LA « START-UP NATION » ? Ça marche si l’on respecte le génie français !
Ou comment la France a une nouvelle fois montré que lorsqu’elle agit souverainement, elle peut faire de grandes choses.
par Paul VALLIER
L’économie numérique : le monde d’aujourd’hui et de demain
Dans la course des grandes nations, il est indispensable de rester à la pointe de l’innovation, qu’elle soit technique ou servicielle. Et donc de faire éclore un « écosystème » national capable d’innover. Qu’est-ce que cela signifie ?
- Le terme « écosystème » désigne, en matière d’écologie, un ensemble formé par une communauté d’êtres vivants en interrelation avec leur environnement. Mais ce terme est aussi utilisé de nos jours de façon métaphorique pour désigner plus largement un ensemble d’entités qui interagissent dans un environnement. Ainsi, on parle « d’écosystème » en économie pour désigner un regroupement d’entreprises d’une filière et de leurs parties prenantes (clients, employés, fournisseurs, sous-traitants, pouvoirs publics…), qui ont en commun un projet de développement dans le temps, encadré par des engagements pris les uns envers les autres.
- Le mot « start-up », quant à lui, est un anglicisme, qui devrait être normalement traduit par « jeune pousse ». On peut le regretter mais, en pratique, c’est le terme anglais qui s’est imposé à travers le monde pour le moment. Il désigne une jeune entreprise qui innove dans le secteur des nouvelles technologies, notamment sur Internet.
Fusion des deux notions précédentes, ce qu’on appelle « l’écosystème start-up » désigne toutes les structures et les initiatives (entreprises privées, fonds publics et privés, investisseurs individuels, structures d’incubation et d’accompagnement, laboratoires de recherche, programmes d’enseignement, grands événements, congrès, concours, conférences…) qui gravitent autour de deux thèmes : l’entrepreneuriat et l’innovation.
L’utilisation de la notion de « start-up » est devenue omniprésente dans les médias et dans les discours publics. Elle suscite parfois agacements et grincements de dents car elle alimente l’image d’un secteur qui serait indûment favorisé et qui ne serait mis en avant qu’à des fins de pure propagande par le système macronien.
Invoquer les start-ups à la française est d’ailleurs souvent perçu et caricaturé comme une tentative vouée à l’échec. Pour les éternels défaitistes, nous ne pourrions réaliser collectivement qu’une pâle copie du rêve américain.
En outre, les nouvelles méthodes de gestion de ce monde des start-ups, son jargon obscur qui semble n’être réservé sciemment qu’à des initiés jeunes, son indécrottable tendance à innover même là où le besoin est peu flagrant (un robot pour faire des pizzas, une application pour discuter entre surfeurs, etc.), tout cela tend parfois à lui conférer l’image d’une mode passagère et futile, qui fait hausser les épaules à une partie du grand public.
Pourtant, c’est bien de cet écosystème-là qu’émergeront les piliers de l’économie de demain.
Une preuve ? Alors que l’on ne parle de « start-ups » en France que depuis la fin des années 2000, la scène technologique française a déjà vu l’éclosion, puis l’essor, de nombreuses « jeunes pousses » françaises. Citons par exemple des sociétés comme :
- Blablacar (numéro un européen du covoiturage),
- Criteo (dans le re-ciblage publicitaire),
- Deezer (musique en ligne),
- Dailymotion (plateforme d’hébergement de vidéos),
- Kapten, ex-Chauffeur-Privé (plateforme de VTC),
- Devialet (enceintes musicales),
- Veepee (anciennement Vente-privee.com) (commerce en ligne),
- etc.
Bien entendu, comme dans toute activité concurrentielle, certaines « jeunes pousses » françaises peuvent se laisser distancer par des start-ups étrangères. On songe à Spotify, Youtube, Uber…. Il n’en demeure pas moins que la France dispose aujourd’hui de jeunes entreprises sérieuses sur des secteurs porteurs. Et c’est là l’essentiel.
Le petit monde des start-ups ne représente pour l’instant qu’une petite part des emplois créés en France. Mais il est déjà loin d’être négligeable, puisqu’on l’estime à 12% des emplois créés en 2017 (source ici ).
Si la France veut garder son rang mondial de puissance industrielle et d’innovation, elle doit donc stimuler avec sérieux, constance et opiniâtreté cet « écosystème start-up » en croissance.
Quand l’État veut, la France fait
De 1852 à 1870, Napoléon III a créé plus de 16.000 km de voies ferrées, transformant la France en première puissance ferroviaire du monde. Et il a fait passer le réseau du télégraphe électrique de 2.000 km à 40.000 km en seulement 7 ans.
