L’UPR réitère sa demande d’enquête approfondie sur les récents attentats, et appelle les Français à s’opposer à tout projet de « patriot act »
Communiqué
L’UPR réitère sa demande d’enquête approfondie sur les auteurs, les commanditaires et les logisticiens des attentats commis à Paris contre Charlie Hebdo, à Montrouge contre une policière municipale et à Vincennes contre une épicerie casher.
L’UPR, qui avait demandé dans son communiqué du 7 janvier que tout soit fait pour arrêter les malfaiteurs vivants, déplore profondément que les auteurs présumés des attaques aient tous été tués au cours des opérations destinées à les appréhender, comme cela avait d’ailleurs déjà été le cas pour Mohammed Merah. Leur arrestation aurait, en effet, rendu possibles :
- d’une part leur interrogatoire, indispensable pour permettre aux services de police et à la justice de remonter les filières terroristes et d’établir librement la vérité et la genèse des faits. Désormais, le processus exact qui a conduit aux attaques de Paris, Montrouge et Vincennes sera beaucoup plus difficile à établir et à documenter,
- d’autre part un jugement public en cour d’assises, qui aurait permis de répondre aux interrogations légitimes de l’opinion et de couper court à la floraison d’interprétations, d’hypothèses, de fables ou de rumeurs en tout genre, qui se répandent sur Internet et dans les conversations de tout un chacun, entretenant un climat de malaise et de suspicion.
Alors qu’aucune enquête approfondie et indépendante n’a encore été conduite par l’autorité judiciaire, en particulier sur les nombreuses zones d’ombre de l’affaire (voir ici ou ici), les médias et responsables politiques euro-atlantistes ont, d’ores et déjà, fixé une version des faits et tiré une conséquence : le renforcement du dispositif de surveillance généralisé à l’encontre de la population française.
Valérie Pécresse, probable candidate tête de liste UMP aux prochaines élections régionales en Île-de-France, a ainsi déclaré « il faudra bien entendu un « Patriot Act » à la française. Il faut une réponse ferme et globale », tandis que le chef des députés UMP, Christian Jacob indiquait : « à circonstances exceptionnelles, il faut une loi exceptionnelle que nous devons voter sans trembler. Pour que les choses soient claires, si nous devions, pour un moment, restreindre les libertés publiques et la liberté individuelle de quelques-uns, il faudra le faire ».
Nullement en reste, Manuel Valls a donné huit jours au ministre de l’Intérieur pour bâtir une stratégie de contrôle d’Internet. Le Président de la République, pour sa part, a expliqué, au cours de sa rencontre de ce vendredi avec John Kerry, vouloir s’inspirer de la législation américaine mise en place après le 11 septembre 2001 et trouver « ensemble » avec les États-Unis les « réponses nécessaires ».
L’UPR rappelle à ce propos une vérité d’évidence : avant de prescrire des remèdes, il faut établir un diagnostic.
Or, il est avéré qu’Amedy Coulibaly, les frères Kouachi, tout comme, d’ailleurs, Mohamed Merah, étaient largement connus des services de renseignement. Avant de renforcer la surveillance qui pèse déjà sur 66 millions de citoyens et de s’attaquer aux libertés fondamentales, le gouvernement doit donc commencer par le commencement, c’est-à-dire :
- par s’expliquer sur les défaillances inadmissibles du dispositif de suivi des individus identifiés comme dangereux (qui doivent être quelques centaines ou quelques milliers en France tout au plus) ;
- et par présenter au public un plan précis pour y remédier.
L’UPR relève également que la croissance exponentielle du nombre de caméras de surveillance au cours des dix dernières années (que la CNIL évalue à « beaucoup plus de 1 million » sur l’ensemble du territoire) et la multiplication de mesures sécuritaires en tout genre depuis quinze ans n’a produit aucun résultat convaincant, comme en témoignent aussi bien les récents attentats que les évolutions plus générales des crimes et délits en France sur la même période.
L’UPR appelle solennellement les Français à s’opposer à tout projet de « patriot act » et rappelle que cette législation, profondément liberticide, loin d’améliorer la vie et la sécurité des Américains, a conduit les États-Unis à basculer dans une forme de tyrannie où l’état de droit ainsi que les libertés publiques et individuelles ont gravement régressé.
Le « patriot act » et les mesures qui ont suivi son sillage sont, en effet, responsables de graves abus, dignes des régimes dictatoriaux : toute puissance des services de renseignement, viol de la vie privée des citoyens, impunité des forces de l’ordre, absence de transparence des institutions, irresponsabilité des dirigeants politiques face à leurs actions, instauration d’un climat de violence latente et de suspicion, affaiblissement des moyens de la justice, opérations de manipulation de l’opinion publique et des médias, tortures, détentions et exécutions extrajudiciaires, guerres illégales et meurtrières. Il est temps de tirer les leçons des révélations en cascades faites, no tamment, par Edward Snowden, Glenn Greenwald, Julian Assange, Bradley Manning ou bien encore John Kiriakou.
