Le journal danois “Dagbladet Information” révèle que les sondages officiels “Eurobaromètre” surestiment systématiquement le soutien public à l’UE.
Le Dagbladet Information est un journal danois austère proposant peu d’image, un peu comparable au journal français Le Monde et très lu par l’élite dirigeante du pays.
Dans son édition du 3 décembre 2019, il vient de jeter un beau pavé dans la mare : il révèle que les sondages Eurobaromètre – l’organisme de sondage officiel de l’UE – ont des taux de répondants si faibles qu’ils sont dépourvus de valeur scientifique et qu’ils ont tendance à surestimer systématiquement le soutien public à l’Union européenne.
L’article est disponible en anglais sur le site du journal : https://www.information.dk/udland/2019/12/new-data-reveals-serious-problems-with-the-eus-official-public-opinion-polls
En voici la traduction française :
DE NOUVELLES DONNÉES RÉVÈLENT L’EXISTENCE DE GRAVES PROBLÈMES AVEC LES SONDAGES D’OPINION OFFICIELS DE L’UE.
Eurobaromètre, l’organisme de sondage officiel de l’UE, est fréquemment cité dans les médias et consulté par les politiciens, les groupes de réflexion et les institutions de l’UE. Mais ces enquêtes ont de graves problèmes.
Notre journal (Information) a été autorisé à accéder aux taux de réponse de l’Eurobaromètre : ils indiquent le pourcentage de personnes invitées à être interrogées pour participer effectivement à des entretiens. Selon d’éminents experts en recherche électorale, les taux de réponse sont si bas dans un certain nombre d’États membres que l’utilisation des données collectées pose de gros problèmes et risque de conduire à une surestimation systématique du soutien public à l’Union européenne.
L’UE semble peindre une image trop flatteuse d’elle-même.
« Les taux de réponse de l’Eurobaromètre sont si bas qu’ils seraient hautement discutables dans un contexte de recherche » déclare Kasper Møller Hansen, professeur de sciences politiques à l’Université de Copenhague, au Danemark.
Qualifiant d’« horribles » les taux de réponse, il ajoute :
« En fin de compte, nous risquons de voir les politiciens examiner les chiffres de l’Eurobaromètre et en tirer des conclusions erronées : que le public voudrait plus d’UE qu’il ne le fait réellement. Ou qu’un référendum pourrait facilement être gagné. »
Sur cent Allemands à qui il a été demandé de participer à un sondage Eurobaromètre début 2018, seuls quinze ont accepté : soit un taux de réponse de 15 %. Or, les experts consultés par Information estiment que le taux de réponse devrait atteindre 45 à 50 % pour qu’une enquête soit représentative.
Dans la dernière enquête Eurobaromètre pour laquelle les taux de réponse ont été calculés, les pourcentages étaient trop faibles dans un certain nombre de pays : 14 % en Finlande, 15 % en Allemagne, 20 % au Luxembourg, 22 % en Italie, 27 % au Royaume-Uni, 28 % au Danemark, 31 % en Grèce et en France, 33 % en Irlande, 34 % en Espagne, 38 % en Lettonie et 40 % au Portugal.
Information a pris connaissance des taux de réponse de cinq sondages Eurobaromètre réalisés entre début 2016 et début 2018. Selon les experts, tous les cinq posent problème.
« Si mon hypothèse est correcte, Eurobaromètre sous-estime systématiquement le degré d’euroscepticisme » déclare Paolo Segatti, professeur à l’Université de Milan.
En effet, les citoyens les plus critiques vis-à-vis de l’UE ont tendance à être moins enclins à participer à un long entretien sur l’UE.
Hermann Schmitt, professeur émérite au Centre de recherches sociales européennes de Mannheim, fait remarquer : « Ce n’est pas bon du tout. On ne peut pas estimer la proportion d’euroscepticisme avec un taux de réponse de 15 % ».
« Ce sont les personnes moins éduquées qui ont le plus de mal à répondre aux enquêtes, alors le faible taux de réponse affecte la représentativité. »
Dans l’enquête menée début 2018, les taux de réponse n’ont été acceptables que dans une minorité d’États membres de l’UE : 81 % aux Pays-Bas, 75 % en Suède, 65 % en Slovaquie, 62 % en Roumanie, 54 % en Hongrie, 49 % en Bulgarie, 47 % à Malte et en Belgique et 45 % en Slovénie.
En Europe occidentale, on observe une tendance générale à la baisse des taux de réponse, de moins en moins de personnes acceptant d’être interrogées. Les sondages Eurobaromètre diffèrent toutefois des autres sondages en ce qu’ils n’utilisent pas d’interviews téléphoniques ou en ligne, mais ne font que des interviews en face à face avec des membres du public à domicile. Cela rend encore plus difficile l’obtention de taux de réponse élevés.
« Eurobaromètre a choisi une méthode difficile et coûteuse » déclare Kasper Møller Hansen. « Après tout, très peu de gens sont prêts à recevoir des visiteurs, rien que pour s’asseoir dans la cuisine et répondre à des questions concernant la politique. »
La plupart des autres enquêtes électorales approfondies en Europe utilisent une combinaison de méthodes.
Les sondages Eurobaromètre Standard ont un budget maximal de 51 millions d’euros sur quatre ans, soit près de 13 millions d’euros par an.
Eurobaromètre reconnaît que les taux de réponse ont chuté et « qu’un taux de réponse élevé est préférable et que le taux de réponse est souvent utilisé comme indicateur de la qualité des données ».
Mais ils ne croient pas que la baisse des taux disqualifie leurs conclusions.
« Nous devons aussi toujours garder à l’esprit que les sondages Eurobaromètre mesurent les perceptions et les sentiments des gens sur des sujets, qu’ils ne sont pas et ne prétendent pas être des statistiques » viennent-ils de répondre dans un courriel à Information.
« Contrairement aux autres sondages d’opinion, les sondages Eurobaromètre couvrent tous les États membres de l’UE de manière cohérente, avec la même méthodologie, les mêmes questions et au même moment. »
Eurobaromètre indique avoir déjà pris des mesures « pour améliorer la qualité de l’ensemble du processus, dont les taux de réponse sont un élément ». Il n’est toutefois pas prévu de mener des entretiens en ligne ou par téléphone.
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François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine. La France doit se libérer de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan.