François Asselineau désapprouve fermement le soutien inconditionnel de la France et de l’UE à l’OMS.
La décision du 16 avril du président américain Donald Trump de suspendre les financements des États-Unis d’Amérique à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a suscité les protestations de l’Union européenne (UE) et de la France :
- le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, a déclaré « regretter profondément » la décision américaine, en affirmant que les efforts de l’OMS « sont plus nécessaires que jamais pour aider à contenir et à réduire la pandémie. C’est seulement en unissant les forces que nous pouvons surmonter cette crise qui n’a pas de frontières ».
- la porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye, a également fait part des « regrets » de la France quant à cette décision et a affirmé que notre pays espérait « un retour à la normale » pour que l’OMS « puisse poursuivre son travail ».
François Asselineau désapprouve fermement le soutien inconditionnel manifesté ainsi par la France et l’Union européenne à l’OMS, sans tenir le moindre compte des raisons sérieuses qui ont motivé la décision du président Trump, et sans l’assortir de la moindre mise en garde aux instances dirigeantes de l’OMS.
Ce soutien inconditionnel du gouvernement français est inacceptable car l’OMS s’est distinguée, dans la gestion du Covid-19, par :
- des erreurs de diagnostics flagrantes,
- une lenteur, lourde de terribles conséquences, à alerter tous les pays du monde de la dangerosité de l’épidémie,
- son incapacité à s’extraire du conflit politique entre la République populaire de Chine (RPC) et Taïwan,
- des injonctions totalement contraires au bon sens,
- des recommandations contraires aux pratiques des États qui ont combattu la maladie avec le plus de succès.
La gestion désastreuse de l’OMS
Un rappel chronologique s’impose ici :
- Dès le 31 décembre 2019, l’île de Taïwan rend publique une alerte – qu’elle a adressée aussi à l’OMS – pour faire état de l’émergence d’un nouveau coronavirus (SRAS-CoV-2) à Wuhan et de la possibilité d’une transmission interhumaine (voir aussi ici et ici).
- Taïwan n’étant pas membre de l’OMS (du fait du veto du gouvernement de Pékin), les instances dirigeantes de l’organisation ne tiennent aucun compte de cette alerte.
- 11 janvier 2020 : on sait, grâce aux révélations d’Agnès Buzyn, que c’est à cette date qu’elle alerte le président Macron et le gouvernement français, des risques du Covid-19.
- 14 janvier 2020 : l’OMS, reprenant à son compte les investigations réalisées par la RPC sans effectuer ses propres recherches, assure très imprudemment qu’aucun élément ne permet de penser que le nouveau coronavirus peut se transmettre d’homme à homme. Prenant ainsi le contrepied exact de l’alerte de Taïwan du 31 décembre 2019 et prenant ainsi la grave responsabilité de rassurer à tort la communauté internationale.
- 15 janvier 2020 : prenant l’OMS au dépourvu le lendemain, les autorités chinoises effectuent l’annonce que le SRAS-Cov-2 peut se transmettre d’être humain à être humain.
- 22 janvier 2020 : ce n’est que huit jours après sa déclaration du 14 janvier, et une semaine après l’annonce chinoise du 15, que l’OMS fait un revirement à 180°, en assurant cette fois-ci qu’« il existe une transmission interhumaine du virus et que, selon les estimations préliminaires, le taux de reproduction de base (r0) se situe entre 1,4 et 2,5 ».
- Cependant, l’OMS continue à traîner les pieds puisqu’elle refuse alors explicitement d’émettre une « urgence de santé publique de portée internationale » (USPPI) – c’est-à-dire une alerte signalant le développement d’une épidémie dans plusieurs pays.
En ces jours cruciaux de la seconde quinzaine de janvier où se joue la possibilité de tuer dans l’œuf l’extension du Covid-19 ou au contraire d’en permettre l’essor, l’OMS retarde ainsi encore la prise de conscience du danger dans de nombreux États du monde.
- Le 22 janvier, le gouvernement chinois décide de confiner l’ensemble de la ville de Wuhan, épicentre de l’épidémie.
Taïwan décide aussitôt la fermeture de ses frontières avec la Chine, de même que la Corée du Nord.
- 30 janvier 2020 : ce n’est qu’à cette date – un mois après l’alerte lancée par Taïwan et trois semaines après l’annonce officielle de l’existence et du séquençage du nouveau virus SRAS-CoV-2 – que l’OMS émet enfin une USPPI.
