Le canular de “l’accord surprise” du sommet européen
PURE INVENTION MÉDIATIQUE, L’ACCORD EST À PEU PRÈS VIDE :
LES EUROPÉISTES AUX ABOIS EN SONT RÉDUITS À ANNONCER DES MESURES DÉJÀ PRISES OU DES …MESURES QUI POURRAIENT ÊTRE PRISES UN JOUR…
Je vais mettre en ligne, au cours de ce week-end, mon analyse sur les différentes “décisions” qui ont été prises lors du dernier Sommet européen. En particulier, je montrerais en quoi la présentation faite par les grands médias français en est totalement fallacieuse.
Cependant, je ne résiste pas au plaisir d’attirer séparément l’attention des lecteurs sur l’énormité du canular qu’a représenté ce Sommet, en prenant un exemple concret.
LE CANULAR DU FUTUR MÉCANISME DE SURVEILLANCE DES BANQUES
L’une des mesures annoncées, présentées par la presse comme novatrice et essentielle, a été la création d’un mécanisme de surveillance unique des banques de la zone euro, auquel sera associé la Banque centrale européenne. Précisions étant faite que ce dispositif doit être examiné « d’ici la fin 2012 ».
Il s’agit d’une plaisanterie :
– d’une part c’est une “décision” qui ne comporte strictement rien de concret puisque les responsables européens annoncent qu’ils vont se donner encore 6 mois pour définir comment il fonctionnera. Alors que la crise de l’euro dure depuis 2 ans, le fait que les 27 affirment ne pas avoir encore les idées claires sur un mécanisme de surveillance unique des banques au niveau européen est proprement stupéfiant et aurait dû mettre la puce à l’oreille des journalistes et commentateurs.
– d’autre part, et ceci expliquant sans doute cela, si les 27 n’ont pas précisé le dispositif, c’est parce que ce mécanisme de surveillance existe déjà !
En effet, il a déjà été édicté par le règlement (UE) n° 1092/2010 du Parlement européen et du Conseil du 24 novembre 2010
« relatif à la surveillance macroprudentielle du système financier dans l’Union européenne et instituant un Comité européen du risque systémique. »
Ce règlement institue le Comité européen du risque systémique (CERS) et fait partie de l’ensemble de mesures mises en place pour réformer le système européen de surveillance financière (SESF). Il a créé trois autorités de surveillance des activités financières, qui ont commencé leurs travaux le 1er janvier 2011, voici donc un an et demi :
=> a)- l’Autorité bancaire européenne (ABE en français ou European Banking en anglais) ;
=> b)- l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles ;
=> c)- l’Autorité européenne des valeurs mobilières.
Ce «paquet» réforme également la législation existante en matière financière avec la directive dite « Omnibus » et inclut également le règlement instaurant de nouvelles missions à la BCE.
La surveillance du système financier de l’Union européenne (UE) s’est vu en outre renforcée par:
– le comité mixte des autorités européennes de surveillance;
– les autorités compétentes ou de surveillance des États membres.
MICHEL BARNIER : LE COMBLE DU RIDICULE
Le dispositif que je viens de rappeler avait d’ailleurs fait l’objet, le 1er janvier 2011, d’un tintamarre médiatique, les européistes exposant à qui voulait les entendre que l’UE se dotait enfin d’une supervision des banques et des marchés financiers à la pointe de ce qui se faisait.
Pour bien mesurer le ridicule de la situation, j’invite tous les lecteurs à aller regarder la vidéo en ligne de Michel Barnier sur la page d’accueil de l’Autorité bancaire européenne (ABE en français ou European Banking en anglais).
Sur cette vidéo, Michel Barnier, qui est le seul Commissaire européen de nationalité française et qui est chargé de la régulation financière, présente, le 1er janvier 2011, en quoi l’Europe se dote d’organismes de supervision performants.
Voici le verbatim de ce morceau d’anthologie :
DÉCLARATION DE MICHEL BARNIER DU 1er JANVIER 2011
« Chers concitoyens européens [sic],
Mesdames et Messieurs,
Le 1er janvier 2011 marque un tournant pour le secteur financier européen. C’est en effet à cette date qu’entrent en fonctions les trois nouvelles autorités européennes de supervision, pour les banques, pour les marchés financiers, et pour les assurances et retraites professionnelles, ainsi que le Conseil Européen du Risque Systémique.
Et ainsi, nous disposons donc, à présent, des écrans radar et de la Tour de contrôle qui nous faisaient défaut avant la crise.
Cette crise, elle a bien montré les limites d’une surveillance financière principalement nationale, trop cloisonnée, souvent marquée par un défaut de coordination face à des institutions financières qui sont, elles, largement transnationales.
Notre réponse n’est pas de transférer le contrôle des entreprises financières au niveau de l’Union européenne, mais de créer un réseau d’autorités où les instances nationales exercent une surveillance des institutions au quotidien, et où les autorités européennes, elles, sont chargées de la coordination, du suivi et éventuellement de l’arbitrage entre les autorités nationales, tout en contribuant à harmoniser les règles techniques qu’elles doivent appliquer
En même temps, le Conseil européen du risque systémique, lui, assurera la surveillance du système financier dans son ensemble, afin d’identifier ce qui pourrait contribuer au développement d’une nouvelle crise, à tous les risques qui peuvent se produire.
Ce conseil travaillera en coordination étroite, lui aussi, avec les nouvelles autorités européennes.
Voilà, cette architecture européenne de supervision financière est au cœur des réformes qui sont en cours. Les autorités auront notamment dans leur champ de compétences les agences de notation, les hedge funds, les produits dérivés, ou encore les tests de résistance bancaire.
Mesdames et Messieurs, avec cette réforme, l’Europe tient les engagements qu’elle a pris avec les autres régions du monde dans le cadre du G20. Elle montre qu’à des défis sans précédent, après une crise d’une grande violence, elle veut et elle sait apporter des réponses ambitieuses, concrètes et novatrices.
Avec les autres réformes qui sont déjà réalisées, avec celles que nous réaliserons et qui sont actuellement en discussion, nous bâtissons ainsi pierre par pierre un cadre qui devrait assurer, je le pense, un système financier plus sûr, plus stable et plus sain.
Je souhaite très sincèrement aux nouvelles autorités européennes, à toutes leurs équipes pour la supervision, un avenir plein de succès, de réussites. Et naturellement, au nom de la Commission européenne, je suis prêt à prendre ma part dans ce travail.»
Michel Barnier
[source de la vidéo : http://www.eba.europa.eu/Aboutus.aspx]
Cette vidéo prend tout son sel lorsque l’on sait que les 18 mois écoulés depuis lors ont été marqués par une aggravation désastreuse de la crise financière dans toute la zone euro.
Et cette vidéo révèle le caractère ubuesque de la situation lorsque l’on apprend que l’une des principales “percées” du sommet européen du 29 juin 2012 aurait été l’annonce d’un futur mécanisme de supervision !
Décidément, les européistes ne savent plus quoi faire et en sont réduits à des pitreries lamentables pour tenter de faire du neuf avec du vieux. Même la Pravda de la grande époque était, je le pense, plus subtile.
Complètement déconnectés de la réalité politique, économique et sociale explosive, ces irresponsables sombrent dans une dérive intellectuelle et morale inquiétante puisqu’ils croient donner le change en prenant ouvertement les peuples pour des imbéciles.
François ASSELINEAU
Je conseille de faire circuler cette vidéo au maximum car elle révèle mieux que de longues analyses à quel point les dirigeants européistes se payent notre tête.
Je conseille aussi d’en faire une copie. On ne sait jamais…