Que dîtes-vous de cela, M. Mélenchon ? Le principal syndicat britannique des transports demande le retrait du Royaume-Uni de l’UE
Le RMT (National Union of Rail, Maritime and Transport Workers), – en français : Union nationale des Travailleurs des Transports, du Rail et de la Marine marchande – est le principal syndicat britannique des travailleurs des transports. Il compte plus de 80.000 membres, et son secrétaire général actuel est Bob Crow.
Résultant de la fusion de l’Union nationale des cheminots (UNR) et de l’Union nationale des marins (NUS), le RMT est actuellement l’un des syndicats de Grande-Bretagne en plus forte croissance.
Ce succès s’explique par le fait que l’une des principales particularités du RMT est d’être clairement anti-européen, et que ses critiques contre l’UE soient formulées d’un point de vue de gauche. L’un des slogans essentiels du RMT – adopté en 2009 – est « NON À L’UE – OUI À LA DÉMOCRATIE », slogan que l’on croirait sorti tout droit de l’UPR française créée en mars 2007, deux ans auparavant.
Ainsi, le RMT ne focalise pas ses critiques sur les seuls gouvernants britanniques, comme si c’était eux qui étaient entièrement responsables du désastre économique et social. À la différence des syndicats français, le RMT fait de l’éducation populaire comme le fait l’UPR en France : il insiste sur l’écrasante responsabilité de la prétendue « construction européenne », explique à ses syndiqués que c’est là que se trouve le vrai pouvoir, démontre que l’ensemble du processus européen est dictatorial, et en tire la conclusion logique – la même que celle que nous tirons -, à savoir que le Royaume-Uni doit sortir de l’UE afin de rétablir la démocratie.
Toutefois, et à la différence de l’UPR, qui est un mouvement politique rassemblant les Français de toutes les opinions politiques afin de faire sortir la France de l’UE, le RMT est un syndicat qui se classe à gauche. Il veut réaliser une large coalition altermondialiste de gauche afin d’offrir une alternative aux analyses et aux propositions – qu’il juge xénophobes et trop favorables aux entreprises – du UKIP (United Kingdom Independence Party) de Nigel Farage.
Exemple de campagne du RMT : Cette affiche dénonce clairement l’origine européenne du désastre et proclame : « Non aux diktats de l’UE sur la « libéralisation » du Rail. Mobilisez-vous ! »
Sur cette banderole, on peut lire : « Arrêtons le club de naufrageurs de l’UE !»
Le secrétaire général du RMT, Bob Crow, ici à gauche, s’adresse aux manifestants.
RMT, LE PRINCIPAL SYNDICAT BRITANNIQUE DES TRANSPORTS DEMANDE LE RETRAIT DU ROYAUME-UNI DE L’UE ET DÉNONCE LE FAIT QUE CETTE PROPOSITION SOIT LAISSÉE AUX SEULS FORCES DE DROITE
Comme le savent mes lecteurs, le débat sur l’organisation d’un référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE fait rage outre-Manche, surtout depuis que le Premier ministre David Cameron – succombant aux pressions directes de Washington – a “oublié” de parler de ce projet de référendum dans le très récent Discours du Trône.
C’est dans ce contexte politique très animé que le RMT vient de publier un communiqué – le 13 mai 2013 – afin de réclamer, lui aussi, la sortie de l’UE.
Comme la presse française, de même que les principaux syndicats et partis dits “de gauche” français, respectent l’omerta sur ce très intéressant communiqué, il nous a semblé nécessaire d’en faire profiter nos milliers de lecteurs.
[ Lien pour avoir le texte d’origine : http://www.rmt.org.uk/Templates/Internal.asp?NodeID=173826 ]
Voici la traduction de ce communiqué :
LE SYNDICAT APPELLE À LA SORTIE DE L’UE
Le syndicat des transports RMT a appelé aujourd’hui à une sortie de l’Angleterre de l’UE. Il a aussi accusé les médias de ne donner la parole qu’à des personnalités de droite pour représenter les positions anti-UE dans le débat, alors que c’est la classe ouvrière qui souffre le plus en Europe, du fait des mesures d’austérité imposées par les banquiers et le monde des affaires.
Le secrétaire général du RMT, Bob Crow, a déclaré :
« La position du RMT est claire, non seulement nous pensons qu’il devrait y avoir un référendum sur la sortie de l’Angleterre de l’UE plus tôt que prévu, mais nous nous prononçons sans équivoque en faveur de cette sortie.