Mais encore enrobe-t-elle cette annonce – qui aurait dû être empreinte de gravité et de solennité – d’un discours diplomatique hors de propos et imprudemment rassurant : « Le Comité a souligné que cette déclaration d’USPPI doit être comprise dans un esprit de soutien et de reconnaissance envers la Chine, son peuple et les mesures que ce pays a engagées en première ligne pour combattre cette épidémie en toute transparence et, nous l’espérons, avec succès. »
- Le lendemain, 31 janvier 2020, alors qu’il était encore possible de limiter drastiquement l’expansion de l’épidémie, l’OMS recommande de ne pas fermer les frontières avec la République populaire de Chine, prenant ainsi de nouveau le contrepied exact de ce qu’ont décidé Taïwan et la Corée du Nord dès le 22 janvier.
N’écoutant pas cette « recommandation » stupéfiante de l’OMS, Singapour, la Mongolie, le Kazakhstan, les îles Mariannes , la Russie prennent à tour de rôle, entre le 29 janvier et le 1er février, la décision de fermer également leurs frontières avec la Chine.
Il est notable que ce sont les pays développés d’Asie orientale membres de l’OCDE (Corée du sud et Japon) qui ont été enclins à suivre la recommandation de l’OMS et à tarder ainsi à fermer leurs frontières avec la Chine.
Quoi qu’il en soit, l’OMS porte une responsabilité certaine dans le retard mis, par de nombreux pays du monde, à fermer les frontières (avec la Chine ou d’autres pays), ce qui a eu pour conséquence évidente de favoriser l’expansion géographique maximale de la maladie, devenue rapidement une pandémie.
Il faut encore relever que :
- l’OMS s’est prononcée contre l’usage généralisé de masques de protection, à la grande surprise de plusieurs pays asiatiques qui ont su combattre efficacement l’épidémie, notamment par ce moyen. Mais là aussi, sous la pression des faits, et alors que la pandémie a largement gagné les pays occidentaux, l’OMS est en train de changer à 180° sa doctrine .
- l’OMS s’est prononcée contre l’usage de traitements comme celui à base d’hydroxychloroquine qui n’auraient pas fait l’objet des validations scientifiques traditionnelles, parlant même de « faux espoirs » à leur sujet. Or, s’il est un fait que l’efficacité de ce traitement à base d’antipaludéen, couplé notamment à l’azythromycine, n’a pas été validée par des études rigoureuses pour le SRAS-CoV-2, un certain nombre de cas de guérison, en France mais aussi à l’étranger, aurait dû inciter l’OMS à avoir une attitude moins catégoriquement fermée sur ce sujet.
L’OMS aurait pu – et aurait dû – lancer par exemple un groupe de travail avec tous les États ayant officiellement décidé de recourir à l’hydroxychloroquine – et ils sont nombreux, le dernier en date étant la Russie. L’OMS aurait pu aussi diffuser la littérature scientifique pointant l’efficacité de la chloroquine dans le traitement des cas du premier coronavirus survenu entre 2002 et 2004, le SRAS-CoV. L’Union populaire républicaine reviendra sur ce point avec un dossier étayé tout prochainement.
L’OMS n’a rien fait de tout cela.
Un mode de financement qui favorise les conflits d’intérêts
En plus de toutes ses prises de position éminemment contestables dans la gestion de la crise du Covid-19, l’OMS présente un mode de financement très problématique.
Pour les années 2016 et 2017, les recettes de l’OMS ont été d’environ 3,7 milliards de dollars, décomposées principalement entre :
- Les subsides d’États membres (51 %, avec une domination des États-Unis qui apportent environ 920 M$, soit un quart des recettes totales),
- La fondation Bill & Melinda Gates (600 M$, soit 16 % des recettes),
- L’Alliance GAVI, qui est un partenariat entre des organismes publics et privés promouvant la vaccination, et financé essentiellement par la fondation Bill & Melinda Gates (plus de 200 M$, soit 5,4 % des recettes environ). La fondation Bill & Melinda Gates finance donc directement ou indirectement environ 21,4 % des recettes annuelles de l’OMS.
- Des institutions supranationales (notamment Banque Mondiale 4 %, Commission européenne 3,2 %),
- Des ONG et entités du secteur privé (10 %).
