LA POLITICAILLERIE ORDINAIRE : des candidats LR, EELV et France Insoumise passent des alliances avec En Marche ! pour les municipales
La course aux places pour le 2e tour des élections municipales, prévu le dimanche 28 juin, bat son plein. Elle suscite une flambée de manœuvres politicardes plus écœurantes les unes que les autres, de la part de candidats qui veulent être élus coûte que coûte, même en passant des alliances que le public n’aurait pas cru possibles.
Au cours des derniers jours, on a ainsi pris connaissance de trois alliances spectaculaires :
1°) Alliance LREM – LR à Lyon
À Lyon, le maire sortant Gérard Collomb – qui fut l’un des tout premiers soutiens de Macron avant l’élection présidentielle de 2017 et qui avait été récompensé pour cela par sa nomination comme ministre de l’intérieur – , a décidé de se rallier à la liste LR.
Le 28 mai, il a annoncé son retrait de la candidature à la présidence de la métropole lyonnaise et a cédé sa tête de liste au sénateur Les Républicains (LR) du Rhône François-Noël Buffet.
En compensation, LR a consenti à retirer la candidature d’Etienne Blanc à la mairie de Lyon au profit de Yann Cucherat, le dauphin de Gérard Collomb.
À en croire les journaux, cette alliance qui suscite beaucoup de remous au sein de LREM comme de LR, aurait été encouragé en sous-main par Laurent Wauquiez, ancien président des Républicains et qui verrait dans cette manœuvre un moyen de revenir au premier plan sur la scène nationale.
_
2°) Alliance LREM – LR à Paris Ve
À Paris Ve, la maire du Ve arrondissement Florence Berthout, candidate LREM soutenue par Agnès Buzyn, a rendu public le 27 mai l’accord de fusion qu’elle a passé dans cet arrondissement avec Anne Biraben, candidate de la liste LR dirigée par Rachida Dati.
Arrivée en tête du premier tour avec 28,49 %, Florence Berthout, redoute une triangulaire qui pourrait lui faire perdre sa mairie. La candidate PS d’Anne Hidalgo, Marie-Christine Lemardeley, est en effet arrivée en deuxième position avec 25,4 % des suffrages, devant la tête de liste LR menée par Anne Biraben (17,27 %), l’écologiste Laurent Audouin (11,41 %) et le candidat Villaniste Mao Péninou (7,55 %). Motif de cet accord ? « Il y a un vrai risque de voir la mairie du Ve basculer à gauche s’il n’y a pas d’alliances » selon un conseiller de Paris….
Cet accord a suscité de vifs remous.
Tout d’abord dans le camp LREM. Le député de la 13ème circonscription de Paris Hugues Renson mais aussi Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes et candidate dans le XIVe arrondissement, ont exprimé leur désaccord. En interne, certains membres de LREM ont dénoncé cet accord conclu sans la consultation du comité politique. Florence Berthout espérait faire taire ces critiques en arguant… que sa liste du premier tour rassemblait déjà des personnes issues des rangs de LREM et LR !
Mais c’est finalement à LR, dans le camp Dati, que cette fusion est aujourd’hui remisée dans les placards. Car beaucoup d’électeurs deLR n’ont aucune envie, semble-t-il, de faire alliance avec la liste dirigée par l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, à la réputation devenue épouvantable.
Et cela d’autant plus qu’Agnès Buzyn a déclaré qu’elle serait dans l’opposition si Rachida Dati est élue maire de Paris, et que Stanislas Guérini, le patron de La République En Marche, a parlé de « ligne rouge franchie » pour évoquer l’accord à Lyon entre Gérard Collomb et LR…
Du coup, patatras ! On a appris deux jours après que Rachida Dati, tête de liste LR au niveau parisien veut interdire cette alliance et qu’elle compte maintenir ses listes dans tous les arrondissements…. On ne sait pas encore ce que va faire Florence Berthout.
_
3°) Alliance EELV – FRANCE INSOUMISE – LREM à Nîmes
À Nîmes, Daniel Richard qui avait été tête de la liste soutenue conjointement par EELV et La France insoumise, a annoncé le 1er juin 2020 qu’il fusionnait avec le candidat soutenu par… LREM, ancien des Républicains !
–
Conclusion : la politicaillerie détourne les Français de la politique.
Au vu de pareils accords et de pareils retournements de veste, comment s’étonner qu’une grande partie des Français se détournent de la politique ?
Comment ne leur viendraient-ils pas à l’esprit l’idée que les partis – du moins ceux qu’on leur présente constamment dans les grands médias -, qu’ils soient « de droite » ou « de gauche » , seraient « tous les mêmes » ?
Comment des candidats investis par des partis qui font mine de combattre Macron au niveau national peuvent-ils faire alliance avec les candidats du même Macron au niveau local ?
Cette situation témoigne au fond du peu de convictions de nombreux candidats sur les sujets politiques les plus stratégiques pour le pays. Elle est désolante.
François Asselineau
1er juin 2020