« Partout en Europe, et plus particulièrement en Espagne et en Grèce, qui sont dans l’œil du cyclone, c’est la classe ouvrière qui souffre le plus, alors que la démocratie part en lambeaux et que l’UE et la Banque centrale demandent des coupes en matière d’emplois, de salaires et de retraites, ainsi que la privatisation systématique des biens publics.
« Le RMT ne restera pas passif et ne laissera pas le UKIP et l’aile droite du Parti conservateur dominer ce débat. Si des ministres comme Michael Gove soulèvent seulement maintenant la question de la sortie de l’UE, c’est par pur opportunisme politique. Celui-ci se moque éperdument du taux de chômage chez les jeunes en Europe ; la seule préoccupation de ces “tories” [ conservateurs ] opposants de la dernière heure est de sauver leur carrière politique.
« Le RMT va continuer à défendre une position de gauche, du côté des travailleurs, en vue d’une sortie de l’Angleterre de l’UE qui mettra en avant l’emploi, le niveau de vie, la démocratie et les services publics. La vérité est que l’on ne peut pas être à la fois pro-européen et anti-austérité, lorsque l’ensemble de la structure du projet européen est dominé par les intérêts des banquiers et du monde des affaires, qui sont les forces agissantes derrière l’imposition des mesures d’austérité dans tout le Continent. »
CONCLUSION : QUE DÎTES-VOUS DE CELA, M. MÉLENCHON ?
Si le RMT britannique appelle à la sortie du Royaume-Uni de l’UE, c’est parce que ses dirigeants ont parfaitement compris – comme l’UPR – que la prétendue « construction européenne » est un processus nécessairement autobloquant et dictatorial, du fait de l’absence d’un « peuple européen » et de l’irréductible divergence des intérêts nationaux.
Les dirigeants du RMT ont parfaitement compris que les projets d’ « Autre Europe » sont des leurres irréalisables, agités par des politiciens sans scrupule pour amener les salariés à prendre leur mal en patience jusqu’à la Saint Glinglin.
Je rappelle à cette occasion la démonstration mathématique que j’ai faite récemment dans ma conférence sur « les 10 raisons de sortir de l’UE » : https://www.youtube.com/watch?v=Ch5Bfe5j29A (à partir de 4’30’’)
Je rappelle que, pour « changer d’Europe », il faudrait modifier de fond en comble les traités (supprimer par exemple l’article 63 du TFUE pour empêcher les délocalisations).
Dans ces conditions, il est fondamental de calculer la probabilité statistique d’avoir 27 États d’accord au même moment sur un « changement d’Europe » radical.
Si l’on postule – pour simplifier – que, la probabilité que les électeurs élisent une majorité de gauche social-démocrate est de 50% dans chaque État de l’UE (et qu’elle est de 50% pour choisir une majorité de droite libérale), alors, la probabilité que les 27 États de l’Union européenne aient une politique unanime pour changer les traités européens dans un sens « de gauche social démocrate » est donc actuellement de (0,5) 27 = 0, 75 x 10-8.
Soit l’équivalent de 6 heures tous les 100.000 ans…. Autant dire rien.
Et encore cette estimation est-elle largement surévaluée puisqu’elle fait abstraction des divergences d’intérêts nationaux entre les 27 États, divergences qui font que les partis sociaux-démocrates (de type PS français, SPD allemand, PSOE espagnol, Labour britannique, etc.) sont très loin d’avoir les mêmes programmes !
Et si l’on postule, maintenant, que, la probabilité que les électeurs élisent une majorité de type « Front de gauche » est de 15 % dans chaque État de l’UE (ce qui est un taux très largement surestimé), alors, la probabilité que les 27 États de l’Union européenne aient une politique unanime pour changer les traités européens dans le sens voulu par le « Front de gauche » français est donc actuellement de (0,15) 27 = 5,685 10-23 = 0,000 000 000 000 000 000 005 685 chances sur 100.
Soit l’équivalent probabiliste de 1,8 seconde tous les 10 trillions d’années (10 milliards de milliards d’années).
Que dîtes-vous de cela M. Mélenchon ?
C’est parce que le RMT a compris que l’arnaque européenne repose sur une fatalité statistique qu’il propose aux ouvriers et salariés britanniques de sortir de l’Union européenne.
C’est au contraire parce que M. Mélenchon veut maintenir, coûte que coûte, les ouvriers et salariés français dans ce système d’asservissement européen qu’il est permis d’affirmer qu’il agit – et les principaux responsables syndicaux français avec lui – comme un « syndicaliste jaune » : il fait semblant de combattre avec véhémence l’oligarchie dont il assure au contraire la survie.
François ASSELINEAU