Ce cocktail financier malsain :
- donne un rôle
de tout premier plan à des acteurs privés, notamment la fondation Bill &
Melinda Gates dont les motivations sont régulièrement décriées dans les médias
comme étant notamment « un outil au service des
multinationales »,
- et intègre des organisations comme la Commission européenne, pétrie d’idéologie libre-échangiste et opposée à toute idée de frontières,
Cela ne peut que placer l’OMS dans de graves conflits d’intérêts et face à des contradictions internes insurmontables.
Un directeur général très controversé
En outre, la personnalité du directeur général de l’OMS, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, pose sérieusement question. Régulièrement critiqué pour la gestion dispendieuse de l’OMS, il avait été gravement mis en cause en mai 2017 par le New York Times qui, au terme d’une enquête approfondie, l’avait accusé d’avoir étouffé plusieurs épidémies en Ethiopie lorsqu’il en était ministre de la Santé.
On notera d’ailleurs qu’une pétition internationale demandant la démission du directeur général de l’OMS a réuni à ce jour plus de 975 000 signatures.
Tedros Adhanom Ghebreyesus vient à nouveau de se signaler en remerciant Macron de son « leadership » dans la réponse internationale à la pandémie, un qualificatif particulièrement inapproprié compte tenu de la gestion, de notoriété publique désastreuse, de toute cette affaire par le président de la République française et son gouvernement.
Il faut noter à cet égard que Macron :
- s’est limité à se conformer aux préconisations de l’OMS, sans esprit critique : refus de prendre des mesures de prévention dès les premières alarmes relatives au développement du Covid-19, refus de fermer les frontières, non-recours aux masques, etc.,
- n’a tiré aucune leçon de l’exemple des pays asiatiques, et notamment de l’exemple taïwanais qui fait référence en matière de lutte contre le Covid-19. Il est vrai que Taïwan a pris le contrepied exact des recommandations de l’OMS. Il est vrai aussi que Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui voit sa gestion mise en cause par Taïwan, s’en prend violemment à l’île rebelle qu’il accuse d’alimenter une campagne raciste contre lui. Taipei, qui nie fermement ces accusations, a exigé des excuses du directeur général de l’OMS,
- ne semble pas avoir compris que l’OMS est un lieu d’affrontement très vif entre la RPC et Taïwan (qui revendique plus que jamais son admission à l’organisation), que le directeur général de l’OMS est sous l’influence de Pékin, ce qu’a d’ailleurs vivement dénoncé Donald Trump et qui est corroboré par les faits rappelés plus haut, et, que tout ce qui émane de l’OMS s’agissant de la crise du Covid-19 doit être par conséquent considéré avec prudence, à l’aune de cette rivalité géopolitique majeure qui n’a aucun rapport avec la préservation de la santé.
C’est de l’exemple taïwanais et non des recommandations de l’OMS que Macron et son gouvernement auraient dû s’inspirer. Si tel avait été le cas, la France n’en serait probablement pas à près de 20 000 morts.
Comme l’attendent de nombreux Français, l’exécutif devra rendre des comptes devant la justice sur son impréparation, son incompétence et son aveuglement idéologique qui ont conduit la France à la catastrophe sanitaire quand d’autres pays ont su l’éviter.
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CONCLUSION
Compte tenu de tout ce qui précède, François Asselineau estime que le gouvernement français, plutôt que d’afficher un soutien inconditionnel à l’OMS, aurait dû indiquer :
- que la France a versé 32 millions d’euros (34,8 M$) en contribution obligatoire et contribution volontaire à l’OMS en 2017 ;
- que cette somme versée chaque année – et qui équivaut par exemple à l’achat d’au moins 30 millions de ces masques qui manquent tant à la population française – confère à notre pays le droit de demander des comptes à l’OMS ;
- que, sauf à ce qu’une réforme profonde de l’OMS soit engagée dans les plus brefs délais, la France suspendra elle aussi ses versements à l’organisation, compte tenu de sa gestion hautement nocive de l’épidémie de Covid-19 ;
- que cette réforme devra passer par l’obligation pour l’OMS de n’être financée que par des États. Sauf à devenir de plus en plus le bras armé d’intérêts marchands cupides, l’OMS ne doit, en particulier, recevoir aucun subside de fondations, d’entreprises privées et d’ONG ;
- que les missions de l’OMS devront être recentrées sur des actions de solidarité internationale, notamment à destination des États les plus pauvres pour lesquels elle constitue une sorte de « tour de contrôle » sanitaire. L’OMS a en effet toute légitimité pour apporter une assistance en matière de santé et d’hygiène à des gouvernements qui en exprimeraient le besoin.