Le taux record d’abstention confirme le divorce croissant entre les français et l’ensemble de la classe politique
PREMIER BILAN DU 1er TOUR DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DU 10 JUIN 2012
UMP ET PS SONT TOUS LES DEUX CONTENTS
L’enseignement le plus important du scrutin législatif du 1er tour du 10 juin 2012 ne réside pas dans les résultats, où droite et gauche vont se disputer pour savoir qui l’a emporté :
- l’UMP peut faire valoir un score inattendu, nettement supérieur à celui obtenu par Nicolas Sarkozy au 1er tour de l’élection présidentielle si l’on y ajoute les “alliés” de l’UMP ; Ainsi, Jean-François Copé a souligné sur France 2 que « L’UMP emporte un score qui, d’après vos estimations, est supérieur à celui du Parti socialiste ».
- le PS fait un score plus modeste que l’UMP si on se limite aux seuls candidat ayant l’étiquette PS, mais la gauche arrive en tête si l’on y ajoute les candidats de EELV qui avaient un accord électoral avec le PS. Elle obtient même 47,10% en comptabilisant à la fois les voix d’Europe-Ecologie-les Verts (EELV) et celles du Front de gauche, contre un peu plus de 35% pour l’UMP et ses alliés.
En bref, UMP et PS vont afficher, chacun, leur satisfaction, quoi que François Hollande peut être à peu près sûr de pouvoir disposer d’une majorité PS-EELV la semaine prochaine.
L’ÉCHEC DES “FRONTS” ET DES PARTIS ALTER-EUROPÉISTES
Les résultats de ce 1er tour marquent par ailleurs l’échec des partis protestataires alter-européistes. Les deux fameux “FRONTS” (FN et FG) – font ce soir une nouvelle contre-performance par rapport à ce qu’espéraient leurs militants et sympathisants :
- le Front National retombe très banalement autour de 13,7 %, un score qui n’a rien de spectaculaire par rapport à son historique depuis 30 ans. Cela confirme une nouvelle fois toutes mes analyses sur le FN : ce parti est et demeure une impasse qui sert à neutraliser 13 à 18 % de l’électorat, pour le plus grand profit du système qu’il prétend combattre.
- le Front de gauche fait une mauvaise performance autour de 6,8 %. C’est la rançon d’un parti qui prend trop ouvertement ses électeurs pour des imbéciles, en jouant la “dent du râteau” en faveur de François Hollande. Tout comme le FN mais d’une façon un peu différente, le FG agit pour le plus grand profit du système qu’il prétend combattre.
LE VRAI SYMPTÔME : LE NOMBRE COLOSSAL D’ABSTENTIONNISTES
En revanche, le véritable résultat dit être recherché ailleurs : dans le score de l’abstention, que le journal Le Monde estime à 42,9% à 20 H 00 (ce résultat doit être affiné).
Ce qui est essentiel à voir, c’est que ce score est sans précédent dans toute l’histoire de la Ve République, et probablement dans toute l’histoire de la République tout court.
Comme on le voit sur ce graphique (exclusif UPR), et notamment grâce à la courbe de la moyenne mobile sur les deux dernières élections, le taux d’abstention au 1er tour des élections législatives a connu deux phases sous la Ve République :
- – L’abstention a décru de 1958 jusqu’à 1981 :
Cela témoigne du fait que Charles de Gaulle avait rendu à l’Etat son autorité et donc leur sens aux élections : le débat politique intéressait de plus en plus les Français, qui avaient le sentiment qu’il pouvait exister une réelle alternance.
- – L’abstention ne cesse de croître depuis 1981 :
Cela témoigne de l’effet inverse : la désillusion de la gauche au pouvoir, puis la perte continuelle de souveraineté organisée par les traités de Maastricht (1992), Amsterdam (1997), Nice (2000), Lisbonne (2008) ont fait leur œuvre : les Français se détournent de plus en plus de la politique, qui les écœure.
Pour avoir une bonne vision de l’état de la société française en ce 10 juin 2012, il faut donc retenir que, sur les quelque 46 millions d’électeurs :
- – environ 12 millions sont allés voter pour un candidat du PS, de EELV, ou du FG, (dont environ 9 millions sont allés voter pour le PS seul),
- – environ 9 millions sont allés voter pour un candidat de l’UMP ou de ses alliés,
- – environ 3,5 millions sont allés voter pour un candidat du FN,
et…
- – environ 20 millions ne sont pas allés voter.
C’est-à-dire que le nombre d’abstentionnistes est :
- du même ordre de grandeur que le nombre total d’électeurs qui sont allés voter aujourd’hui pour les candidats du PS + EELV + Front de gauche + UMP + alliés de l’UMP !
- 6 fois supérieur au nombre d’électeurs qui sont allés voter aujourd’hui pour le Front national.
On peut par ailleurs estimer que, sur ces quelque 20 millions de personnes qui ont refusé d’aller voter, environ 15 millions l’ont fait de façon délibérée.
En résumé, les Français mécontents de TOUS les partis politiques médiatisés constituent donc le premier parti de France.
C’est à eux, notamment, que s’adressent les analyses et les propositions de l’UPR.
François ASSELINEAU
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