JOON : nouvelle filiale d’Air France, nouveau symbole de l’abandon de la langue française et des symboles nationaux par nos « élites »
Air France a été fondée le 7 octobre 1933. Elle résulta de la fusion de 4 compagnies aériennes françaises, sous l’impulsion de la puissance publique qui en détenait 25% du capital.
En 1945, après la Seconde Guerre mondiale Air France a été nationalisée. La compagnie très rentable dans les années 1980 subit la conjoncture des années 90 avec la première Guerre du Golfe (1990-1991) qui renchérit le coût des hydrocarbures (de 18 à 40 dollars le baril) et la crise économique de 1993 qui s’accompagna du plus grand conflit social de l’histoire de la compagnie.
En 1994, la compagnie a obtenu une recapitalisation de l’État de 20 milliards de francs (un peu plus de 3 milliards d’euros). Celle-ci a été approuvée sous condition par la Commission européenne, à savoir la déréglementation du transport aérien et la privatisation d’Air France…
En 1999, Air France a fait l’objet d’une privatisation partielle, où l’État prévoyait de réduire sa participation à hauteur de 55%. En 2004, la fusion d’Air France et KLM provoqua une privatisation de fait d’Air France, en ramenant la part de l’État à 44,1%. De plus, l’État s’engageait sans donner de calendrier précis à descendre à environ 20% du capital. Fin 2004, la participation de l’État dans Air France-KLM n’était plus que de 18,35%.
En juillet 2017, Air France a ouvert son capital à hauteur de 20% à deux compagnies aériennes étrangères : une compagnie chinoise (China Eastern) et une compagnie américaine (Delta). Il y a par conséquent un risque non négligeable de prise de contrôle à terme.
Cette introduction permet de comprendre le contexte de désengagement de l’État français, en particulier depuis 1994 sous la pression de Bruxelles.
Il faut toutefois reconnaître que le transport aérien diffère des autoroutes ou du transport ferroviaire qui sont des monopoles par nature et où la privatisation ne fait qu’augmenter les prix, avec des situations de rentes. Concernant le transport aérien, la protection initiale des dessertes aériennes, couplée à l’investissement public, ont permis de développer un champion national ; puis la mise en concurrence a permis un vraie baisse des prix et une démocratisation du transport aérien qui était inaccessible pour l’immense majorité des Français.
Précisons toutefois que mise en concurrence ne veut pas dire dérégulation totale. Et qu’il y aurait à l’heure actuelle beaucoup de choses à dire sur Ryan Air ou sur les compagnies du Golfe persique subventionnées qui font subir une concurrence déloyale ; mais ce n’est pas l’objet de l’article.
Pendant plus de 70 ans, Air France a été le symbole de la France dans le ciel du monde entier. Représentante aux multiples facettes : de la langue française, de notre savoir-faire aéronautique et d’une certaine élégance à la française.
Tout ceci est de plus en plus menacé, comme l’explique le Syndicat des Pilotes d’Air France, qui s’émeut du nom de sa nouvelle filiale : “JOON” , dont le slogan est en anglais : “Also an airline“.
La couleur rouge a disparu, il ne reste qu’un bleu électrique qui n’a rien à voir avec le bleu marine du drapeau français mais qui ressemble comme deux gouttes d’eau au bleu du drapeau européen.
Joon est une filiale qui s’adresse plus particulièrement aux 19-35 ans sur des destinations principalement touristiques moyen courrier et long courrier.
Le souci, consistant à fournir une offre meilleur marché est louable : à partir de décembre prochain, elle proposera 51 vols par semaine vers Barcelone, 37 vers Berlin, 28 vers Lisbonne et 3 vers Porto avec des A320, avec un tarif “à partir de 39 euros” l’aller depuis Paris-Charles de Gaulle. Elle démarrera son activité long-courrier fin mars 2018, avec deux vols hebdomadaires pour Fortaleza au Brésil (à partir de 249 euros) et trois vols par semaine pour Mahé aux Seychelles (à partir de 299 euros).
Il s’agit de la deuxième filiale à bas coûts (« low cost ») après Transavia – à l’origine filiale de la compagnie aérienne néerlandaise KLM, rachetée par Air France -, ce qui va conduire à une diminution et à un remplacement des lignes traditionnelles Air France.
Mais pourquoi un nom et une image qui occultent sciemment l’image de la France, alors même que c’est précisément ce qui est recherché par des voyageurs du monde entier lorsqu’ils optent pour une compagnie aérienne française ?
Joon a également choisi la “rupture” pour les uniformes de son personnel de bord, qui seront en doudoune sans manches et baskets blanches conçues avec des matériaux recyclés à partir de bouteilles en plastique.
Tout cela s’inscrit dans un contexte général d’abandon de la langue française, de nos symboles nationaux et même des symboles de l’élégance à la française, le tout afin de singer, de façon pathétique et servile, le modèle d’outre-Atlantique.
Il n’est pas anodin de relever que, dans le cas de JOON comme dans celui de TRANSAVIA, la langue française a complètement disparu, de même que le symbole national sur les avions ou le logo.
Il n’est pas anodin non plus de noter que cette évolution se retrouve aussi sur la livrée de la compagnie aérienne “HOP !”, également filiale d’Air France. Créée le , “HOP !” résulte de la fusion des trois anciennes filiales régionales d’Air France : Brit Air, Régional et Airlinair. HOP !, qui opère des vols quotidiens vers plus d’une centaine de destinations françaises et européennes, présente une décoration en langue anglaise “FOR AIR FRANCE” et avec le drapeau européen sur l’empennage arrière :
Il n’est toujours pas anodin de noter aussi que les propres avions Air France se sont également vu affubler du drapeau bleu aux étoiles d’or sur l’empennage arrière…
Conclusion
L’UPR soutient le Syndicat des Pilotes d’Air France, qui réclame au ministère des transports, dans son communiqué du 5 septembre 2017, une intervention auprès de la compagnie aérienne afin qu’elle renomme sa nouvelle filiale Joon, dont le nom « renie tout lien avec la tradition le savoir-faire français symbolisés par notre pavillon ».
Malheureusement, il n’y a rien à attendre de ce gouvernement. Pas plus que du gouvernement précédent, qui avait d’ailleurs lui aussi contribué à l’abandon des symboles nationaux, par exemple en retirant le drapeau bleu-blanc-rouge du logo de la gendarmerie nationale.
On pourrait aussi citer des marques emblématiques françaises telles que Carrefour qui nomme la plupart de ses supermarchés à coups d’anglicismes ridicules : « market » ou « city » en faisant là aussi disparaître petit à petit le logo aux couleurs du drapeau bleu-blanc-rouge. Ce qui était une fierté semble devenir une honte…
Tous ces éléments et ces indices ne sont pas innocents. Ils témoignent de la volonté délibérée d’une élite de gommer tout ce qui fait la spécificité française.
Cet esprit de renoncement n’est pas sans rappeler d’autres époques de notre histoire et est la marque de fabrique de l’idéologie européiste pour qui la France est dépassée.
C’est exactement le discours qu’a tenu Emmanuel Macron en Grèce d’une souveraineté qui ne passerait que par l’Europe. Discours d’autant plus absurde que depuis la nuit des temps, il n’y a pas de souveraineté sans peuple, que le peuple européen peut être fantasmé ou rêvé mais qu’il n’existe pas.
La souveraineté ne peut être que nationale et l’UPR propose justement d’abandonner cet esprit de renoncement, de croire en la France et de sortir de l’Union européenne.
Charles-Henri GALLOIS
Responsable national des questions économiques
avec des ajouts de François ASSELINEAU
25 septembre 2017
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