Carte postale éditée à Paris en 1942, pour célébrer avec l’Allemagne nazie le 1200e anniversaire de Charlemagne
Je présente ici un scan de la carte postale d’époque que j’ai montrée au journaliste Abdelkrim Branine et que j’ai commentée à l’antenne dans l’émission “Toute la République” diffusée ce dimanche 11 mai 2014 sur BEUR FM.
Cette carte postale, éditée à Paris sous l’Occupation, célébrait avec l’Allemagne nazie le 1200e anniversaire de Charlemagne.
Vendue pendant la Seconde exposition de “la France européenne”, cette carte postale avait un objectif politique évident : tenter de vendre à l’opinion publique française l’idée selon laquelle l’Allemagne nazie était un vainqueur pacifique, n’ayant pour but que de créer une “Europe nouvelle” où la France aurait toute sa place.
L’invocation anachronique de Charlemagne, présenté comme ayant régné sur un empire européen, “ni allemand ni français”, avait pour but de rallier les Français à la Collaboration avec le Reich hitlérien.
L’EMPIRE EUROPÉEN DE CHARLEMAGNE
Douze siècles avant que s’esquisse aujourd’hui la communauté européenne, Charlemagne avait réuni sous son sceptre les principaux pays de l’Europe [sic]. Son empire n’était ni allemand ni français, il était européen. Après sa mort, ce premier essai d’union européenne était détruit et, pendant plus de mille ans, les nationalismes s’entrechoquèrent dans un esprit de rivalité…
Ce texte saisissant d’actualité révèle ainsi deux choses fondamentales, complètement cachées à nos contemporains par la propagande européiste actuelle :
- 1) Le discours tenu par les Nazis sur “l’Europe nouvelle” était exactement, au mot près, celui tenu par les dirigeants européistes actuels : le texte ci-dessus pourrait être signé François Hollande, Jean-François Copé, Angela Merkel, José Barroso, etc. D’ailleurs, les européistes attribuent de nos jours le “Prix Charlemagne” à ceux qui ont fait “progresser l’idée européenne”.
- 2) L’Allemagne nazie, avec un cynisme proprement hallucinant, déclarait lutter contre “les nationalismes [qui] s’entrechoquent dans un esprit de rivalité.” Ce cynisme n’est au fond pas si différent de celui des dirigeants européistes actuels, qui affirment oeuvrer pour la paix et contre les nationalismes mais qui, dans le même temps, passent leur temps à déstabiliser et à porter la guerre dans des Etats étrangers (Irak, Libye, Syrie, Ukraine…), tout en y soutenant les forces les plus criminelles, comme les takfiristes en Syrie ou les néo-nazis en Ukraine.
François Asselineau
Le Président américain William Clinton a été le lauréat, en l’An 2000, du “Prix Charlemagne” décerné à un “grand européen” ayant fait “avancer la cause de la construction européenne” [sic]. Pour recevoir son prix, le président des États-Unis s’est rendu à Aix-la-Chapelle, où il a visité le “trône [supposé]de Charlemagne” dans la Chapelle palatine.A l’occasion de cette visite, le magazine allemand Spiegel a publié un reportage avec cette légende, que l’on croirait écrite en 1942 :
« Trône de Charlemagne: Le chancelier d’Allemagne Gerhard Schröder avec le président américain Bill Clinton dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle lors de la cérémonie de remise du Prix Charlemagne à ce dernier. Charlemagne est connu comme le premier homme d’État européen, et sa chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle comme le berceau de l’Europe. »
Der Spiegel, 19 mai 2000