La politique irresponsable des États-Unis vis-à-vis de l’Iran prouve une nouvelle fois que la France doit sortir d’urgence de l’OTAN et de l’UE et se faire la championne du droit international.
Communiqué de presse – 6 janvier 2020 – 16h00
Considéré par beaucoup d’observateurs comme le véritable n° 2 de l’Iran, et très populaire dans son pays, le général iranien Qessem Soleimani a été tué le 3 janvier 2020 à Bagdad par une frappe américaine décidée directement, et revendiquée publiquement, par le président américain Donald Trump.
Nul ne peut nier que cet assassinat, survenu en Irak, constitue une violation flagrante du « droit des gens » et du droit international public. Il a d’ailleurs entraîné le dépôt d’une plainte à l’ONU contre les « attaques américaines » par le gouvernement irakien qui n’avait en rien validé l’opération.
Ce crime délibéré suscite un véritable embrasement au Moyen-Orient, et d’abord en Iran où des foules immenses défilent jour après jour dans les rues en réclamant vengeance contre les États-Unis, comme l’a d’ailleurs promis publiquement l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique et n° 1 du régime.
Cet embrasement s’étend à toute la région, en particulier en Irak et au Liban où des parties très importantes des populations, de confession musulmane chiite, constituent de solides relais d’influence pour l’Iran.
Une escalade très préoccupante
Face à cet incendie qui enflamme les opinions publiques dans toute la région, Donald Trump se livre à la surenchère. Il a décidé l’envoi de 3 000 à 3 500 militaires supplémentaires au Moyen-Orient. Et il a menacé sur Twitter de frapper 52 sites qui sont « de très haut niveau et très importants pour l’Iran et pour la culture iranienne ». Si les États-Unis osaient se livrer à cette destruction de monuments, dont certains font partie du patrimoine mondial de l’humanité établi par l’UNESCO, ils commettraient des « crimes de guerre », au sens de la jurisprudence établie lors du tribunal de Nuremberg.
En réponse, le gouvernement iranien, qui estime que cette politique aventureuse du président Trump lui est inspirée par une partie de son entourage très pro-israélien, a annoncé qu’il ne se sentait désormais plus tenu par aucune limite sur le nombre de ses centrifugeuses pour l’enrichissement d’uranium.
Cette annonce – et le moment choisi pour la faire – ne peuvent que relancer la crainte de voir l’Iran se doter à terme de l’arme nucléaire, même si le gouvernement de Téhéran a bien précisé :
- que « la coopération de l’Iran avec l’Agence internationale de l’énergie atomique se poursuivra comme avant »,
- que « le programme nucléaire de l’Iran continuera désormais uniquement sur la base des besoins techniques du pays »,
- et que si les sanctions contre l’Iran, réimposées et durcies par les États-Unis depuis 2018, sont levées et que l’Iran bénéficie des retombées attendues de l’accord international sur son programme nucléaire conclu en 2015, la République islamique d’Iran est prête à revenir à l’application pleine et entière de ses engagements.
Le rôle qui devrait être celui de la France
Face à cette escalade de plus en plus dangereuse, qui pourrait déraper vers une conflagration générale, le rôle éminent de la France devrait être de jouer les médiatrices afin de faire revenir tous les protagonistes à la raison.
Forte de son amitié traditionnelle et historique avec l’Iran, l’Irak, le Liban, la Russie et les États-Unis, la France est en effet potentiellement le membre permanent du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies le mieux placé pour s’adresser à toutes les puissances de la région et leur faire des propositions acceptables par tous, visant à préserver la paix, et fondées sur un respect strict du droit international.
Telle est d’ailleurs la vocation fondamentale de la diplomatie française dans le concert des nations.
La diplomatie incohérente de Macron, tenu en laisse par l’UE et l’OTAN
Telle a d’ailleurs été la judicieuse attitude d’apaisement et de médiation qu’Emmanuel Macron a adoptée dans un premier temps, probablement sur la suggestion des diplomates chevronnés du Quai d’Orsay, bien au fait de la complexité de la situation régionale.
Cette première réaction, bien accueillie, a montré une nouvelle fois que la France a tout intérêt à avoir sa propre diplomatie, et qu’elle n’a rien à tirer de son appartenance à l’Union européenne et à l’OTAN, deux structures qui la placent dans la dépendance d’États étrangers – à commencer des États-Unis – dont les intérêts sont divergents des nôtres.
Malheureusement, après cette première réaction bienvenue, le président français a brutalement changé de ton le dimanche 5 janvier 2020, en évoquant son « entière solidarité » avec le président américain qu’il venait d’avoir au téléphone.
À l’évidence, Macron est rentré dans le rang, sous la pression de Washington et sous le poids de notre double sujétion, à l’UE et à l’OTAN.
Le mépris du droit international est l’origine de tous les problèmes
L’escalade des tensions au Moyen-Orient résulte d’abord et avant tout des violations répétées du droit international par les États-Unis et l’OTAN depuis le début des années 2000, et notamment depuis la guerre en Irak de 2003 à laquelle la France de Chirac et Villepin s’était vigoureusement opposée. Or, le mépris du droit international est toujours porteur de tempêtes : c’est ce à quoi l’on assiste actuellement.
L’attitude belliqueuse et hors-la-loi des États-Unis se double d’une série de retraits de grands accords consolidant la stabilité internationale.
Donald Trump a ainsi retiré les États-Unis :
- de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien le 8 mai 2018, qui avait été négocié par Obama,
- d’un traité de non-prolifération nucléaire avec la Russie, hérité de la guerre froide,
- et de l’accord de Paris sur le climat le 5 novembre 2019.
Ces trois coups ont été portés à l’équilibre géopolitique, militaire et environnemental du monde.
Ce qu’il importe de bien comprendre, c’est que le mépris du droit international et le comportement fébrile et irresponsable des États-Unis risquent de se retourner contre eux et contre leurs alliés :
- à court terme, en entraînant leur éviction d’une partie du Moyen-Orient. Il n’est pas exclu, en effet, que nombre de pays refusent à l’avenir la présence des Américains, qui se conduisent comme des cow boys, alors que d’autres États en pleine expansion, comme la Russie et la Chine ont, eux, à cœur de respecter le droit international,
- à moyen et long terme, puisqu’il arrivera certainement un jour où ils ne seront plus la première puissance militaire mondiale, devancés au moins par la Chine et peut-être par la Russie ou l’Inde. À ce moment-là, les États-Unis apprécieront certainement que des États plus puissants qu’eux respectent le droit international. Dans cette perspective, l’attitude actuelle des États-Unis ne peut que leur nuire à l’avenir et nuire à leurs alliés européens qui leur sont inféodés par l’intermédiaire de l’UE et l’OTAN.
Conclusion : tirer les conséquences de cette nouvelle crise internationale
Pour conclure, l’UPR appelle Emmanuel Macron à tirer toutes les conséquences de l’affaire Soleimani, en procédant :
- au retrait de toutes nos forces armées d’Irak où elles agissent sous l’égide de la prétendue « coalition internationale » conduite par Washington, qui viole le droit international et dont le Parlement irakien vient de demander le renvoi,
- au retrait de toutes nos forces armées de Syrie où elles agissent de façon illégale puisqu’elles y interviennent sans l’accord du gouvernement légitime de ce pays, ni mandat du Conseil de sécurité de l’ONU,
- à l’organisation d’un référendum sur notre appartenance à l’Union européenne et à l’OTAN qui nous placent de facto sous la tutelle des États-Unis.
François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine. La France doit se libérer de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan.