Qu’est-ce que l’UPR pense des partis politiques français qui critiquent l’Union européenne ?
Poser cette question revient, pour nous, à aborder la question centrale de ce que nous appelons les « oppositions à l’Europe autorisées ».
Si la France est tombée là où elle est, et si elle continue à s’enfoncer dans le désastre, ce n’est pas pour rien. C’est parce que le Système – qui repose sur les deux piliers UMP et PS, avec les Verts et le MoDem en roues de secours – a verrouillé la scène politique française de façon très calculée et très maligne, en portant un soin tout particulier à la neutralisation de toute opposition sérieuse.
Pour cela, le Système a créé 2 types d’« oppositions autorisées à l’Europe », qui sont les deux seules ayant pour l’instant accès aux grands médias de notre pays, parce que les deux seules profondément inoffensives :
1) « L’opposition à l’Europe » des « souverainistes » de droite et de gauche
Nous regroupons sous cet intitulé le MPF (en supposant que ce parti existe toujours), le RPF (même remarque : existe-t-il encore ?), Debout La République (DLR) et quelques groupuscules prétendument « gaullistes » à droite ; le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), le Parti de Gauche (PG) et quelques groupuscules prétendument « républicains » à gauche.
Tous ces partis sont généreusement invités à donner de la voix dans les grands médias. Ils ne se font pas prier mais ils le font toujours avec une voix de fausset et pour chanter le lamento « Retenez-moi ou je fais un malheur ». Ils sont là pour critiquer férocement ce qu’ils appellent « l’Europe actuelle » ou « cette Europe » (façon de bien préciser qu’ils en rêvent d’une autre). Ils sont là pour invoquer les mânes de Jules Ferry, préciser la pensée de Jaurès, gloser sur une citation de Charles de Gaulle, publier des essais sur la souveraineté, lancer des projets d’ « autre Europe », organiser des colloques sur l’indépendance nationale… mais en aucun cas pour proposer de sortir de l’Union européenne. Au contraire, ils confirment tous leur attachement au principe de la construction européenne.
Très concrètement, ils refusent non seulement mordicus la proposition centrale de l’UPR de sortir de l’Union européenne, mais ils ignorent délibérément tout le raisonnement politique, économique et géopolitique approfondi qui conduit l’UPR à cette conclusion, qui est la seule mobilisatrice et opérationnelle. Cette esquive de l’essentiel est au fond le seul point commun de tous les mouvements souverainistes : ils n’analysent jamais le rôle décisif des États-Unis dans la prétendue « construction européenne », ni pourquoi cette construction européenne ne peut pas être autrement qu’elle n’est. Point.
C’est bien pour cette raison essentielle que s’est créée l’UPR, en rupture avec tous ces mouvements inconséquents. Et c’est aussi pour cette raison que tel ou tel responsable de ces partis, faute de savoir quoi nous rétorquer sur le fond, ne trouve rien de mieux que de dénoncer l’UPR comme étant une « secte » et ses analyses comme étant des « slogans ».
Critiquant férocement à la fois l’Union européenne et l’UPR qui propose d’en sortir, tous ces partis « souverainistes » se retrouvent cependant dans une posture de contorsionniste, chaque mois un peu plus inconfortable : car au fond plus personne ne comprend rien, ni à ce qu’ils veulent précisément, ni à comment ils vont faire pour que les 26 autres États de l’UE tombent d’accord sur leurs propositions brouillonnes, inconstantes et incompréhensibles, sur lesquelles ils ne sont d’ailleurs même pas d’accord entre eux.
Depuis 19 ans que le traité de Maastricht a été ratifié, les mouvements souverainistes amusent ainsi la galerie, brandissent leurs petits poings vengeurs dans des colloques confidentiels, lancent des projets d’ « autre Europe » (chacun son projet différent avant chaque élection, et différent à chaque élection)… mais ils n’oublient jamais d’appeler, au moment fatidique de l’élection présidentielle, à voter, parfois hypocritement « à titre personnel », pour le ou la candidat(e) de l’UMP ou du PS.