Charles de Gaulle a créé le Haut-Commissariat à l’énergie atomique, doté la France de l’arme nucléaire, puis en a fait un des leaders mondiaux de la production d’énergie nucléaire. Sans parler des nationalisations de Renault et EDF, décidées notamment pour relancer et moderniser l’économie française après 1945.
Plus récemment, c’est à l’initiative de l’État français que la fusée Ariane et le projet Airbus ont vu le jour. Et non pas à l’initiative du Marché commun !
En 2012, c’est encore et toujours le gouvernement français qui a créé la Banque publique d’investissement (BPI) avec la mission de soutenir les PME, notamment innovantes, ces fameuses start-ups. L’Union européenne était aux abonnés absents.
Résultat ? Après seulement 7 ans, l’écosystème start-up français est devenu le plus dynamique d’Europe continentale. Et la BPI est devenue un acteur majeur du financement des start-ups. Il se dit même qu’elle financerait, directement ou indirectement, près d’une start-up sur deux !
En juin 2019, le gouvernement a annoncé un plan d’investissement massif dans l’intelligence artificielle (IA). Pour une fois que le gouvernement prend une bonne décision, saluons-la. Et gageons que dans quelques années, nous pourrons nous targuer d’être à la pointe dans ce domaine.
Au même moment, l’Union européenne, aux abonnés absents sur l’IA, force la France à dilapider des milliards et des milliards en pure perte, pour financer des milliers de fonctionnaires européens improductifs, des projets de prestige non rentables en France, des infrastructures ruineuses à l’étranger, quand cela ne termine pas dans les poches des mafias des pays de l’est….
L’exemple du « FlyBoard »
Tout récemment, le 14 juillet 2019, c’est Franky Zapata, inventeur du « FlyBoard », sorte de spectaculaire « skateboard » volant, qui a fasciné les téléspectateurs du monde entier lors de sa démonstration au-dessus du défilé militaire des Champs-Elysées.
Mais comment est-il arrivé à ce résultat ? Grâce à cette alliance typique du génie français, une alliance que l’on retrouve tout au long de notre histoire scientifique et industrielle : à savoir l’association des capacités d’imagination et d’invention, très supérieures à la moyenne, dont a toujours fait preuve le peuple français d’une part ; une volonté et des financements publics d’autre part.
Ainsi, le « FlyBoard » n’aurait jamais survolé les Champs-Élysées le 14 juillet devant les yeux ébahis d’Angela Merkel s’il n’y avait pas eu un Français génial nommé Franky Zapata, qui a construit tout seul, au fond de son garage, cet engin futuriste et sensationnellement efficace.
Mais ce « FlyBoard » n’aurait pas davantage survolé la place de la Concorde devant un parterre médusé d’ambassadeurs étrangers si notre génial inventeur n’avait pas obtenu une aide publique de 1,3 million d’euros versée par le ministère des armées pour l’aider à développer sa technologie. Une technologie qui n’intéresse d’ailleurs pas que l’armée française puisque l’US Navy a essayé de nous la dérober en offrant un pont d’or au brillant entrepreneur !
Comment ne peut-on pas mettre en regard l’efficacité fantastique des 1,3 million d’euros versés par les contribuables pour aider Franky Zapata à perfectionner son invention d’un côté, avec le versement délirant de 9 milliards d’euros – un montant 7.000 fois supérieur ! – que les mêmes contribuables versent chaque année au gouffre sans fond de l’Union européenne pour qu’elle poursuive des politiques « européennes » qui n’ont pour effet tangible que de détruire la France par pans entiers ?
Combien de temps encore va-t-on continuer à marcher ainsi sur la tête ?
L’alchimie du succès en France : inventivité individuelle + volonté publique + relais pris par le privé
Ainsi donc, l’Histoire se répète. La France ne réagit pas comme le monde anglo-saxon. En France, lorsqu’un secteur économique à forte valeur ajoutée se développe, c’est presque toujours le fruit d’une volonté publique initiale.
Évidemment, il ne faut pas tomber dans l’excès et entretenir éternellement sur fonds publics un secteur économique naissant.
L’avantage de la France est justement d’avoir toutes les cartes en main pour que le privé prenne le relais du public et pérennise le secteur :
- malgré la dégradation globale de l’enseignement, nous avons encore un très bon système d’éducation supérieure qui forme des ingénieurs et des managers de haut niveau ;
- malgré leur entretien insuffisant qui les dégrade de façon préoccupante, nous disposons encore d’infrastructures de qualité ;
- malgré la pression fiscale et sociale trop élevée, nous comptons des Entreprises de taille intermédiaire (ETI) dynamiques,
- malgré le discours d’auto-dénigrement permanent, nous bénéficions d’un marché intérieur important (la France est le 20e pays le plus peuplé au monde et le 2e en Europe), nous bénéficions de savoir-faire uniques, d’un modèle social sain et solide, de métropoles régionales importantes qui développent leurs propres écosystèmes locaux…
L’Union européenne n’aide pas, elle gêne !
