François Hollande trouve “tout-à-fait respectable” l’idée de Mme Merkel de vider de sens des démocraties
LA CHANCELIÈRE D’ALLEMAGNE A PROPOSÉ SANS VERGOGNE LA MISE SOUS TUTELLE DES BUDGETS NATIONAUX
Le 18 octobre 2012 est une nouvelle date à marquer d’une pierre noire dans le processus d’instauration d’une dictature étendue à l’ensemble du continent européen. Dans le courant de l’après-midi, la Chancelière Angela Merkel a en effet déclaré publiquement, depuis Berlin, qu’il fallait désormais confier un droit de veto sur les budgets nationaux des États membres de la zone euro au Commissaire européen aux Affaires économiques.
Elle l’a dit précisément en ces termes :
« Nous pensons, et je le dis au nom de l’ensemble du gouvernement allemand, que nous pourrions faire un pas en avant en accordant à l’Europe un véritable droit d’ingérence sur les budgets nationaux quand ils ne respectent pas les limites fixées pour la stabilité et la croissance ».
À SUIVRE MME MERKEL, LE BUDGET DE LA FRANCE DEVRAIT ÊTRE SOUMIS AUX DÉCISIONS DE M. OLLI REHN, COMMISSAIRE FINLANDAIS ET HOMME TRÈS PROCHE DES INTÉRÊTS AMÉRICAINS
Cette proposition de la Chancelière d’Allemagne revient à soumettre les budgets nationaux à la décision du Commissaire européen aux Affaires économiques et de ses services.
C’est-à-dire que le budget de la France, par exemple, serait désormais décidé, modifié, et tranché en dernier recours, par une coterie de technocrates, très majoritairement étrangers, tous formés sur le même moule et sélectionnés pour leur dévotion au “modèle” américain, et tous dépourvus de la moindre légitimité démocratique puisque non-élus.
Pour être plus précis, ce serait l’actuel Commissaire finlandais, M.Olli Rehn, et ses services qui décideraient en définitive de ce que doit être le budget de la France.
Pour visualiser ce que seraient les conséquences très concrètes d’une telle décision, il n’est pas inutile de rappeler qui est ce M. Olli Rehn qui trancherait en dernier ressort de ce que doit être le budget de la République française.
Né le 31 mars 1962 à Mikkeli en Finlande, M. Rehn a fait une bonne partie de ses études et a passé sa jeunesse aux Etats-Unis. Il a effectué des études secondaires au Saint Paul College dans le Minnesota, puis il a effectué des études supérieures à l’université de Berkeley en Californie.
Depuis qu’il a été nommé à la Commission européenne en 2004, cet « Européen convaincu », qui est aussi un homme politique finlandais membre du Parti du Centre (Kesk), a d’ailleurs fait preuve d’un conformisme et d’un “aplat-ventrisme” parfaits à l’égard des États-Unis.
1°) De 2004 à 2009, dans la Commission Barroso I où il détenait le portefeuille de “Commissaire chargé de l’Élargissement”, il a conduit exactement la politique que souhaitait Washington :
il a mené tambour battant l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie,
il s’est bien entendu déclaré extrêmement favorable à l’adhésion de la Turquie à l’UE, (ce qu’exige Washington, pour faire coïncider le plus possible le périmètre de l’OTAN – dont la Turquie est membre depuis 1955 – et celui de l’UE),
il a dégagé des fonds européens colossaux à cette fin pour la Turquie, dans le cadre des “procédures de mise à niveau” : le total des subventions versés à la Turquie dans le cadre de la procédure d’adhésion a ainsi subi une très forte accélération sous l’impulsion d’Olli Rehn (à partir de 2004) puisque l’enveloppe versée a Ankara a été de 1.249.000.000 € sur la période 2002 – 2007 et de 4.873.000.000 € sur la période 2008 – 2013 (soit un total de plus de 6 milliards d’euros ( 6.122.000.000 €) sur la période 2002 – 2013).
2°) Depuis 2009, dans la Commission Barroso II où il déteint donc le portefeuille des “Affaires économiques”, il a fait la preuve d’une docilité parfaite à la pensée européiste la plus orthodoxe.
Parfait apparatchik européiste habitué à débiter d’une voix monocorde les promesses de “lendemains qui chantent” de la construction européiste, Olli REHN présente ici sans aucune émotion le bilan économique de la zone euro (cf. en arrière-plan le graphique des évolutions du PIB de la zone !). Bien entendu, le Commissaire REHN nous promet constamment que tout va bientôt aller beaucoup mieux et que la crise est derrière nous…
On notera d’ailleurs que M. Rehn ne perd pas une occasion pour aller faire le beau outre-Atlantique. Voici quelques jours, le 25 septembre dernier, il est ainsi allé faire une conférence au Centre des Études européennes Minda de Gunzburg de l’université de Harvard sur le thème : « Rebuilding the Economic and Monetary Union ». (« Reconstruire l’Union économique et monétaire »).
À l’évidence, ce Commissaire “européen” estime qu’il est beaucoup plus important d’aller montrer à ses donneurs d’ordre qu’il exécute fidèlement les instructions plutôt que d’aller convaincre les citoyens des pays d’Europe – et notamment les Français – des bienfaits de la politique économique, menée – faut-il le préciser ? – dans une opacité et une absence totale de démocratie.
En d’autres termes, on l’a compris, ce Commissaire européen sous les fourches caudines duquel la Chancelière d’Allemagne rêve de faire passer tous les budgets nationaux – dont celui de la France – est un parfait homme-lige des intérêts américains en Europe.
LE VOTE DU BUDGET EST LA CLÉ DE VOÛTE DE LA DÉMOCRATIE ET DE LA DÉCLARATION DES DROITS DE L’HOMME DE 1789
La proposition du 18 octobre 2012 de la Chancelière d’Allemagne revient donc à soumettre les budgets nationaux, donc le budget de la France, à la décision souveraine de responsables très majoritairement étrangers, inconnus du grand public et élus par personne.
Or je rappelle que l’Article XIV de cette Déclaration, qui constitue à la fois la base de notre pacte républicain depuis 223 ans et l’un des piliers de notre bloc de constitutionnalité, précise :
Article XIV
Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs Représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.
En d’autres termes, en prétendant soumette le budget de la France à la décision de la Commission européenne, Mme Merkel propose tout simplement d’abolir l’un des dispositifs essentiels de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789.
Ce faisant, elle s’attaque aussi à ce qui fait aussi le principe de base de la démocratie puisque tous les constitutionnalistes, tous les historiens et tous les analystes politiques savent unanimement que la démocratie commence avec le vote des impôts et de leur destination par des représentants élus par le peuple. Or l’idée de Mme Merkel consiste bien, dans sa logique ultime, à dessaisir les députés et les sénateurs français de la fixation du budget de la France.
Cette idée est donc, au sens très précis des mots :
– une idée contre-révolutionnaire,
– une idée antidémocratique,
– une idée qui viole ouvertement l’un des articles les plus essentiels de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789.
LE CONSEIL EUROPÉEN DES 18-19 OCTOBRE EST UN ÉNIÈME COUP D’ÉPÉE DANS L’EAU
Ce énième Conseil européen des 18-19 octobre 2012 s’est terminé comme d’habitude tard dans la nuit, et s’est soldé comme d’habitude par un compromis boiteux que chacun comprend à sa façon.
La presse française, comme d’habitude, a ramené les débats à la seule opposition entre la France et l’Allemagne, et a, comme d’habitude, donné à penser que cette opposition s’était miraculeusement évanouie en fin de soirée pour tomber sur un compromis enchantant tout le monde.
Bien entendu, ce énième conte de fées ne changera rien à la suite des événements.
D’une part, ce n’est pas parce que les européistes français – et les médias à leurs ordres – font comme si l’Europe à 27 se résumait au prétendu “couple franco-allemand” que cela fait disparaître les 25 autres États et leurs positions antagonistes qui contribuent à bloquer tous les débats.
