Nouveau chômage record en Grèce, nouveau bénéfice record pour Goldman Sachs
Symbole tragique de la Grèce de 2013 et des “bénéfices de l’euro” : comme des milliers de personnes âgées, cette femme en est réduite à ramasser les ordures pour se nourrir. La misère se développe à toute allure dans ce pays et frappe tout spécialement les jeunes, et plus encore les personnes âgées.
LE TAUX OFFICIEL DE CHÔMAGE BAT UN NOUVEAU RECORD EN GRÈCE : 26,8 %
Voici quelques jours, jeudi 10 janvier 2013, l’Autorité des statistiques grecques a publié les dernières statistiques mensuelles du chômage, relatives au mois d’octobre dernier. Ces statistiques ont révélé que le taux de chômage officiel a continué de s’aggraver rapidement en Grèce en octobre 2012 par rapport à septembre 2012, frappant 26,8% de la population active contre 26,0% le mois précédent, et 19,7% un an auparavant.
Le nombre officiel de chômeurs a augmenté de 368.102 personnes par rapport au mois de septembre 2011, ce qui représente une hausse de +37,7 % en un an.
Pour prendre la mesure du drame, la France étant 6 fois plus peuplée que la Grèce, cette explosion du nombre de chômeurs serait équivalente à l’augmentation de + 2,2 millions de chômeurs en France en un an.
Au total, le nombre officiel de chômeurs en Grèce s’élevait donc, fin octobre 2012, à 1,345 million de personnes. C’est une statistique à peine croyable pour un pays de 11,3 millions d’habitants. En proportion des populations, cela représenterait 8,1 millions de chômeurs en France.
La Grèce s’enfonce ainsi dans la misère et la multiplication d’effroyables drames humains, pendant que les médias européistes s’ingénient à distraire l’opinion publique dans les autres États d’Europe.
Dans toute la Grèce se multiplient les Soupes Populaires
Des organismes caritatifs distribuent des “Soupes populaires ” à travers toute la Grèce, à un peuple entier qui sombre dans la misère.
Un nombre effrayant de Grecs réduits à fouiller dans les poubelles pour se nourrir ou s’habiller
Toutes ces scènes de rue pathétiques sont devenues quotidiennes en Grèce : dans tout le pays, des Grecs affamés et sans ressources en sont réduits à fouiller dans les poubelles pour y trouver un peu à manger, une paire de chaussures, une chemise ou quelques gouttes d’huile d’olive. Parmi eux, surtout des retraités, dont les retraites ont été drastiquement réduites ou même supprimées.
Ce chômage de masse – et la clochardisation générale qu’il provoque – ne frappe évidemment pas la population de façon uniforme. Le chômage touche 30,4% de l’ensemble des femmes grecques, contre 24,1% des hommes. Il atteint des proportions extravagantes chez les jeunes Grecs puisqu’il touche 56,6% des 15 – 24 ans et 34,1% de la tranche des 25 à 34 ans.
Quant aux perspectives d’avenir, elles sont encore plus noires :
- selon le dernier rapport trimestriel de l’Institut de recherche du patronat grec, le chômage devrait continuer à grimper à 27,3% au cours des prochains mois.
- la Banque centrale de Grèce a également prévenu que le chômage allait continuer de se situer à un niveau très élevé en 2013 et 2014, contredisant ainsi les prévisions “plus optimistes” (c’est-à-dire “mensongères”) du gouvernement.
LA BANQUE AMÉRICAINE GOLDMAN SACHS, QUI AVAIT FALSIFIÉ LES COMPTES DE LA GRÈCE, ANNONCE UN BÉNÉFICE HISTORIQUE DE 7,2 MILLIARDS DE DOLLARS POUR 2012
Alors que la Grèce s’enfonce ainsi sans discontinuer dans la catastrophe, c’est en revanche “Champagne pour tout le monde” dans l’univers feutré des banques d’affaires, à commencer par la première d’entre eux : Goldman Sachs.
Ce 16 janvier 2013, la tristement célèbre banque d’affaires américaine a annoncé un bénéfice plus que doublé en 2012 par rapport au bénéfice déjà historique de 2011, et même triplé pour le quatrième trimestre 2012 par rapport au quatrième trimestre 2011.
Ces résultats, encore meilleurs que prévu par les analystes financiers, résultant d’un chiffre d’affaires en très forte hausse, de + 19 % en un an. Le bénéfice net annuel s’élève ainsi au montant prodigieux de 7,3 milliards de dollars, soit 14,63 dollars par action et mieux que ne le prévoyaient les analystes de Wall Street (12,20 dollars).
Ces résultats mirobolants découlent des activités de banque d’investissement (fusions et acquisitions, émissions de titres, etc) et d’opérations de marché en propre et d’autres opérations en compte propre, ces dernières ayant été multipliées par quatre.
Champagne pour tout le monde !
Comme l’a résumé avec une ironie involontaire M. Lloyd Blankfein, PDG de Goldman Sachs : « Bien que les conditions économiques soient restées difficiles pendant presque toute l’année, la solidité de notre modèle d’activité et l’accent mis sur une gestion rigoureuse ont généré de bonnes performances pour nos actionnaires. »
Les profits réalisés par Goldman Sachs en 2012 sont tellement colossaux que l’on a appris, ce 16 janvier 2013 également, que la direction générale avait décidé de faire bénéficier les salariés de Goldman Sachs de coquettes primes de rendement.