Les partisans de l’Union européenne vantent le marché unique et la monnaie commune, qui présenteraient selon eux l’avantage d’ouvrir les portes des 28 États membres à n’importe quel entrepreneur européen qui souhaiterait exporter ou s’implanter à l’étranger. Nourrissant ainsi le doux fantasme que « grâce à l’UE », nos entreprises auraient accès à un marché de 500 millions d’individus.
Or il n’en est rien. À l’intérieur de l’Union européenne, la fiscalité n’est pas harmonisée, les administrations sont différentes, les langues et les spécificités culturelles constituent toujours des barrières sérieuses, souvent pour les petites entreprises. En bref, rien n’a été harmonisé depuis les débuts de la construction européenne, et il est toujours aussi difficile d’implanter son entreprise dans un autre pays de l’Union.
Certes, il n’y a plus de barrières douanières à l’intérieur de l’UE et l’euro a mis fin aux risques de change inter-États. Mais ce sont des avantages dérisoires pour les créateurs d’entreprises dont les principaux soucis sont d’abord d’accéder aux financements, d’atteindre la rentabilité, et de se faire connaître dans leur pays d’origine !
À titre d’illustration, le fait que la France ait versé, via les fonds « européens », 65 millions d’euros à la Croatie pour qu’elle fasse construire un pont de 2 km par une entreprise publique chinoise, cela n’a aidé en rien Franky Zapata à mettre au point son « FlyBoard ».
Cela lui a en revanche nui, et a nui à la France. Imagine-t-on ce que serait déjà devenue cette invention – que la France, au régime budgétaire sec, a été à deux doigts de laisser racheter par les États-Unis ! – si seulement un tiers des 65 millions d’euros versés à l’entreprise de BTP chinoise en Croatie avaient été versés à Franky Zapata pour qu’il entame un processus de fabrication industrielle de son invention ?
L’Union européenne n’aide pas du tout, elle gêne ! En siphonnant une part colossale de nos maigres marges de manœuvre budgétaire, elle impose à la France de faire des choix budgétaires totalement contre-productifs.
La France doit retrouver confiance et fierté en elle-même
Ce succès de sa scène start-up, la France ne le doit qu’à elle-même.
Elle le doit à ses incubateurs privés et publics, à ses entrepreneurs à succès devenus investisseurs (Jacques-Antoine Granjon, fondateur de Vente-Privée, Xavier Niel, fondateur de Free, Marc Simoncini, fondateur de Meetic…), à ses subventions et prêts d’honneur, aux réseaux d’entrepreneurs et de « coachs » implantés partout sur le territoire (Réseau Entreprendre, France Angels…), à ses grands groupes qui ont lancé leurs fonds d’investissement dédiés aux start-ups ou leurs propres structures d’innovation, à ses grandes écoles, à ses médias professionnels, à son esprit d’initiative…
Divine surprise, elle le doit aussi à un regain de patriotisme économique ! Car, oui, les jeunes entrepreneurs d’aujourd’hui ont très souvent à cœur la fabrication française, l’emploi local, la souveraineté économique….
D’ailleurs, les autres grandes nations technologiques (Angleterre, Corée du Sud, Israël, Japon…, et même l’Estonie récemment, sans parler de la Chine et des États-Unis, champions du protectionnisme technologique) montrent elles-mêmes que c’est bien à l’échelon national – et à ce seul échelon-là – que les décisions efficaces se prennent et que la dynamique se crée.
Dans ce petit monde de la technologie qui change en permanence et où beaucoup de choses se jouent pour l’avenir des nations, il faut donc agir au niveau national. Et il faut agir vite et bien pour tirer son épingle du jeu.
La France ne réussira pas en se tournant vers Bruxelles. Elle n’a d’ailleurs jamais réussi quoi que ce soit en se tournant vers Bruxelles, bien au contraire !
Comme nous l’enseigne à satiété sa longue histoire, la France ne réussira que si elle agit conformément à son génie national, en s’appuyant sur ses atouts, en ayant confiance en elle et en retrouvant une saine fierté d’elle-même. Après deux mille ans d’histoire glorieuse, la France peut et doit continuer à agir comme une grande !
Paul VALLIER
18 juillet 2019
Paul Vallier est le pseudonyme d’un adhérent de l’UPR. Diplômé d’une école de commerce, âgé de 30 ans, il est le P-DG d’une start-up qu’il a lui-même fondée et qui a déjà créé… 15 emplois !
C’est sa première contribution écrite aux analyses de l’UPR.
François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine. La France doit se libérer de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan.