour sortir légalement de l’euro.
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Au sujet de l’article du LIESI, je suis très réservé. Ce papier me fait penser aux analyses de LEAP 2020 : il passe sous silence les problèmes inouïs de la cacophonie de la Tour de Babel européenne, pour ne faire que dénoncer le rôle des États-Unis contre l’Europe.
Or cette présentation des choses :
1°)- est historiquement et géopolitiquement contraire à la vérité puisque ce sont justement les États-Unis qui ont voulu la construction européenne.
2°)- a pour résultat objectif de donner à penser aux Européens qu’ils devraient “serrer les coudes”. Tiens, tiens… Revoici “l’Autre Europe”
3°)- est tout bonnement contraire aux faits
En effet :
a)– Si l’objectif de GoldmanSachs est de tuer l’euro, pourquoi bigre les dirigeants européens sont-ils tous tombés d’accord pour nommer M. Draghi à la tête de la BCE après le départ de M. Trichet ? Tout le monde sachant que M. Draghi est l’ancien vice-président de Goldman Sachs Europe, cette nomination serait donc un acte de sabordage ??
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b)– Pourquoi M. Geithner est-il venu à Wroclaw vendredi 16 et samedi 17 septembre ?
Réponse : parce qu’il y avait été invité !
Et par qui ?
Réponse : par le gouvernement polonais, avec l’acquiescement des gouvernements européens.
Le LIESI pourrait quand même le rappeler.
Le LIESI pourrait s’étonner que la Pologne ait invité ce monsieur.
Le LIESI pourrait faire remarquer que si l’idée était d’inviter ceux qui peuvent sauver provisoirement l’euro, il eût été plus judicieux d’inviter les ministres chinois, russe, indien et brésilien.
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c)– Par ailleurs, M. Geithner a tapé du poing sur la table pour que les Européens adoptent une position unique et mettent en œuvre la programme du 21 juillet. l’objectif de M. Geithner était donc bel et bien de sauver l’euro.
Or ce sont :
– les Autrichiens (qui ont fait savoir qu’ils préfèreraient une faillite de la Grèce),
– les Slovaques (qui indiquent qu’ils ne voteront peut-être pas le FESF avant le mois de décembre),
– les Finlandais (qui veulent des garanties réelles),
– les Allemands, les Français et les Néerlandais (qui refusent les euro-obligations),
– etc.
…. qui ont conduit à la nouvelle impasse de Wroclaw.
Ce n’est pas le Secrétaire aux finances américain qui a souhaité cette impasse, bien au contraire.
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Dans ces conditions, l’idée centrale de ce papier me paraît très peu convaincante, sinon même machiavélique.
Elle me semble être avancée comme une sorte de tentative de la dernière chance de certains cercles européistes pour faire progresser l’idée d’un fédéralisme européen au forceps.
Ce qui est exactement ce que souhaitent… les États-Unis.
Cela me rappelle ce haut responsable du Département d’État américain, recevant une délégation parlementaire française en avril 2005 à Washington en pleine campagne référendaire en France, auquel plusieurs députés (tous “OUI-istes”) avaient témoigné de leur crainte que le Non l’emporte. La réponse du Haut responsable américain avait été extraordinaire (et rapporté par le journal Le Monde) : “si cela peut vous aider à faire passer le Oui, dîtes que nous [les Américains], nous sommes contre cette Constitution européenne…”