« Européens convaincus » contre « Eurosceptiques » : Le retour de la Sainte Inquisition
Alors que les prévisions sur la pérennité de l’euro et la solidité financière de la Banque Centrale Européenne ne cessent de se détériorer, on assiste à une recrudescence, dans les médias, d’émissions ou d’articles alarmistes pour dénoncer le caractère prétendument irresponsable des « eurosceptiques ». Au même moment, des personnalités du monde politique ou économique réaffirment qu’elles sont plus que jamais des « Européens convaincus ».
Ces termes sont tellement rebattus et ressassés depuis tellement d’années que l’on n’y fait plus attention. Et pourtant l’on a tort. Car ils sont porteurs d’un sens profond, qui mérite que l’on s’y attarde un instant.
Ceux qui veulent sortir de l’UE et de l’euro unilatéralement et au plus vite ne sont pas des « sceptiques » mais des « opposants »
Lorsqu’il est appliqué à des citoyens qui, comme nous à l’UPR, militons pour une sortie unilatérale, au plus vite, et sans condition, de l’UE en vertu de l’article 50 du traité sur l’Union européenne, le terme « eurosceptique » est évidemment inapproprié. Il suggère un sentiment d’ambiguïté et d’irrésolution qui sont à l’exact opposé de la clarté d’esprit et de la détermination de tous ceux qui nous rejoignent.
Car cela fait plusieurs années, du moins à l’UPR, que nous savons parfaitement à quoi nous en tenir sur les tenants et aboutissants de la prétendue « construction européenne ». Depuis bientôt 4 ans, nous analysons et expliquons à tous les publics que cette « construction européenne » est une gigantesque opération géopolitique américaine de domestication et de colonisation de l’Europe, conçue comme telle dès la fin de la Seconde Guerre mondiale et constamment promue depuis lors par tous les relais d’influence de Washington.
Pour le démontrer, nous avons toujours procédé de façon pédagogique, détaillée et quasiment scientifique, en nous appuyant sur des sources tellement irréfutables que personne n’a jamais pu apporter la moindre contradiction à nos analyses. La seule réponse que nous ont opposée les détenteurs de pouvoir, c’est d’essayer de nous faire taire.
Nous ne sommes donc pas le moins du monde « sceptiques » devant la colonisation et la domestication de la France par l’empire américain. Comment d’ailleurs pourrait-on en rester au stade contemplatif que suggère ce terme de « scepticisme » alors qu’il s’agit de la destruction programmée de l’indépendance de la France, de notre démocratie, de notre liberté et de notre niveau de vie ?
Nous ne sommes donc certes pas « sceptiques » ; nous sommes résolument contre. Et nous avons décidé d’agir en conséquence, en œuvrant pour notre libération et notre indépendance nationale.
Le terme « eurosceptique » a néanmoins le mérite de révéler que l’Europe est un Dogme
Ce terme « eurosceptique » présente cependant un avantage éminent : celui de révéler discrètement le soubassement dogmatique et irrationnel de la « construction européenne ».
Le mot « sceptique » a été forgé au XVIe siècle, par emprunt savant au grec « skeptikos », qui signifie « celui qui observe, qui examine ». Il a servi à désigner a posteriori la pensée du philosophe grec de l’antiquité Pyrrhon, que l’on peut schématiser comme étant une philosophie du doute systématique. Le champ d’application de ce mot s’est progressivement étendu, notamment sous l’influence du cartésianisme. A partir du milieu du XVIIIe siècle et des Encyclopédistes comme Diderot, le mot « scepticisme » a été utilisé de façon extensive pour désigner le refus d’admettre une chose sans examen critique. C’est pourquoi le « scepticisme » a été souvent invoqué pour opposer la raison des Lumières et l’esprit scientifique d’un côté, à la pensée magique et irrationnelle et aux dogmes de toute nature de l’autre côté.
Pour l’objet qui nous intéresse, je crois utile de faire remarquer ici que personne ne parle de « francosceptiques », de « germanosceptiques », de « lusosceptiques », », d’« hellénosceptiques », de « polonosceptiques », etc. Ces mots n’existent pas. Tout simplement parce que l’appartenance d’un Français au peuple français, celle d’un Allemand au peuple allemand, d’un Portugais au peuple portugais, d’un Grec au peuple grec, d’un Polonais au peuple polonais, etc. sont perçues par tout le monde comme étant autant d’évidences. Ce sont des faits avérés, qu’il ne vient à l’esprit de personne de mettre en doute.
En revanche, l’apparition et la diffusion spontanées du mot « euroscepticisme » prouve que l’appartenance au « peuple européen » ne va pas de soi. L’existence même du « peuple européen » est tout sauf une évidence.
