Opération Correa ou le coupable silence des médias
Le 6 novembre 2013, lors de son passage en France, à l’université de la Sorbonne, Rafael Correa n’a guère été accueilli que par quelques journalistes du Monde diplomatique et d’autres titres moins diffusés – outre les autorités de l’université elle-même.
Alors qu’il s’agit d’un chef d’État, au même titre que les dirigeants régulièrement reçus en grande pompe par François Hollande ou ses prédécesseurs, le président équatorien n’a pas eu le droit à l’attention des grands médias.
Pourtant, l’intervention qu’il venait réaliser à Paris avait de quoi retenir l’attention dans un vieux continent dévasté par la crise économique. Défendant les principaux axes du « miracle équatorien » (faible taux de chômage, croissance soutenue, réduction de l’extrême pauvreté), il partageait une expérience enrichissante et des solutions originales aux problèmes socio-économiques traversés par toutes les sociétés.
C’est le décalage entre l’importance et la qualité de cette intervention et la faible attention qu’elle a retenue que Pierre Carles, Nina Faure et Aurore Von Opstal pointent, entre autres, dans leur documentaire Opération Correa, dont la première partie, Les Ânes ont soif, est d’ores et déjà disponible.
1ere partie du film Les Ânes ont soif :
Comment expliquer que celui qui préside l’Équateur depuis 2007, qui a été constamment réélu depuis (de manière triomphale tant en 2009 qu’en 2013), qui obtient des résultats aussi tangibles et spectaculaires et qui parle de surcroît un très bon français suscite aussi peu d’intérêt ?
Il faut dire que, dans sa communication à la Sorbonne, Rafael Correa critique ouvertement les solutions habituelles des libéraux – notamment le recours aux conseils du FMI, la déflation salariale, etc. – au profit d’horizons plus féconds, qui ne supposent pas des sacrifices ad vitam aeternam pour les plus modestes.
Nul doute que les grands médias français, « du côté du pouvoir économique » comme l’explique Pierre Carles, n’aiment guère qu’un dirigeant original et du côté du peuple vienne ouvrir de nouvelles perspectives en France. La presse française est en tout cas particulièrement aux ordres, plus encore que d’autres presses européennes.
Invité dans de semblables conditions en Espagne à la fin du mois d’avril 2014, pour y recevoir le titre de docteur honoris causa de l’université de Barcelone, Rafael Correa y a été dignement accueilli par le roi Juan Carlos, le président du Gouvernement Mariano Rajoy, la vice-présidente du Gouvernement Soraya Sáenz de Santamaría et les principaux médias ont fait le déplacement pour écouter son intervention.
De la même façon qu’il boude systématiquement les analyses de l’UPR et de François Asselineau, le monde médiatique français ignore royalement la venue et l’intervention de Rafael Correa. Plus que jamais, l’indépendance de la presse vis-à-vis des puissances financières est à assurer, comme le propose le programme de l’UPR.