Le pavé dans la mare des 5 “sages” du gouvernement allemand : Il faut un défaut de paiement partiel de la Grèce

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C’est un véritable pavé dans la mare que les “5 sages”, conseillers du gouvernement allemand, viennent de jeter dans le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung qui paraîtra demain matin : ils assurent qu’une “décote d’environ 50% sur les obligations existantes serait souhaitable. L’endettement de la Grèce baisserait ainsi de 160% (du PIB) à 106%”.

Bien entendu, une telle prise de position publique ne s’est pas faite sans obtenir auparavant le feu vert du gouvernement de Berlin. C’est donc bel et bien le gouvernement allemand qui souhaite le défaut de paiement partiel de la Grèce, notamment afin d’alléger le fardeau pour l’Allemagne et pour “mouiller” les banques et le secteur privé dans le sauvetage de la dette grecque.

Seulement voilà : comme d’habitude en Europe, tous les États ont des avis contraires car ils n’ont pas les mêmes intérêts nationaux. La  France refuse cette solution de défaut de paiement partiel proposé par les Allemands car certaines banques françaises seraient particulièrement exposées, et plus que les banques allemandes.

La solution allemande est donc spécialement nuisible pour les banques françaises. Charmante solidarité européenne….

À QUI REFILER LE MISTIGRI ?

La France a donc une autre idée : créer une taxe bancaire spéciale, ce qui aurait le mérite de mutualiser les pertes sur toutes les banques d’Europe…  Pour présenter les choses de façon moins cynique, le nouveau ministre français des affaires européennes explique que cette solution « aurait l’avantage de ne pas faire intervenir directement les banques et donc de ne pas potentiellement créer de défaut » de paiement de la Grèce. C’est joliment dit.

Seulement voilà : les banques françaises, et plus encore allemandes, ne veulent pas du tout d’une telle taxe (on s’en serait douté) car elles estiment que c’est – bien sûr -aux “citoyens européens” qu’il faut refiler le mistigri. C’est ce qu’a lancé le président de la fédération allemande des banques privées, Michael Kemmer : «Si les responsables politiques réfléchissent à un impôt exceptionnel, alors il devrait s’appliquer à tous les citoyens de la zone euro».  Toujours déterminés à privatiser les profits, les banquiers ne sont jamais avares pour socialiser les pertes, ce n’est pas une découverte.

En bref, c’est aux pauvres, qui n’ont rien fait ni rien demandé à personne, de payer, et cela au nom de la solidarité européenne.

Gageons que c’est sans doute ce type de solution qui finira par s’imposer…

 

Caricature grecque montrant l’actuel Premier ministre George Papandréou présentant au peuple grec la solution de ses problèmes…

CONCLUSION

Il y a quelque chose à retenir quand même de toutes ces péripéties (qui ne parviendront de toute façon pas à sauver l’euro à terme). C’est qu’un gouvernement aussi responsable que le gouvernement allemand – épaulé par des économistes aussi sérieux que les siens – en arrive à la conclusion qu’il faut imposer aux créanciers privés un défaut de paiement de 50% sur les obligations de la Grèce.

C’est un exemple qu’il faudra opposer à tous les européistes français, aussi suffisants qu’incompétents, qui tentent tous à qui mieux-mieux d’affoler nos concitoyens.

Prenant la pose de l’expert sentencieux alors qu’il ne sont que des perroquets aux ordres, ils affirment qu’une sortie de la France de l’euro provoquerait un défaut de paiement, et que ceci serait “absolument inconcevable”.

Eh bien c’est faux :

  • D’une part ce défaut de paiement – qui ne serait que très partiel – est encore très loin d’être avéré.
  • D’autre part, il ne serait que dans la nature des choses : comme le montre l’exemple allemand, un État souverain est un État qui décide souverainement de tout ce qui concerne ses intérêts nationaux. Il peut donc imposer, en cas de nécessité absolue, des pertes au secteur bancaire privé. Lequel secteur bancaire privé sait de toute façon prendre des mesures techniques sous formes d’instruments financiers (sous forme de Credit Default Swaps -CDS- par exemple ) pour mutualiser ses pertes.

Encore faut-il que l’État soit bien souverain, et qu’il soit dirigé par un homme d’État ayant le souci de se battre pour protéger ses concitoyens, plutôt que de se faire le larbin d’une oligarchie financière.