Forte baisse de l’Euro sur les marchés des changes. L’inquiétude se tourne désormais vers les pays fragiles du sud de la zone euro
L’euphorie suivant l’annonce de l’accord nocturne sur Chypre aura été de courte durée. A 16h30 ce lundi 25 mars après-midi, l’euro chutait de près de -0,9% face à la devise américaine, à 1,2879 dollar contre 1,2986 vendredi soir. Une baisse de près de 1% en une seule journée est assez peu fréquente sur les marchés des changes. Quant aux bourses des valeurs, elles repartaient elles aussi à la baisse.
Ces baisses reflètent le sentiment de doute qui s’est emparé des marchés et que rapporte la dépêche de presse ci-jointe. L’analyste financier cité par l’AFP souligne en effet que l’accord sur Chypre « prévoit des contrôles sur les mouvements de capitaux des banques, et la confiance des investisseurs pour l’ensemble du système bancaire européen pourrait être ébranlée, car ils pourraient craindre pour leurs fonds placés dans d’autres pays périphériques de la zone euro. »
C’est exactement l’analyse que je dressais ici même cette nuit.
En outre, la dépêche souligne que l’euro est « miné par les risques liés à la mise en œuvre du plan de sauvetage, puisque les Parlements allemand et néerlandais doivent d’abord l’approuver […] et nous sommes à six mois des élections en Allemagne, ce qui pourrait enrayer le processus. […] La crise politique persistant en Italie ajoute à la nervosité des investisseurs. » Source
Conclusion : en attendant la prochaine crise
1°) L’accord sur Chypre n’est pas encore définitif puisque plusieurs parlements pourraient encore le bloquer ou le retarder.
2°) À supposer qu’il soit bien entériné par tous les parlements concernés, cet accord imposé par l’UE, la BCE et le FMI, va probablement entraîner la décrépitude rapide de l’économie chypriote, compte tenu du poids occupé par le secteur financier dans l’économie de l’île.
En effet, quel investisseur international va désormais vouloir placer ses fonds dans des banques chypriotes, avec le risque désormais avéré de se voir plumer de 40% ou plus ?
3°) À supposer qu’il soit bien entériné par tous les parlements concernés, cet accord sur Chypre n’est qu’un ballon d’oxygène de très court terme.
Il ne règle en rien l’instabilité structurelle chronique de la zone euro. Pire même, il va l’aggraver. Et les regards inquiets commencent maintenant à se tourner vers un nouveau cadavre dans le placard : la Slovénie.
Car, selon un récent rapport du FMI, les banques slovènes ont en portefeuille quelque 7 milliards d’euros de mauvaises créances, somme qui représente 20% du produit intérieur brut (PIB) du pays. Cette proportion alimente régulièrement les prophéties qui affirment que la Slovénie devra à son tour se tourner vers une aide internationale. Source
François Asselineau