La presse française fait toujours comme si le sort de la construction européenne dépendait de l’accord entre Paris et Berlin. La réalité est bien différente car chacun des 27 États défend âprement ses vues, sans oublier la Commission européenne qui ne peut manquer d’ajouter sa capacité de blocage à l’ensemble. C’est la raison pour laquelle le Sommet des 18-19 octobre 2012 a une nouvelle fois accouché d’une souris.
D’autre part, le compromis trouvé est fondé sur de nouvelles ambiguïtés. M. Hollande a eu beau se féliciter « d’un parfait accord avec nos amis allemands qui ont compris que l’union bancaire devait avoir des étapes, ce qu’ils avaient toujours défendu, et nous aussi.» En réalité, l’Allemagne a imposé un nouveau retard dans la mise en place de cette nouvelle usine à gaz.
Son entrée en vigueur désormais décidée pour “courant” 2013, et non plus début 2013 comme l’avait envisagé la Commission européenne, éloigne donc pour Madrid la possibilité de bénéficier d’une recapitalisation directe de ses banques. L’Espagne, qui comptait sur une mise en place rapide du dispositif pour recapitaliser directement ses banques, risque de faire les frais de ce nouveau retard car une telle recapitalisation (via le Mécanisme européen de stabilité MES), dépend de la mise en place d’un système de supervision bancaire unique en zone euro.
En outre, le conseil européen n’a abordé aucune discussion spécifique sur les plans de sauvetage des pays en difficulté de la zone euro, que ce soit à l’Espagne, dont le gouvernement reste réticent à faire une demande d’aide financière globale, ou à la Grèce. Les dirigeants de la zone euro se sont simplement contentés de « saluer les progrès de la Grèce pour remettre sur les rails son programme d’ajustement”, et de préciser que « l’Eurogroupe examinera les résultats de l’examen” de la troïka des créanciers publics d’Athènes et “prendra les décisions nécessaires”.
CONCLUSION : LE SOMMET DES 18-19 OCTOBRE A REPORTÉ LA MENACE DU DESSAISISSEMENT DES PARLEMENTS NATIONAUX MAIS FRANÇOIS HOLLANDE LA TROUVE « TOUT-À-FAIT RESPECTABLE »
Quant à l’idée allemande d’un super commissaire européen doté d’un droit de veto sur les budgets nationaux, « c’est une thèse tout à fait respectable mais qui n’a pas été discutée ce soir. »
La dépêche AFP et journaux français y voient « une façon élégante de rejeter cette proposition défendue avec force par Mme Merkel quelques heures auparavant. »
[ cf. par exemple http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/afp-00471799-sommet-europeen-la-proposition-de-super-commissaire-a-l-economie-fait-un-flop-502268.php ]
J’y vois quant à moi une façon extrêmement inquiétante – et pour tout dire scandaleuse – de ne pas mettre le holà immédiatement à une idée aussi fondamentalement contraire à 223 ans de République.
Mais il est vrai qu’entre la démocratie et la construction européenne, il faut choisir.
C’est ce que ne cesse de dire l’UPR depuis sa création. Et c’est aussi, finalement, ce que reconnaît implicitement le président de la République.
Sauf que lui a décidé d’être pour l’Europe et pour l’euro, et qu’il s’accommode donc d’une dérive de plus en plus funeste qui nous conduit tout droit vers une dictature continentale.
Tandis que tous les adhérents de l’UPR et moi-même avons fait le choix inverse : nous avons décidé de rétablir la liberté et la démocratie, et nous avons donc décidé de nous rassembler pour faire sortir la France de l’UE, de l’euro et de l’OTAN.
Les événements des mois et les années qui viennent auront au moins un mérite : ils feront ressortir de plus en plus clairement à l’ensemble de nos compatriotes que ce choix entre démocratie et Union européenne, est bel et et bien le choix crucial qui s’offre à eux.
François ASSELINEAU