Moyennant quoi, en échange de ces « bons et loyaux » services, l’UMP laisse 2 sièges de députés au MPF et 1 siège à DLR, et le PS laisse 1 siège de député + 1 siège de sénateur au MRC, et 3 députés + 2 sénateurs au PG.
2) « L’opposition à l’Europe » des extrémistes de droite et de gauche
Nous regroupons sous cet intitulé le Front National (FN) à l’extrême droite, Lutte Ouvrière (LO), le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et le Parti Ouvrier Indépendant (POI) à l’extrême gauche (ci-après dénommé “LO-NPA-POI”).
Le Système a bien réfléchi à la répartition des rôles : il met en avant les « souverainistes » pour faire rire ou pleurer ; et il monte en épingle les extrémistes pour faire peur.
Tout comme les souverainistes, les extrémistes sont là pour critiquer « l’Europe de Bruxelles » (langue de bois FN) ou « l’Europe des patrons » (langue de bois LO-NPA-POI) et pour proposer, eux aussi, une « autre Europe » : c’est « l’Europe des patries » dans le parler FN et « l’Europe des travailleurs » dans la sémantique LO-NPA-POI.
Les grands médias mettent ces mouvements spécialement en avant lorsque le Système a besoin de discréditer par avance – par le phénomène, désormais bien connu, de la « diabolisation » – toute idée qui pourrait se révéler dangereuse pour sa pérennité.
Ainsi, en 2007, M. Schivardi, candidat à l’élection présidentielle présenté par le Parti des Travailleurs (devenu POI depuis), a proposé de sortir la France de l’UE. Mais c’était pour annoncer aussitôt qu’il était trotskyste et qu’il voulait la faire rentrer au plus vite dans une « autre Europe », celle « des travailleurs ». Le Système ne demande pas mieux que ce genre « d’opposants » qui s’ingénient ainsi à faire fuir immédiatement 98 % de nos compatriotes.
De même, en 2010, les médias ont fait mousser quelques déclarations de Mme Le Pen contre l’euro. L’objectif du Système, là comme avec M. Schivardi, est limpide : il s’agit de faire croire à l’opinion que vouloir faire sortir la France de l’euro équivaudrait à être lepéniste et à raisonner comme Mme Le Pen, qui s’était fort obligeamment prêtée devant les micros à une comparaison entre les immigrés et une armée d’occupation. En dressant aussitôt contre lui plus de 80% des Français, le FN reste donc bien l’auxiliaire essentiel du Système pour empêcher qu’une majorité de Français comprennent ce qu’est en profondeur la « construction européenne » et se rebellent contre l’ordre européiste établi.
Qu’ils soient « souverainistes » ou « extrémistes », tous ces partis qui constituent les « oppositions à l’Europe autorisées » offrent 5 points communs fascinants :
- a)- ils se présentent tous – et sont tous présentés – comme si l’on ne pouvait pas trouver d’opposition plus résolue qu’eux à la construction européenne. Sur la foi de propos tenus entre deux portes par tel ou tel de leur responsable, certains de leurs propres adhérents finissent même par prendre leurs désirs pour des réalités en se convainquant que l’objectif implicite de ces partis est de sortir de l’UE.
- b)- pourtant, aucun de ces partis ne propose, sur quelque document électoral que ce soit, de sortir de l’UE. Une telle proposition serait d’ailleurs incongrue puisque, n’étant assortie d’aucun argumentaire justificatif, elle se discréditerait en apparaissant comme une foucade.
- c)- tous ces partis se déclarent pour le principe d’une construction politique continentale et ne contestent donc que les modalités de « l’actuelle » construction européenne.
- d)- ils se refusent tous à se poser la question: « Pourquoi l’Europe est-elle comme elle est alors que cela fait des décennies qu’on promet aux Français de la changer ? » C’est une question toute bête à laquelle aucune de ces « oppositions autorisées » n’apporte la moindre réponse.
- e)- tous ces partis se refusent donc à analyser la stratégie américaine sous-jacente : les USA ont conçu et constamment promu la construction européenne parce qu’ils ont compris que l’irréductible divergence des intérêts nationaux rendrait cette construction politique ingérable et qu’elle leur confèrerait immanquablement le rôle de « fédérateur extérieur » que Charles de Gaulle avait dénoncé de façon si clairvoyante dans sa conférence de presse du 15 mai 1962.
Dans ce contexte si bien huilé des « oppositions à l’Europe autorisées », l’UPR pose évidemment un gros problème au Système et dérange beaucoup de situations acquises car nous n’entrons dans aucune des 2 cases.
3) L’UPR n’est pas un mouvement « souverainiste » car :
- nous ne roulons ni pour l’UMP ni pour le PS et, plus généralement, nous dénonçons l’actuel clivage droite-gauche comme un trompe-l’oeil,
- nous montrons en quoi tous les projets d’ « autre Europe » sont des mensonges destinés à égarer les Français dans des voies sans issue,
- nous savons ce que nous voulons, nous expliquons pourquoi nous le voulons, et nous le disons imperturbablement : sortir unilatéralement et au plus vite de l’UE et de l’euro, en vertu de l’article 50 du TUE, ce à quoi se refusent absolument le MPF, DLR, le MRC et le PG.
4) L’UPR n’est pas un mouvement extrémiste car :
- comme nous voulons sortir unilatéralement et au plus vite de l’UE et de l’euro, en vertu de l’article 50 du TUE, nous sommes en désaccord total avec le FN, le NPA et LO qui, eux, s’y refusent tout autant que le MPF, DLR, le MRC et le PG.
- nous ne nous attaquons jamais à des bouc-émissaires,
- nous ne sommes ni racistes ni xénophobes,
- nous ne sommes ni anticapitalistes ni anticommunistes.
- nous nous battons avec détermination et sérénité pour le triomphe des grands idéaux républicains de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.
La seule allégeance qui est la nôtre va aux dizaines de générations qui ont fait la France et à tous ceux qui la font aujourd’hui, dans leur tâche quotidienne, et qui attendent de leurs dirigeants qu’ils les protègent et qu’ils assurent leur bien-être et leur liberté. Nous voulons rassembler tous les Français, quels qu’ils soient, qui entendent rester fidèles à quinze siècles d’indépendance nationale et à deux siècles de tradition républicaine.
Nous voulons sortir au plus vite de la prétendue « Union européenne » car nous savons, et nous expliquons, que cette construction politique n’est que l’avatar contemporain de tous ces Empires qui ont constamment voulu détruire la France, le « pays des Hommes Libres ».
Cette analyse – qui met en relief le rôle de concepteur et de chef d’orchestre joué par les stratèges américains dans la prétendue « construction européenne » – est d’ailleurs l’une des spécificités absolues de notre mouvement. C’est parce que, à la différence de tous les partis précités, l’UPR dévoile le pot-aux-roses américain que nous ne faisons pas partie des « oppositions autorisées » à s’exprimer dans les grands médias.
Loin de nous abattre, cet ostracisme nous galvanise car toute l’histoire du monde – et toute l’histoire de France – nous enseignent qu’il est impossible de museler durablement la vérité et la soif de liberté des peuples et des nations. La dégradation de la situation politique, économique, sociale et monétaire de la France et du monde occidental, qui va se poursuivre en 2011, nous vaut chaque mois des centaines de sympathisants supplémentaires. Un effet de boule de neige s’est mis en place. Et des indices concordants donnent à penser que l’omerta médiatique qui nous est opposée est inéluctablement vouée à voler en éclats, tout simplement sous le poids des événements et de leur formidable éloquence.