Le Front National accepte le principe ultra-européiste de la “citoyenneté européenne”

Lecture : 8 min

fn-europe

LES FAITS : LE FRONT NATIONAL PRÉSENTE PLUS DE 80 « CANDIDATS EUROPÉENS » SUR SES LISTES AUX ÉLECTIONS MUNICIPALES.

On a appris, ce 17 mars 2014, que Mme Le Pen a décidé de présenter au moins 80 étrangers « européens », dont deux Roumains et une Bulgare, sur les listes Rassemblement Bleu Marine (RBM) soutenues par le Front national aux élections municipales.

Dans plusieurs ce ces listes, des « candidats européens » sont placés assez haut pour envisager un mandat de conseiller municipal : c’est le cas à Evreux (Eure), Vendres (Hérault) et Saint-Maximin (Var), où des citoyens de nationalité belge sont en 2e ou 3e position.

COMMENTAIRES

Cette information est spectaculaire car elle prouve que le FN vient d’accepter l’un des dogmes essentiels de l’européisme, qui postule qu’il y aurait une « citoyenneté européenne ».

  • La rouerie politicarde de Mme Le Pen

Empêtrée dans ses volte-faces et ses mensonges, Mme Le Pen a osé minimiser cette décision en usant d’une pirouette : « À partir du moment où la loi est là, il n’y a pas de raison de ne pas permettre à un certain nombre de personnes d’en profiter. […] Je pense que cette possibilité sera supprimée à partir du moment où l’UE n’existera plus.»

On notera au passage la rouerie abjecte de cette remarque qui consiste, comme d’habitude chez les politicards véreux, à faire une chose tout en affirmant le contraire :

  • d’une part Mme Le Pen confirme qu’elle a décidé de présenter plus de 80 « candidats européens » aux élections municipales ;
  • mais d’autre part elle fait mine d’en condamner le principe en laissant entendre que l’UE devrait disparaître – ce que, par ailleurs, elle se garde bien de proposer !

Comme manipulation des électeurs, il est difficile de faire plus vicieux. Chapeau !

  • La « citoyenneté européenne » est un principe racialiste

Bien entendu, certains commentateurs des grands médias vont saluer cette décision du FN comme une décision bonne et “moderne”. Ils vont stigmatiser ceux qui refusent d’admettre cette « citoyenneté européenne » comme étant des xénophobes attardés.

Or, rien n’est plus faux : car la « citoyenneté européenne » vise justement à séparer les étrangers vivant sur le sol national en deux catégories :

  • d’une part les étrangers « serviettes », c’est-à-dire les ressortissants de l’Union européenne, qui deviennent électeurs et éligibles en France
  • d’autre part les étrangers « torchons », c’est-à-dire les ressortissants de tous les autres pays du monde, auquel ces droits sont refusés.

Loin d’être un principe moderne et ouvert, cette « citoyenneté européenne » ne peut être perçue que comme un principe ségrégationniste qui ne dit pas son nom.

Comment justifier, en effet, à des travailleurs immigrés algériens, marocains, tunisiens, sénégalais, maliens, vietnamiens, srilankais, malgaches, etc., présents parfois depuis plusieurs décennies en France, qu’ils n’ont pas les mêmes droits que des travailleurs bulgares, polonais, chypriotes ou roumains qui sont parfois arrivés depuis à peine quelques mois ?

1601378_10152334695662612_1414336124_nAPARTHEID = “EUROPEANS ONLY”
Scènes de rue en Afrique du sud, du temps de l’apartheid. La ségrégation raciale conduisait à séparer les espaces publics entre ceux réservés aux Blancs et ceux réservés aux “Coloured” (Noirs, Indiens, métis…). Comme le montrent ces clichés, l’expression “Europeans only” était fréquemment utilisée comme euphémisme à la place de “White only”.
Qu’on le veuille ou pas, le concept même de “construction européenne” – et son corollaire la “citoyenneté européenne” – sont inspirés de la même pensée ségrégationniste que celle de l’apartheid. La théorie du “Choc des Civilisations” est assimilable à un apartheid planétaire.