Selon le site Internet au nom éloquent “LUXURY GUIDE”, le salaire MOYEN des employés de la banque d’affaires s’est élevé à près de 400 000 dollars par personne et par an (399 506 dollars pour être précis).
Ce qui représente la bagatelle de 26 000 euros de salaire mensuel moyen. On comprend que ce site ait choisi comme slogan “Perfect Lifestyle” : un style de vie parfait !
Source : http://topic.worlds-luxury-guide.com/article/0feS3Ne212dAd?q=Goldman+Sachs
LE SCANDALE DU MAQUILLAGE DES COMPTES PUBLICS GRECS PAR GOLDMAN SACHS
L’actualité rapproche, à quelques jours d’intervalle, l’effrayant chaos économique et social dans lequel plonge la Grèce d’un côté, et les bénéfices de plus en plus phénoménaux qu’empochent les salariés et les actionnaires de Goldman Sachs de l’autre côté. Rarement l’on aura vu un phénomène de vases communicants apparaître, au niveau planétaire, avec tant d’insolence.
Car enfin ! Faut-il rappeler le rôle scandaleux joué par Goldman Sachs dans l’affaire de la Grèce ?
Comme l’a révélé le New York Times du 13 février 2010, la banque américaine aurait proposé, en 2001, à la Grèce des outils financiers – notamment au travers de « swaps de devises » – , pour lui permettre de camoufler artificiellement l’ampleur de sa dette publique tout en dissimulant les transactions.
Le but de ces maquillages comptables était permettre aux dirigeants européistes – qu’ils soient à Bruxelles, à Francfort, à Washington ou à Athènes – de pouvoir qualifier “facialement” la Grèce pour entrer dans la zone euro.
Goldman Sachs aurait empoché près de 300 millions de dollars de commissions pour ces conseils, relevant de l’escroquerie et de faux en écritures publiques.
Goldman Sachs aurait d’ailleurs poursuivi son rôle de banque de marché et de conseil du gouvernement grec de 2001 jusqu’en novembre 2009, soit trois mois avant que « l’affaire grecque » n’éclate.
À cette date, une équipe de Goldman Sachs aurait d’ailleurs encore proposé au gouvernement grec un outil financier permettant de repousser à une date plus lointaine le poids de la dette sociale, mais la Grèce aurait décliné l’offre.
Enfin, et comme mes lecteurs et mes auditeurs le savent bien, Goldman Sachs a placé ses hommes dans de nombreux rouages des sociétés de l’Europe occidentale, à commencer par M. Lukas Papademos – qui fut le banquier central grec qui maquilla les comptes publics de son propre pays avec les équipes de Goldman Sachs et qui fut nommé Premier ministre grec, sans aucune consultation populaire, en novembre 2011 en remplacement de M. Papandreou.
Probablement d’ailleurs, certaines des activités de conseils si lucratives de Goldman Sachs en 2012 ont-elles eu trait, de près ou de loin, avec le désastre économique provoqué par l’euro et le bradage du patrimoine public de plusieurs États du sud de l’Europe. Désastre provoqué par des personnages occupant des fonctions aussi éminentes que Peter Sutherland, Mario Draghi, ou Mario Monti, tous dirigeants actuels ou passés de Goldman Sachs.
Le comble du cynisme en quelque sorte.
CONCLUSION : UNE INJUSTICE TROP GRANDE POUR DEMEURER PERPÉTUELLEMENT IMPUNIE
Tous ces scandales et toute cette injustice commencent à faire trop.
Comme je l’avais déjà rappelé naguère – pour un autre sujet -, cette situation est tellement révoltante qu’elle me fait irrésistiblement penser aux prophéties des Grecs anciens au sujet de l’inéluctable châtiment de l’orgueil et du mépris, lorsque ceux-ci deviennent par trop démesurés.
Les Grecs anciens avaient inventé pour cela les notions d’Hubris et de Némésis.
- L’Hubris était la folie de l’orgueil et de la démesure qui saisit parfois les hommes. Elle comprenait la folie du pouvoir, mais aussi la violence faite sur autrui, le mépris et les comportements outrageants, le vol de propriété publique ou sacrée.
- Pour les Grecs anciens, cette folie mentale et comportementale finissait toujours par être punie par la Némésis, mot qui signifie “vengeance”, “justice”, “indignation” et “destruction”. Némésis est la punition fatale qui attend toujours les hommes qui sont victimes de l’Hubris.
Or Goldman Sachs, tout comme les États-Unis d’Amérique et tout comme les dirigeants de leur colonie baptisée “Union européenne”, s’enfoncent depuis au moins deux décennies dans la folie de l’hubris : ivresse du pouvoir sans freins, démesure d’une cupidité sans limites, mépris des peuples et de leur intelligence, outrages contre le droit, la liberté, la vérité et la justice, viol des âmes et manipulation des consciences, arrogance permanente.
C’est pourquoi Némésis va frapper. À coup sûr.
Elle a d’ailleurs commencé à frapper.
Elle détruit inexorablement les économies et les industries d’Amérique et d’Europe.
Elle détruit les tissus économiques et sociaux.
Et elle finira par détruire tout l’édifice de l’empire euro-atlantiste.
Les souffrances cruelles de la Grèce actuelle préfigurent inexorablement la destruction à venir de l’Union européenne, qui y mettra un terme.
Il suffit à l’actuel peuple grec de relire Eschyle et Sophocle pour s’en convaincre.
François Asselineau