Encore un incroyable “2 poids – 2 mesures” médiatique == LE VENEZUELA DE MADURO CONTRE LE RWANDA DE KAGAMÉ.
Alors que les médias s’acharnent – sans nuances – à faire passer pour un dictateur le président vénézuélien qui vient de convoquer une Assemblée nationale constituante, ils gardent un silence quasi-complet sur le président du Rwanda, Paul Kagamé, qui vient de se faire réélire avec le score stalinien de 98 % des voix et 97 % de participation…
Deux événements politiques – qui se sont produits à quelques jours d’intervalle- viennent de donner une énième illustration du « deux poids deux mesures » auquel se livrent les médias de grande diffusion à l’égard de l’actualité.
1°) L’élection d’une Assemblée nationale constituante au Venezuela le 30 juillet 2017.
C’est la solution qu’a trouvée le président en exercice Nicolás Maduro, pour tenter de résoudre la crise politique de plus en plus violente que traverse actuellement le Venezuela.
La tâche apparaît certes difficile dans un pays profondément divisé, situation difficile dont avait témoigné l’élection de Nicolás Maduro sur le fil, avec 50,6 % des suffrages à l’élection présidentielle d’avril 2013, et dont a encore témoigné le faible taux de participation à l’élection de l’Assemblée nationale constituante de juillet 2017, de 41,5 % d’après les autorités.
Notons toutefois que le taux de participation aux élections législatives françaises de juin 2017 hors nuls et blancs a été à peine meilleur au 1er tour (48 %) et même inférieur au 2nd tour (38 %).
Il n’en reste pas moins que l’actuel président vénézuélien ne bénéficie pas d’une approbation aussi massive dans la population que son défunt prédécesseur, Hugo Chávez. Ce dernier avait été élu en 2000 pour la première fois avec 59,8 % des voix, puis réélu en 2006 avec 62,8 % des voix, puis élu une troisième fois, après 12 années de présidence, en 2012 avec 55,1 % des voix.
Soit dit en passant, tous les scores avec lesquels ont été élus Chávez puis Maduro sont compris entre 50,6 % et 62,8 %. Ce sont des scores que l’on trouve dans des démocraties, pas dans des dictatures comme celle du Rwanda (cf. ci-dessous).
Dans un article intitulé « le Venezuela avant et après Hugo Chávez » de mars 2013, François Asselineau avait montré les raisons de l’étonnante popularité et de la longévité de l’ancien président vénézuélien : Hugo Chávez avait à la fois tiré des millions de ses compatriotes de la pauvreté, défendu de façon intransigeante et courageuse l’indépendance de son pays face à la volonté prédatrice des États-Unis d’Amérique, et agi avec un grand désintéressement personnel, ayant par exemple introduit le référendum révocatoire à mi-mandat.
C’est d’ailleurs de cette disposition que l’opposition à Nicolás Maduro a essayé de se servir il y a quelques mois pour le faire partir.
La situation qui prévaut actuellement au Venezuela est indéniablement mauvaise. Et il est normal que les médias en parlent. Mais ils devraient aussi parler du rôle des États-Unis d’Amérique.
Car c’est bien Washington qui jette constamment de l’huile sur le feu depuis l’accession de Chávez au pouvoir, qui aide médiatiquement et financièrement l’opposition au pouvoir, qui vise de façon évidente à se débarrasser du chavisme, et qui veut faire chuter le régime de Maduro pour en faire un contre-exemple devant les peuples voisins du Venezuela, tentés de s’opposer à leur hégémonie sur l’Amérique du Sud telle que théorisée depuis la « doctrine Monroe » de 1823.
Surtout, le Venezuela présente une caractéristique décisive : il est le pays disposant des plus grandes réserves de pétrole prouvées au monde.
Non seulement le soutien des États-Unis d’Amérique à l’opposition à Nicolás Maduro est un secret de Polichinelle, ce qui constitue une ingérence dans les affaires intérieures d’un autre État, illégale au regard du droit international, mais encore Donald Trump a décidé d’imposer des sanctions unilatérales contre Nicolás Maduro.