L’UPR observe que les énièmes projets sécuritaires et liberticides annoncés ont pour effet de détourner l’attention des Français de la responsabilité des gouvernements euro-atlantistes dans la montée de l’extrémisme musulman. Ayant failli à sa mission de protéger les Français, le ministre de l’Intérieur, sinon le Premier ministre, aurait dû, d’ailleurs, présenter sa démission à la suite des attaques de Paris, Montrouge et Vincennes.
L’UPR s’inquiète également de l’affaiblissement de la vitalité et de l’indépendance des médias, matérialisé par ce 39ème rang mondial infamant auquel la France est tombée en 2014 dans le classement de la liberté de la presse établi par « Reporters sans frontières ».
Dans une démocratie qui fonctionne, les médias, au lieu d’assurer la propagande du gouvernement, de la « construction européenne » et de l’OTAN, devraient veiller de façon pointilleuse à la préservation des libertés individuelles et publiques, qui sont d’ailleurs le fondement même de la liberté de la presse.
L’UPR appelle spécialement les journalistes français à s’élever contre tout projet de « patriot act » et à rétablir l’honneur de la presse en questionnant le gouvernement français pour savoir, par exemple :
- Si l’enquête sur l’affaire Merah a progressé, en particulier si les liens avérés entre les services français et le tueur ont été précisés et peuvent être rendus publics ;
- Si les résultats des investigations menées par la Belgique, l’Australie, l’Ukraine et la Hollande sur le drame du vol MH17, classés « secret défense », peuvent enfin être révélés aux Français, puisque c’est à la suite de cet événement que des sanctions économiques ont été prises contre la Russie, qui a riposté avec des mesures très pénalisantes pour les entreprises françaises ;
- Quelle réponse il entend apporter aux attaques informatiques massives perpétrées par les États-Unis d’Amérique contre les intérêts français ;
- L’action qu’il a entreprise auprès de la Commission européenne pour faire punir les responsables de la gabegie de 7 milliards d’euros sur fonds européens survenue en 2013 ;
- Pourquoi il refuse de voter à l’ONU les résolutions condamnant la glorification du nazisme et pourquoi il soutient des gouvernements à tendance néonazie en Ukraine et en Estonie ;
- S’il peut exposer précisément et publiquement les informations dont il dispose concernant les financements du prétendu « État islamique » et la nature exacte des liens qu’il entretien avec le Qatar ;
- Quel est l’objectif recherché par la surveillance exercée contre la population, alors que le gouvernement n’a même pas été capable de surveiller efficacement les auteurs en puissance des attentats ;
- Ce qu’il compte tirer de sa coopération initiée, après les attaques, avec le FBI américain, lequel a poussé des musulmans à commettre des attentats d’après l’ONG « Human Rights Watch ».
En conclusion, l’UPR rappelle que la seule et unique façon de combattre le terrorisme, c’est de lui retirer le terreau sur lequel il se développe. Cela signifie notamment :
- Qu’il ne faut pas armer et financer des terroristes au Moyen-Orient et se scandaliser ensuite que certains d’entre eux reviennent commettre le même type de crimes en France ;
- Qu’il ne faut pas mener des guerres d’agression contre les pays musulmans (Irak, Libye, Syrie…), illégales au regard du droit international, et s’étonner ensuite que des désespérés, armés et entraînés par l’Occident ou ses alliés au Moyen-Orient, aient l’idée d’aller se venger sur le territoire des pays agresseurs ;
- Qu’il ne faut pas poursuivre, au nom de la chimère de la « construction européenne » et de la prétendue « mondialisation inévitable », des politiques de régression sociale, de paupérisation et de chômage de masse, et découvrir ensuite avec effarement que parmi les millions de laissés pour compte, il s’en trouve quelques milliers qui ont tant perdu espoir qu’ils versent dans la petite ou la grande criminalité ;
- Qu’il ne faut pas faire preuve d’une immoralité et d’un cynisme permanents à la tête de l’État – en violant les référendums, en verrouillant l’information, en détruisant l’école républicaine, en mentant effrontément dans les programmes électoraux, en nommant des ministres corrompus ou fraudeurs, en permettant à ces mêmes ministres, une fois découverts, de regagner confortablement leur poste de député sans aucune poursuite, en étalant publiquement ses frasques conjugales, etc. – et réaliser ensuite que tout cela sape l’autorité de l’État, ridiculise les valeurs républicaines et suscite un immense dégoût de la part de ceux qui sont marginalisés, parmi lesquels certains, hélas, versent dans la grande délinquance.
Bureau National de l’UPR