Ce n’est d’ailleurs une évidence nulle part en Europe. Et c’est pourquoi le terme s’est répandu comme une traînée de poudre à travers tout le continent. On parle ainsi de « euroscepticism » en Angleterre, de « europaskepsis » en Allemagne, de « euroscepsis » aux Pays Bas, de « euroescepticismo » en Espagne, de « eurocepticismo » au Portugal, de « euroscetticismo » en Italie, de « euroskepticismus » en République tchèque, de « eurosceptycyzm » en Pologne, de « euroskepticism » en Suède, de « euroskeptisismi » en Finlande, de « e??????????????? » en Grèce, etc.
Cette unanimité du concept chez les 27 peuples a quelque chose de fascinant. Alors que ces 27 peuples ne sont jamais spontanément tous ensemble d’accord sur quoi que ce soit, l’unanimité s’est faite en revanche, spontanément pour une fois, à travers tout le continent et sans que quiconque n’intervienne, pour considérer que l’appartenance à un « peuple européen » relève bien du registre du Dogme puisqu’il suscite partout du « scepticisme ».
Le poncif « Européen convaincu » confirme également que l’Europe est un Dogme dont le soubassement est irrationnel
Du reste, tous ceux qui viennent nous donner des leçons de morale dans les médias en se présentant comme des « Européens convaincus » nous fournissent également la même preuve, de façon involontaire.
Car cette expression « Européen convaincu », poncif consacré par l’usage, qu’ils s’approprient machinalement, trahit bien le fait que l’appartenance à un « peuple européen » ne relève pas du registre du constat objectif mais de celui la « conviction », c’est-à-dire du Dogme.
Telle est d’ailleurs la raison pour laquelle on ne parle jamais de « Bulgare convaincu », de « Grec convaincu », de « Suédois convaincu », ou de « Portugais convaincu ». Qui n’éclaterait pas de rire en entendant semblable expression ?
Pas un seul de nos compatriotes ne prétend jamais être un « Français convaincu » parce que tout le monde sait que le fait d’être ou non Français est un fait objectif. En revanche, ceux qui se proclament des « Européens convaincus » le font parce qu’ils savent, inconsciemment, que le fait d’être « Européen » n’est pas un fait objectif mais une chimère et un vœu pieux.
Conclusion : entre le « convaincu » cardinal Bellarmin et le « sceptique » Galilée, l’histoire a tranché
En conclusion, nous ne devons jamais hésiter à expliquer le sens profond de ces termes à nos contradicteurs, pour les confondre et les mettre devant leurs responsabilités. Comme dans les arts martiaux, il faut utiliser les attaques sémantiques qui nous sont lancées par la propagande européiste en les retournant contre ceux-là mêmes qui nous les lancent. Comment ? En leur expliquant que le vocabulaire qu’ils utilisent, sans même y réfléchir, les trahit car il appartient au registre du Dogme et de l’Irrationnel.
S’ils se disent « Européens CONVAINCUS » et s’ils nous taxent d’être des « Euro SCEPTIQUES », c’est parce qu’ils n’ont, en définitive, pas d’autre argument qu’une « CONVICTION » à opposer à notre « OBSERVATION DES FAITS » (« skeptikos » en grec) sur « l’Europe » (en grec : « euro-skeptikos »).
Il faut alors faire remarquer aux européistes que les périodes où l’on oppose la « Conviction » à l’« Observation », et le Dogme aux Faits, sont toujours des périodes d’obscurantisme. Qu’elles ont toujours fini par être démenties par les événements ultérieurs, puis condamnées par l’Histoire.
C’est ce que firent par exemple le cardinal Bellarmin et la Sainte Inquisition lorsqu’ils imposèrent silence à Galilée lors de son premier procès en 1616, après que le carme Foscarini et l’Augustin Zunica eurent publié deux écrits cherchant à prouver le système cosmogonique de la Bible revue par Saint Thomas d’Aquin. Le pape Paul V et le cardinal Bellarmin obligèrent Galilée à ne plus enseigner les découvertes du Polonais Copernic qui prouvaient, OBSERVATION DES FAITS à l’appui, que la Terre tournait autour du soleil. Et donc que le Dogme de l’église, qui prétendait le contraire, était faux.
Même s’ils ne s’en rendent pas compte, les « Européens convaincus » de notre époque se placent en réalité dans cette tradition de l’Inquisition, qui préfère le Dogme aux Faits, et qui impose le silence à ceux qui ne sont pas d’accord. La Sainte Inquisition de notre époque s’appelle la Télévision, avec Martin Bouygues et José Manuel Barroso dans les rôles respectifs du Cardinal Bellarmin et du pape Paul V.
En diffusant des analyses et des propositions qui font toujours prévaloir les Faits sur le Dogme européiste, l’UPR s’inscrit quant à elle dans la lignée de Copernic, Galilée et Képler. Les « Européens convaincus » veulent nous faire taire parce qu’ils ne savent pas comment contredire les analyses irréfutables que nous présentons, tout comme l’Inquisition voulut faire taire Copernic et Galilée parce qu’elle n’avait pas d’argument à leur opposer. Mais nous préférons pour tout dire cette filiation à celle du pape Paul V et de son cardinal Bellarmin. Car nous savons à qui l’histoire, tôt ou tard, finit par donner raison.
François Asselineau