Une propagande vieille de 64 ans : ce film de 1952 du « service d’information des états-unis » explique aux Français qu’il faut construire l’Europe pour être plus prospères et pour s’unir face à la menace russe.
Ce petit film d’animation du « Service d’information des États-Unis » fut diffusé il y a plus de 64 ans, le 1er janvier 1952. Il constitue une nouvelle preuve cinglante à présenter à ceux qui répètent sans réfléchir que l’UPR serait « complotiste », « conspirationniste » et que nous ferions de « l’anti-américanisme primaire », tout simplement parce que j’explique depuis 9 ans que la prétendue « construction européenne » a été constamment promue par Washington depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Pour bien replacer ce film de propagande états-uniennes, il faut rappeler qu’en cette année 1952 :
– Les États-Unis, qui ont lancé la « guerre froide », sont alors en pleine « chasse aux sorcières » contre toute personne soupçonnée d’avoir quelques affinités communistes. C’est le triomphe du « maccarthysme ».
– La Grèce et la Turquie, qui ont signé le protocole d’adhésion à l’OTAN par le protocole de Londres du 22 octobre 1951, s’apprêtent à entrer pour de bon, le 18 février 1952, dans l’organisation atlantique.
– les États-Unis supervisent la signature du “traité de Paris” – le 18 mai 1952 – instituant la Communauté européenne de défense (CED), par les six pays de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Cette création d’une armée européenne intégrée vise alors à rendre possible le réarmement de la République fédérale d’Allemagne (RFA) sans reconstitution d’une armée autonome et à placer la défense de l’Europe de l’ouest sous commandement, officiellement international, mais de fait sous commandement américain. (C’est le vote conjoint des gaullistes et des communistes le 30 août 1954 qui fera échouer cette CED).
– Les États-Unis préparent l’explosion de la première bombe H thermonucléaire de l’histoire, sur l’atoll d’Eniwetak (Îles Marshall) (500 fois la puissance de la bombe lâchée sur Nagasaki dans ce cas précis). Ce sera chose faite le 31 octobre 1952 (“opération Ivy“).
——
C’est dans ce contexte très inquiétant de guerre imminente contre l’URSS et d’hystérie anti-communiste qu’est produit ce film de propagande américain, traduit dans les différentes langues des pays d’Europe de l’ouest.
Il a pour objectif de convaincre le spectateur du bienfait du libéralisme économique par opposition au régime totalitaire et d’abaisser les frontières entre les pays d’Europe de l’ouest pour s’assurer la liberté, la prospérité et la défense contre l’URSS et les pays de l’Est.
Bien que le terme de communisme ne soit pas employé, l’utilisation des couleurs (qui suggère la “pieuvre” tentaculaire du « péril rouge » s’infiltrant partout, la présentation de cartes désignant explicitement les pays de l’Est, ainsi qu’une imagerie propre à rappeler les affiches de la propagande communiste ,désignent très clairement l’URSS et l’idéologie socialiste dans ses aspects les plus caricaturaux.
L’ensemble de la réalisation tend à mettre en opposition frontale les deux idéologies (libérale et communiste) et insiste sur la nécessité de bâtir un Marché commun européen.
Notons qu’à l’époque où ce film est diffusé en France :
a) la déclaration prononcée par Robert Schuman, ministre des affaires étrangères français, proposant la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) entre six États européens a été signée un an et demi auparavant (le 9 mai 1950).
b) le traité de Rome créant la Communauté économique européenne (CEE) est en gestation et sera signé 5 ans après (le 25 mars 1957).
c) la France est sous le régime de la IVe République, le général de Gaulle a quitté le pouvoir depuis le 20 janvier 1946, et les gouvernements français de l’époque sont à peu près aussi soumis à Washington que le gouvernement français de 2016.
d) la France et les Français font déjà l’objet d’une intense politique de domination mentale venue de Washington, qui exerce les armes – inconnues – du « soft power » :
– l’accord Blum-Byrnes du 28 mai 1946 a obtenu l’ouverture généralisée des salles de cinéma français aux productions hollywoodiennes qui véhiculent « l’American way of life »,
– le Coca-Cola a été lancé en France, à grands coups de publicité, en 1950,
– la radio Europe1 – très favorable à la « construction européenne » comme son nom l’indique -, sera installée en Allemagne et diffusera vers la France à partir du 1er janvier 1955,
– etc.
Conclusion : la soumission des Français par la terreur : peur du « péril rouge » hier, peur du « péril vert » aujourd’hui
Il est très instructif de noter le processus de manipulation des foules qui est déjà utilisé à l’époque.
Alors que la prétendue « construction européenne » est imposée de fait par Washington au peuple français sans que celui-ci n’ait son mot à dire, le titre de ce film de pure propagande est une antiphrase d’un rare cynisme : « À NOUS DE CHOISIR ».
Il est produit par W.M.Larkins et sert en effet le point de vue américain de façon très hollywoodienne, en usant d’effets de dramatisation, musicaux et visuels, très suggestivement angoissants et réfléchis. Ils visent à faire accepter la prétendue « construction européenne » au public français en le terrorisant à l’évocation du « péril rouge ».
Il est intéressant de noter que le même processus de terreur est actuellement à l’œuvre de nos jours. Pour inciter les Français à la soumission à l’UE et à l’OTAN, les Américains et les forces de domination euro-atlantistes qui monopolisent les grands médias ont remplacé le « péril rouge » par le « péril vert », en laissant entendre qu’une “pieuvre” tentaculaire islamiste s’est infiltrée partout et que nous « devons apprendre à vivre et à lutter contre le terrorisme » pour reprendre les propos du Premier ministre Manuel Valls.
Notes : Il s’agit de l’extrait du film de propagande dont l’intégralité dure 15’26” et est disponible sur le site de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) ici : http://www.ina.fr/video/VDD11022226