Charles de Gaulle : Le grand problème, c’est l’impérialisme américain, il est dans les têtes
Pour poursuivre les rappels historiques que j’ai commencés il y a quelques jours, il m’a semblé utile de rappeler cette analyse faite par Charles de Gaulle devant son ministre Alain Peyrefitte il y a 50 ans jour pour jour, le 9 janvier 1963.
Comme pour le rappel du 4 janvier 1963 (cf. http://www.upr.fr/actualite/france/voeux-francois-hollande-vs-charles-de-gaulle-il-y-a-50-ans), cette analyse du fondateur de la France Libre puis de la Ve République se révèle, de nos jours, criante de vérité.
L’extrait ci-dessous est tiré du tome 2 de l’ouvrage C’était de Gaulle, d’Alain Peyrefitte, paru en 1997 chez Fayard (Editions de Fallois), page 17.
Salon doré [de l’Élysée ]– 9 janvier 1963
« Les Américains font croire que ne pas être d’accord avec eux, si vouloir rompre l’alliance atlantique et mettre en danger la liberté de l’Occident. Cuba leur est montée à la cervelle. En Amérique du Sud, en Europe, en Asie, tout le monde en colonne par deux derrière l’Oncle Sam, sinon gare à vous ! (Rire.) Ce serait contraire à la solidarité et à la morale ! Voyons, Peyrefitte, c’est de la rigolade !
« Les Américains racontent que je voudrais obtenir des concessions, que je suis sur le chemin de la négociation, c’est-à-dire de la capitulation : eh bien, non ! Je ne demande rien, je ne souhaite rien, si ce n’est boire dans mon verre et coucher dans mon lit. […]
« En matière atomique, les Anglais n’ont rien fait qu’avec et par les Américains. Nous avons tout fait sans personne et par nous-mêmes. Les Américains croyaient :
« 1) que nos scientifiques ne seraient pas capables ;
« 2) que nous n’aurions pas les moyens financiers ;
« 3) que de Gaulle allait être contraint de quitter le pouvoir dès qu’ils fronceraient les sourcils.
Évidemment, Guy Mollet ou Félix Gaillard se seraient contentés de quelques paillettes d’intégration ou de communauté atlantique.
« Le grand problème, maintenant que l’affaire d’Algérie est réglée, c’est l’impérialisme américain. Le problème est en nous, parmi nos couches dirigeantes, parmi celles des pays voisins. Il est dans les têtes. »
Que rajouter de plus ?
François Asselineau
9 janvier 2013