 

  • Une gifle magistrale administrée à Florian Philippot, vice-président du FN, ainsi qu’aux gaullistes et  aux républicains égarés au FN

La décision prise par Mme Le Pen d’avaliser le principe de la « citoyenneté européenne », en nommant plus de 80 « candidats européens » sur les listes du FN aux élections municipales, représente une gifle magistrale pour un certain nombre d’adhérents gaullistes et républicains égarés au FN, au premier rang desquels le vice-président Florian Philippot.

Le 19 septembre 2012, dans une tribune sur le site Newsring.fr, ce dernier avait en effet réaffirmé que « nationalité et citoyenneté doivent être en toutes circonstances associées. La première brèche à ce principe, celle du Traité de Maastricht accordant un droit de vote aux élections municipales et européennes aux ressortissants communautaires, n’est pas acceptable. »

Que va faire maintenant M. Philippot ?

Avaler son chapeau et accepter ce qu’il décrivait comme « n’étant pas acceptable » ?  

S’il avait une once d’honneur et de rectitude, étant désavoué à 100% sur un problème de principe d’une importance aussi fondamentale que celui-là, M. Philippot claquerait la porte du FN…..

CONCLUSION : LES ANALYSES DE L’UPR UNE NOUVELLE FOIS CONFIRMÉES : LE FN EST BIEN UN PARTI-LEURRE

La décision spectaculaire prise par Mme Le Pen d’avaliser le principe de la « citoyenneté européenne » confirme ce que j’ai toujours dit.

À savoir que le Front National est une planche pourrie :

  • a) qui est capable de dire tout et son contraire sur les sujets les plus fondamentaux,
  • b) qui n’a aucune analyse cohérente sur l’origine des problèmes de la France,
  • c) qui n’est pas du tout hostile au principe de la prétendue « construction européenne », et qui ne décrypte jamais la domination américaine qui se cache derrière,
  • d) qui ne propose, lui aussi, qu’une « autre Europe »,
  • e) et qui, finalement, agit dans la droite ligne du “Choc des civilisations” poussé par les élites euro-atlantistes.

C’est pour cela que le FN est à ce point promu dans tous les grands médias.

Le fait que le FN commette des “dérapages” d’extrême-droite n’est pas du tout gênant pour l’oligarchie, bien au contraire puisque – nous venons de le voir avec les événements en Ukraine -, les élites euro-atlantistes comptent désormais de plus en plus sur les mouvements d’extrême-droite comme forces d’appoint pour tenter de maintenir leur domination dans le cadre de coalitions où ils seront minoritaires.

Du reste, le FN avait passé en 2009 un accord avec le mouvement néo-nazi Svoboda, désormais dans la coalition au pouvoir à Kiev par la volonté des Américains. Mme Le Pen a fait mine de dénoncer récemment cet accord, mais elle l’a fait au moment même où elle passait des accords avec des mouvements du même acabit, comme la Ligue du Nord en Italie, le Vlaams Belang en Belgique ou le FPÖ en Autriche. Il est important de noter que tous ces partis sont, eux aussi, non pas hostiles au principe de la « construction européenne » mais favorables à Washington et à une Europe conçue comme “Choc des civilisations”.

La décision spectaculaire prise par Mme Le Pen d’avaliser le principe de la « citoyenneté européenne » constitue donc probablement un nouveau pas, mûrement réfléchi, dans le processus visant à faire apparaître des alliances entre ce “nouveau FN” et la frange droitière de l’UMP. Cela pourrait intervenir par exemple dès les deuxième et “troisième” tours (élection des maires) des prochaines élections municipales.

Ainsi, les électeurs du Front National, qui croient naïvement que le FN veut sortir la France de l’Union européenne, de l’euro et de l’OTAN, n’auront alors plus que leurs yeux pour pleurer lorsqu’ils découvriront à quel point ils se sont fait avoir.

François ASSELINEAU