Emboitant le pas aux positions et au « story telling » (présentation romancée des faits) énoncés par Washington et les médias américains, les médias français ont immédiatement relayé les accusations visant à faire du président vénézuélien un dictateur (voir par exemple ici) et à attribuer, sans preuves, au gouvernement vénézuélien l’origine des violences qui ont fait plusieurs dizaines de morts ces derniers mois.
Les procédés de Washington et la présentation des événements par les médias de masse occidentaux ne sont pas sans rappeler la déstabilisation de l’Ukraine survenue à partir de fin 2013.
2°) Les résultats de l’élection présidentielle au Rwanda, proclamés le 5 août 2017.
L’actuel président rwandais, Paul Kagamé, aurait obtenu le score stalinien de 98 % des suffrages exprimés, avec une participation non moins improbable de 97 %.
Ces scores dignes de la Corée du Nord n’ont appelé pratiquement aucune critique de la part des médias français.
C’est à peine s’ils ont été relayés auprès du public français. C’est étonnant dans la mesure où le Rwanda est un pays en partie francophone et dans la mesure où la responsabilité de Paul Kagamé dans le génocide de 1994, sujet encore aussi brûlant qu’obscur, est de plus en plus pointée du doigt (voir notamment le rappel de François Asselineau dans cet article).
Le résultat de Paul Kagamé n’a suscité qu’une réaction de pure forme et a minima des États-Unis d’Amérique, formulée d’ailleurs par un fonctionnaire du Département d’État et non par un membre du gouvernement. Encore moins par le président Trump.
Il est vrai que, sous l’impulsion de Paul Kagamé, le Rwanda, qui appartenait traditionnellement à la sphère culturelle francophone étant une ancienne colonie belge, s’est totalement tourné vers le monde anglo-saxon, et tout spécialement vers les États-Unis d’Amérique, bannissant par exemple le français comme langue d’enseignement principal en 2010 au profit de l’anglais.
Mérite non moindre, Paul Kagamé n’est pas seulement un habitué de la Maison Blanche. Il l’est aussi du “World Economic Forum”, ce “Forum de Davos” où l’oligarchie euro-atlantiste et les néo-conservateurs règnent en maîtres, afin d’imposer au monde entier leur vision de la “mondialisation inévitable” :
Conclusion : les médias encore et toujours aux ordres de l’oligarchie
Nous avons une nouvelle fois sous les yeux la confirmation que les médias de grande diffusion français sont devenus des outils de manipulation massive de l’opinion publique.
Tournant le dos à la charte de Munich de 1971, ils sont devenus, dans leur grande majorité et à quelques rares exceptions près, des instruments au service de l’oligarchie euro-atlantiste et des cercles néo-conservateurs qui ont envahi tout l’espace public en Occident.
Sans gêne, ils s’acharnent contre le gouvernement du Venezuela, dont la tare rédhibitoire est au fond de s’opposer à l’hégémonie américaine.
Au même moment, ils traitent avec euphémisme, bienveillance et discrétion la énième reconduction d’un authentique dictateur, qui dirige le Rwanda d’une main de fer, mais avec la bénédiction de Washington et des oligarques de Davos.
Cerise sur le gâteau, qui n’est pas faite pour déplaire à nos grands médias : Kagamé a chassé la langue française de l’enseignement dans son pays au profit de l’anglo-américain, en accompagnant ce geste de propos extrêmement hostiles à la France.
Les médias de grande diffusion continuent donc le travail de propagande qui a permis de faire élire Macron à la présidence de la République au terme d’une manipulation des esprits sans précédent. Alors que les tensions internationales sont exacerbées partout sur le globe à cause, principalement, des États-Unis d’Amérique, il faudra être particulièrement vigilant sur l’information présentée aux Français dans les mois à venir, qui risque de tourner à une véritable propagande de guerre.
François XAVIER
6 août 2017
François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine. La France doit se libérer de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan.