Alors que plusieurs sondages donnent le Brexit vainqueur, les euro-atlantistes intensifient comme prévu leur campagne de terreur
Ce qui se passe outre-Manche commence à ressembler furieusement à ce qui s’était passé en Suède quelques semaines avant le référendum du 14 septembre 2003, pour ou contre l’adoption de l’euro. Alors que les sondages avaient montré que le Non allait l’emporter, le peuple suédois avait subi une campagne de terreur massive que j’ai rappelée dans ma conférence “Faut-il avoir peur de sortir de l’euro ?“
En ce mois de mai 2016, ce sont nos voisins britanniques qui sont soumis à un pilonnage intensif de propagande terrorisante
à six semaines du référendum britannique sur l’appartenance à l’UE….
En voici quelques échantillons.
1) Le Brexit « aiderait les ennemis de l’Occident »
Cinq anciens secrétaires généraux de l’Otan en poste entre 1984 et 2014, viennent de publier une lettre commune dans le quotidien britannique Daily Telegraph pour terroriser les Britanniques en affirmant :
« Un Brexit conduirait sans aucun doute à une perte d’influence britannique, affaiblirait l’Otan et aiderait les ennemis de l’Occident au moment où nous avons besoin de nous serrer les coudes, au sein de la communauté euro-atlantique, face aux menaces communes ».
Cette lettre digne de Grand Guignol a été signée par :
– le Britannique Peter Carington (chef de l’Otan entre 1984 et 1988),
– l’Espagnol Javier Solana (1995-99),
– le Britannique George Robertson (1999-2003),
– le Néerlandais Jaap De Hoop Scheffer (2004-2009),
– et le Danois Anders Fogh Rasmussen (2009-2014).
2) Le Brexit pourrait provoquer une guerre mondiale
Sentant le sol électoral se dérober sous ses pas, le Premier ministre Britannique Cameron a brandi devant les médias les risques pour la paix en Europe en cas de Brexit : « Peut-on vraiment être sûr que nous pourrons vivre en paix ? Pour ma part, j’en doute vraiment.»
Avant de poursuivre : « Durant des décennies, l’Union européenne a contribué à réconcilier les pays en conflit. Il en est de l’intérêt national du Royaume-Uni de rester au sein d’une Europe unie pour éviter tout conflit futur entre pays européens ».
L’ex-maire de Londres Boris Johnson, l’un des chefs de file du camp pro-Brexit, a aussitôt raillé cette propagande terrorisante du Premier ministre en faisant remarquer que « David Cameron disait qu’il était prêt à ce que la Grande-Bretagne quitte l’UE il y a seulement quelques semaines, avant de négocier des concessions à Bruxelles. Le même David Cameron affirme, aujourd’hui, que le Royaume-Uni risquerait de provoquer « une troisième guerre mondiale » !
[ Sources : https://francais.rt.com/international/20320-david-cameron-brexit-troisieme-guerre-mondiale et http://www.lesechos.fr/monde/europe/021914587251-ca-se-passe-en-europe-cameron-invoque-churchill-contre-le-brexit-erdogan-attaque-en-justice-le-patron-du-groupe-springer-1220759.php ]
3) Le Brexit « affaiblirait dangereusement l’Europe et ferait perdre de l’influence au Royaume-Uni »
Cette fois-ci, c’est dans le prestigieux Times de Londres que 13 hauts responsables états-uniens ont appelé, par une tribune conjointe, les Britanniques à ne pas voter en faveur d’un Brexit. Ils ont affirmé notamment :
« Dans notre environnement mondialisé, il est crucial d’avoir la taille et le poids pour être entendu. En cas de Brexit, la place et l’influence dans le monde du Royaume-Uni seraient réduites et l’Europe serait dangereusement affaiblie ».
On notera avec intérêt que ces 13 responsables sont des anciens secrétaires d’État américains, des anciens secrétaires à la Défense et des anciens conseillers à la Maison Blanche. Parmi eux rien moins que Madeleine Albright et Leon Panetta, ancien chef du Pentagone et ancien chef de la CIA….
[ Sources : http://www.thetimes.co.uk/article/dont-vote-for-brexit-us-defence-chiefs-warn-2nncnhplw et https://www.rt.com/uk/342478-brexit-nato-us-eu/ ]
4) Le Brexit « affecterait l’industrie spatiale britannique »
C’est le directeur général allemand de l’Agence Spatiale Européenne (ASE), l’Allemand Johann-Dietrich Woerner, qui a assuré que le Brexit aurait un impact négatif et pourrait affecter l’industrie spatiale britannique.
On notera avec intérêt que l’ASE est une agence intergouvernementale n’ayant aucun rapport avec les traités européens ni avec l’UE, comme le prouve d’ailleurs le fait que le Canada ou la Norvège en font partie.
