À propos du titre de la conférence “Les États-Unis sont-ils en train de nazifier l’Occident ?”
Quelques internautes se sont déclarés surpris, voire choqués, par le titre de la conférence que je prononcerai vendredi 6 septembre à Saint-Prix.
Ne tenant compte ni de la formule interrogative (“Les États-Unis sont-ils en train de nazifier l’Occident ?” n’est pas la même chose que “Les États-Unis sont en train de nazifier l’Occident”), ni de l’illustration des soldats américains en Afghanistan posant devant la bannière étoilée et le symbole des SS hitlériens (photo qui a provoqué un scandale mondial et conduit les autorités américaines à annoncer qu’elles prendraient des sanctions), ni du texte de présentation (qui s’interroge pour savoir si cette interrogation est la simple illustration de la “loi de Godwin” ou si elle recouvre une réalité), et sans avoir l’idée même de ce que je présenterai au public, ces détracteurs ont posté des messages pour juger ce titre inapproprié et exagéré (Je préfère ne pas parler des quelques messages à connotation implicitement pro-nazie). Pour certains lecteurs, il s’agirait en somme d’une lubie de ma part.
Je signale à toutes fins utiles à ces critiques que je ne suis pas totalement ignorant de ce que fut le régime hitlérien, et que je ne méconnais pas les différences évidentes qui existent – heureusement !! – entre Adolf Hitler et les dirigeants américains contemporains, ou avec les dirigeants des pays occidentaux placés sous la tutelle de Washington.
Mais je leur signale également que, si j’ai posé cette interrogation, c’est parce que, depuis plusieurs années et selon un rythme qui s’accélère, de nombreux manifestants à travers le monde établissent désormais une comparaison explicite, voire une identification, entre les méthodes des dirigeants américains (Bush et Obama) et celles du régime nazi, ainsi qu’avec leurs supplétifs en Europe, au premier rang desquels Mme Merkel. Le plus frappant étant que c’est aux États-Unis eux-mêmes que des centaines de milliers d’Américains accusent désormais de cette façon leurs propres dirigeants.
C’est également le cas d’un certain nombre d’intellectuels, américains ou non. Je renvoie ici, en guise d’exemple, à l’article cinglant de Paul Craig Roberts, que j’ai signalé aux lecteurs avant-hier, dans lequel cet ancien Secrétaire adjoint au Trésor américain et ancien rédacteur en chef adjoint et éditorialiste du Wall Street Journal, écrit noir sur blanc, en parlant de son propre pays :
« Il y a un État policier dans lequel le pouvoir exécutif s’est placé lui-même au-dessus de toutes les lois et au-dessus de la Constitution.
Cet état policier va maintenant commettre encore un autre crime de guerre d’agression non provoquée de style nazi.
À Nuremberg, les nazis ont été condamnés à mort précisément pour les actions identiques à celles commises par Obama, Cameron et Hollande.
L’Occident mise sur la force, non sur le droit, pour se garder hors du box des criminels. »
Il est vrai que de telles comparaisons et de tels écrits ont eu tendance à se multiplier depuis un demi-siècle, en vertu de la “loi de Godwin”, et il n’y a sans doute pas de dirigeant de la planète de quelque importance qui ne se soit fait qualifier de la même façon.
Cependant, par leur ampleur, leur durée, leur croissance, et leur étendue géographique, ces comparaisons entre le régime nazi et les dirigeants euro-atlantistes est sans précédent historique. Même aux pires moments de la guerre du Vietnam, des millions de manifestants à travers le monde protestaient contre l’impérialisme américain, mais ne dressaient pas, sauf peut-être exception, de parallèle avec le régime hitlérien.
À titre d’illustration, je poste ci-dessous des photographies de manifestations prises dans des pays très différents – et notamment aux États-Unis -, qui témoignent de l’ampleur de ce phénomène diffus, aussi malsain qu’inquiétant pour la suite des événements.
Notons au passage que les grands médias français les oblitèrent quasi-systématiquement, en particulier lorsqu’il s’agit de manifestants américains contre leurs propres dirigeants. À en croire nos grands médias, tous les Américains se retrouveraient gentiment derrière le Parti Républicain ou derrière le Parti Démocrate, point. Eh bien, c’est faux et il se trouve des centaines de milliers d’Américains bien plus sévères encore contre leurs propres dirigeants que les critiques faites de ce côté-ci de l’Atlantique.
CONCLUSION
Je ne reprends naturellement pas à mon compte, et sans discernement, toutes ces accusations, d’ailleurs parfois hétéroclites ou millénaristes, émanant d’initiatives spontanées de citoyens, ou de mouvements politiques de droite, de gauche ou d’extrême-gauche à travers le monde.
En revanche, je maintiens qu’elles ne sont ni une invention ni une lubie de ma part et que leur multiplication dans de nombreux pays ont une signification sur laquelle il faut s’interroger. Car, comme le dit le proverbe, « il n’y a pas de fumée sans feu ».
Elles sont d’ailleurs observées avec perplexité et inquiétude par des journalistes, des politiciens et des sociologues de tous horizons. Le très américanophile journal Le Monde a par exemple jugé utile de relativiser le phénomène en publiant un article de Damien Leloup le 13 août 2009, remis à jour le 4 septembre 2012, intitulé Obama, Hitler et la loi de Godwin : cf. http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/08/13/obama-hitler-et-la-loi-de-godwin_1227838_651865.html
Alors que la crise syrienne a révélé l’invraisemblable mépris de la démocratie, le refus de la recherche scrupuleuse de la vérité, et l’inconscience dans la prise de risques, dont font preuve les dirigeants américain, britannique et français, et qu’ils s’apprêtent (ou s’apprêtaient ?) à ouvrir la Boîte de Pandore d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient susceptible de déclencher un conflit planétaire sur la foi d’une orchestration médiatique des plus suspectes, ces signaux doivent conduire tout responsable soucieux de l’avenir de notre planète à s’interroger en conscience sur ce qu’ils révèlent de l’évolution de la classe dirigeante américaine et sur ses vassaux européistes.
C’est exactement l’objet de la conférence que je présenterai le vendredi 6 septembre prochain dans le Val-d’Oise. Ce qui est choquant, ce n’est pas le titre de cette conférence. Ce qui est choquant, c’est qu’aucun autre parti politique français ne semble s’intéresser et informer les Français de ces accusations et des faits qu’elles tentent, certes plus ou moins adroitement, de stigmatiser de la sorte.
François ASSELINEAU
QUELQUES EXEMPLES DE MANIFESTATIONS À TRAVERS LE MONDE
AFRIQUE DU SUD
Manifestation au Cap en 2013 contre la venue de Barack Obama. Le portrait du dirigeant américain est affublé d’une moustache à la Hitler
BRÉSIL
Manifestation des syndicats brésiliens de la Métallurgie
CANADA
Article de Don McGillivray dans le Vancouver Sun de 1991, au moment de la première Guerre du Golfe déclenchée par George H.W. Bush : « Comme Bush, Hitler aussi promettait un Nouvel ordre mondial pacifique »
Manifestation à Ottawa
CHYPRE
Manifestation d’étudiants à Chypre en 2012, comparant Angela Merkel et l’Union européenne au nazisme
CUBA
Grande publicité murale à Cuba, présentant le président George W. Bush avec une mèche et une moustache hitlériennes
ESPAGNE
2012 : Manifestation à Madrid
1er juin 2013 : Manifestation à Madrid
ÉTATS-UNIS
Manifestation assimilant le président Bush et le vice-président Cheney à des dirigeants nazis (le premier étant la marionnette du second) désireux d’établir un “Quatrième Reich”
Manifestation hostile à George W. Bush et à la guerre en Irak
Manifestation à Los Angeles
Manifestation à Los Angeles
Manifestation à Los Angeles
Manifestation au Madison Square Garden de New York en 2004 pour demander l’arrêt de la guerre en Irak
Manifestation à San Francisco
Manifestation pour réclamer la réouverture de l’enquête sur les attentats du 11 septembre 2001
Manifestation pour réclamer la réouverture de l’enquête sur les attentats du 11 septembre 2001
Manifestation à New York
Manifestation à Boston
Manifestation en Californie
Manifestation orchestrée par le mouvement Tea Party et les Républicains contre le président Obama et son projet de réforme sociale “Obamacare”
mouvement de Lyndon LaRouche, et repris par le mouvement Tea Party et certains Républicains, une campagne se développe outre-Atlantique pour demander la destitution (« impeachment ») du président Obama. À ma connaissance, aucun grand média français n’en parle.
Manifestation devant la Maison Blanche à Washington, pour dénoncer le “Quatrième Reich” que veulent imposer les dirigeants américains.
Dans l’Iowa, les représentants du mouvement Tea Party, de plus en plus populaire, ont lancé en 2010 une campagne – avec le slogan “Vivre libre ou mourir” – qui présente cette gigantesque affiche contre Obama, le comparant à Hitler et à Lénine. Cette thématique outrée, dont on n’a pas idée en France, n’a cependant pas été approuvée par les instances nationales du mouvement.
FINLANDE
Affiches politiques reproduites d’un modèle américain et apposées dans les rues d’Helsinki, comparant George Bush à Hitler
GRÈCE
Titre de Une du journal Demokratia représentant Angela Merkel en uniforme et brassard nazis, avec le titre “Memorandum macht frei”, double allusion au “memorandum” imposé par l’UE à la Grèce pour “sauver l’euro” et au slogan de sinistre mémoire “Arbeit macht frei” installé à l’entrée du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.
Manifestation assimilant Angela Merkel et Nicolas Sarkozy à la croix gammée
Cet article du très sérieux journal britannique Times le souligne expressément : « Les caricatures allant au-delà de la plaisanterie, les quolibets nazis témoignent d’une colère croissante »
IRLANDE
Affiche du Parti socialiste irlandais, membre du groupe GUE au Parlement européen, affublant Angela Merkel d’une moustache hitlérienne.
ITALIE
Titre de Une du journal Il Giornale évoquant le “Quatrième Reich” euro-atlantiste symbolisé par Angela Merkel qui prétend imposer une politique générale au peuple italien. Ce titre fait évidemment référence au “Troisième Reich” hitlérien.
Affiche du Parti communiste italien représentant Angela Merkel en uniforme nazi
Page de Une du journal Libero, caricaturant Angela Merkel en officier SS
POLOGNE
Page de Une du journal Czas, caricaturant Angela Merkel en milicien nazi.
TURQUIE
Manifestants turcs présentant le président turc Erdogan, le président américain Obama et la chancelière d’Allemagne Merkel – des deux derniers affublés d’une moustache hitlérienne – le tout sur fond de drapeau nazi.
Page de Une du journal Vakit, comparant Angela Merkel à Hitler.
VENEZUELA
Mai 2012 : Le président Hugo Chavez compare Angela Merkel à Adolf Hitler.