Pourquoi le Royaume-Uni ne pourrait-il pas rester sans problème dans l’ASE, comme le Canada ou la Norvège, en cas de sortie de l’UE ? Personne ne nous l’explique mais la question n’est pas là : il s’agit de terroriser le peuple britannique.
[ Source : https://euobserver.com/science/133375 ]
5) Le Brexit « empêcherait le Royaume-Uni de défendre Gibraltar »
« Lors de sa première visite officielle, le 11 mai 2016, dans ce territoire contesté par l’Espagne, le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, a assuré que le Brexit porterait gravement atteinte à la capacité de Londres à défendre Gibraltar ».
Il est à noter que le même Philip Hammond – lorsqu’il était ministre britannique de la Défense – avait au contraire appelé le Royaume-Uni à sortir de l’UE !
6) Le Brexit « coûterait de l’argent aux Britanniques »
Le Royaume-Uni est l’un des principaux pays contributeurs nets à l’Union européenne. Pourtant, cet argument de base n’a pas empêché Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE – l’un des temples de la mondialisation -, d’affirmer péremptoirement que le Brexit « coûterait de l’argent aux Britanniques ».
Aucune démonstration précise n’a été présentée à l’appui de cette affirmation ubuesque.
7) Le Brexit « pourrait transformer l’Irlande en un nouveau Calais »
Le commissaire européen irlandais Phil Hogan a affirmé que la sortie du Royaume-Uni de l’UE « pourrait provoquer l’apparition d’une forteresse Irlande et d’une forteresse Grande Bretagne ».
Dans la mesure où l’Irlande et le Royaume-Uni ne sont déjà pas dans l’Espace Schengen, on se demande vraiment bien quelle mouche a piqué le commissaire européen irlandais pour sortir une pareille ineptie.
[ Source : https://euobserver.com/tickers/133383 ]
CONCLUSION : TROP DE PROPAGANDE TUE LA PROPAGANDE
Toutes ces prophéties apocalyptiques pouvaient encore marcher dans l’esprit du public il y a un quart de siècle, lorsque les électeurs n’avaient pas encore expérimenté concrètement ce que donnerait l’Union européenne, et à une époque où Internet n’existait pas et ne permettait donc pas au grand public d’aller chercher des informations plus sérieuses.
Seulement voilà : les européistes n’ont pas vu le monde évoluer. Ils pensent que terroriser les populations va une nouvelle fois fonctionner, alors que chaque nouvelle prophétie d’Apocalypse les rend un peu plus ridicules.
Les Britanniques sont en train de découvrir que le vrai populisme et la vraie propagande totalitaire sont l’apanage des européistes, qui n’ont plus d’autre ressource que de jouer sur les peurs irrationnelles et qui refusent constamment de débattre de façon rationnelle.
Cela se voit et la société britannique réagit sainement.
Au cours des derniers jours, de nombreux chefs d’entreprise ont commencé à dire qu’il y en avait assez de ces terreurs injustifiées.
Même si elle se déclare officiellement toujours hostile au Brexit,
la PDG de la compagnie aérienne EasyJet a brisé un tabou, il y a quelques jours, en affirmant publiquement que « l’impact du Brexit est surestimé ».
Mieux encore, la BCC, l’une des deux plus importantes organisations patronales du pays, explique désormais que 37% de ses membres comptent voter “non” au référendum du 23 juin sur le maintien du pays dans l’UE, selon un sondage mené début avril.
Ces 37% n’étaient que 30% lors du précédent sondage conduit entre le 23 janvier et le 4 février. Et la part des entreprises favorables au maintien dans l’UE est tombée, quant à elle, de 60% à 54% en avril…
Quant au peuple britannique, il a recours à ses trésors légendaires d’humour pour rester flegmatique devant cette avalanche de propagande apocalyptique. Parmi bien d’autres preuves, cette photo détournée que j’ai captée sur Twitter, où l’on voit le Premier ministre Cameron affirmer à la Chambre des Communes de Westminster :
« Si la Grande Bretagne quitte l’Union européenne, ce sera le début de la IIIe Guerre mondiale. Un astéroïde frappera alors la Terre et sera à l’origine d’un nouvel âge glaciaire et nous serons ensevelis sous les glaciers si nous quittons l’UE. Puis les dinosaures ressusciteront et dévoreront les survivants qui auront échappé à l’invasion des extra-terrestres que le “Docteur QUI” (“Doctor WHO”, célèbre personnage de science fiction britannique) aura échoué à arrêter. »
Je souhaite bon courage et beaucoup de fermeté à tous les partisans du Brexit. N’ayez pas peur !
François ASSELINEAU
François Asselineau, président de l’Union populaire républicaine. La France doit se libérer de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan.