L’UPR demande à France Télévisions de déprogrammer la série de propagande européiste “Anarchy” prévue sur France 4 et d’organiser à la place une série de débats approfondis et pluralistes sur la sortie de l’euro

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Communiqué

France Télévisions a annoncé qu’elle diffuserait, à partir du jeudi 30 octobre 2014, sur sa chaine consacrée à la jeunesse, France 4, la série « Anarchy » qui met en scène la sortie de la France de l’euro.

La présentation de la série sur le site du producteur témoigne d’un parti pris sur la question, incompatible avec l’exigence de neutralité politique qui anime théoriquement le service public. Cette présentation est en effet formulée comme suit : « France 4 et francetv nouvelles écritures vous invitent à découvrir Anarchy, l’histoire d’une France forcée de sortir de la zone euro. Chaque citoyen est désormais contraint de vivre avec 40 euros par semaine. L’économie chancelle, les institutions et la société vacillent, le chaos menace » (1).

anarchy propagande france 4

Présentation de la série télévisée destinée à la jeunesse et financée par la redevance audiovisuelle payée par tous les téléspectateurs  : «  Anarchy, l’histoire d’une France forcée de sortir de la zone euro. Chaque citoyen est désormais contraint de vivre avec 40 euros par semaine. L’économie chancelle, les institutions et la société vacillent, le chaos menace »

France 4 part donc du postulat que la sortie de la France de l’euro provoquerait une catastrophe économique, politique et sociale. Cette présentation des choses revient exactement à donner la caution du service public aux prophéties apocalyptiques qu’assènent en permanence les partis et médias européistes, sur toutes les télévisions et radio, sans la moindre démonstration à l’appui.

Si la question de la sortie de l’euro est, en effet, un sujet d’anticipation intéressant, encore faut-il le traiter d’une façon équilibrée présentant au public une pluralité de points de vue. Avec « Anarchy », France Télévisions piétine donc sa propre charte, qui pose que « dans toutes ses émissions, dans tous les services qu’elle offre, France Télévisions assure le pluralisme de l’information et l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion ». (2) 

La position outrageusement partisane adoptée par le groupe audiovisuel public revient à faire un bras d’honneur aux millions de Français favorables à la sortie de l’euro et qui, payant la redevance de l’audiovisuel public, sont en droit d’attendre que celui-ci respecte leur point de vue.

Cette opération de propagande destinée aux jeunes occulte d’ailleurs la situation économique et sociale catastrophique à laquelle sont précisément confrontés les jeunes, ici et maintenant, dans tous les pays de la zone euro, Allemagne comprise. Aujourd’hui même, l’UNICEF a ainsi publié une étude alarmante sur l’augmentation de la pauvreté parmi les enfants des pays riches, et tout spécialement dans l’Union européenne, où 7,5 millions de jeunes ne travaillent pas et ne suivent ni études ni formation, plus spécialement encore dans les pays de la zone euro. (3)

Les « bienfaits » de l’euro : 2/3 du peuple grec vit désormais officiellement dans la pauvreté ou sous la menace de la pauvreté. En Grèce, le rapport du bureau du budget de l’État transmis au Parlement et intitulé « Politiques de revenu minimum dans l’Union européenne et la Grèce : une analyse comparative » a constaté que « quelque 2,5 millions de personnes sont en dessous du seuil de pauvreté relative, qui est fixé à 60 pour cent du revenu moyen des ménages » et que « 3,8 millions de personnes sont confrontées à la menace de la pauvreté due à la privation matérielle et au chômage  ». Cela représente un total de 6,3 millions de personnes, soit 2/3 du peuple grec. (4)

La série télévisée de propagande de France 4 occulte aussi les travaux de nombreux économistes reconnus qui démontrent que l’euro n’est pas viable et qu’il est la première cause de l’effondrement économique et social des peuples qui l’ont adopté.

Citons, à titre d’exemples :

  • Les travaux de huit Prix Nobel d’économie qui ont émis les plus vives réserves quant à l’euro et à sa pérennité : le Français Maurice Allais (1988), le Britannique James Mirrlees (1996), l’Indien Amartya Sen (1998), les Américains Joseph Stiglitz (2001),  Paul Krugman (2008) et Thomas Sargent (2011), ainsi que le Britannico-chypriote Christopher Pissarides (2010)
  • L’appel public et solennel de 5 Prix Nobel d’économie (James Mirrlees, Paul Krugman, Joseph Stiglitz, Christopher Pissarides et Thomas Sargent) qui ont conseillé à l’Espagne à sortir de l’euro dans son propre intérêt, dans un article de mai 2013 du magazine espagnol Expansión.com.
  • L’étude de Jacques Sapir, directeur d’étude à l’EHESS, publiée par la Fondation Res Publica en septembre 2013, qui conclut, sur la base de neuf scénarios alternatifs, aux bénéfices immenses que la France retirerait d’une sortie de l’euro, notamment en termes de croissance économique (avec un gain de +8 à +21% en 4 ans), d’emploi (avec une baisse de 1 à 2 millions de chômeurs), de réduction de la dette publique (qui régresserait rapidement de l’ordre d’une dizaine de points de PIB), et de réindustrialisation. (5)

En outre, l’émission de propagande programmée par l’audiovisuel public garde le silence sur le fait que les pays qui ont refusé d’adopter l’euro comme le Royaume Uni, le Danemark et la Suède, ainsi que ceux qui ont refusé, tout net, d’entrer dans l’Union européenne, comme la Suisse, l’Islande et la Norvège, se portent tous bien mieux que les pays de la zone euro, qui sont en état de stagnation ou de quasi-récession depuis quinze ans.

Mais il y a encore pire dans la désinformation. D’après le JDD, le premier épisode d’« Anarchy » place Marine Le Pen à l’Élysée, après que François Hollande eut dû faire sortir la France de l’euro et quitter prématurément ses fonctions.(6)

Ce scénario est doublement inacceptable :

  • D’une part, contrairement aux fables qu’aiment à entretenir les grands médias, l’idée que Mme Le Pen puisse accéder à la présidence de la République fait hausser les épaules à tous les experts politiques qui savent parfaitement que le FN bute, depuis sa création il y a 42 ans, sur un “plafond de verre” électoral, de l’ordre de 13% des électeurs inscrits et qu’il suscite par ailleurs une hostilité irrémédiable et record dans les 2/3 de la population ;
  • D’autre part, ce choix éditorial est destiné à incruster une nouvelle fois dans l’esprit des Français que le FN proposerait la sortie de l’euro et que la remise en cause de la prétendue « construction européenne » serait l’apanage de l’extrême droite. Ce qui est faux.

L’Union Populaire Républicaine (UPR) rappelle en effet une fois encore :

  • a) – que le FN ne propose pas la sortie unilatérale de l’Union européenne ni même de l’euro. Ces propositions n’ont JAMAIS figuré sur aucune profession de foi électorale des candidats du FN à quelque élection que ce soit, ni dans son programme écrit. Dire et écrire le contraire, comme se propose de le présenter France 4, revient à propager une fausse information, et donc à piétiner les devoirs 1, 3, 6 et 9 de la charte des devoirs et droits des journalistes, dite « charte de Munich » de 1971.(7)
  • b) – que nous avons publié un dossier circonstancié (8) qui présente 14 positions différentes et contradictoires des dirigeants du parti d’extrême droite sur la « construction européenne », toutes axées sur des promesses d’« autre Europe » et de renégociation des traités. Une quinzième version est, d’ailleurs, sortie récemment (9). Pourquoi les journalistes se refusent-ils à faire mention de ce dossier, alors qu’il a été lu par des centaines d’entre eux et qu’il est fondé sur des déclarations qu’ils peuvent eux-mêmes parfaitement vérifier ?
  • c)-  que la sortie de l’euro n’est en rien une position caractéristique de l’extrême droite. Les Prix Nobel d’économie cités plus haut ne sont pas d’extrême droite parce qu’ils s’opposent à l’euro. Ni d’ailleurs les Britanniques, les Danois, les Suédois, les Suisses, les Islandais et les Norvégiens. Ni d’ailleurs les adhérents, sympathisants et électeurs de l’UPR, dont les listes aux élections européennes du 25 mai dernier ont été classées en « LDIV » (diverses) par le ministère de l’Intérieur et non en « LDVD », « LDVG », « LEXD » ou « LEXG ».

L’UPR attire enfin l’attention de France Télévisions et des producteurs d’« Anarchy » sur le fait que les jeunes Français ne correspondent pas à l’image qu’ils semblent s’en faire.

Avec son nom en anglo-américain – « Anarchy » – et son parti pris péremptoire, la série de France 4 traduit en effet une vision stéréotypée de la jeunesse française, qui est censée être son public : elle les prend pour des individus qui considèreraient bêtement leur propre langue – la langue française – comme une chose ringarde et dépassée, et qui percevraient naïvement la « construction européenne » comme un projet radieux et porteur d’avenir.

Cette perception est gravement erronée. Soucieux d’accéder à une information réellement pluraliste, un très grand nombre de jeunes Français s’informent bien davantage sur Internet que leurs ainés et sont de moins en moins sensibles à la propagande européiste, grossière et autoritaire. C’est la raison pour laquelle l’UPR, qui s’est développée essentiellement par Internet – cf. par exemple les conférences sur l’euro « La tragédie de l’euro » (10) et « Faut-il avoir peur de sortir de l’euro ? » (11) – compte une importante proportion de jeunes, puisque la moitié de ses 6.277 adhérents ont moins de 40 ans.

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En conclusion, l’UPR demande au service public de respecter sa charte et de renoncer à diffuser une série de propagande européiste.

France Télévisions doit déprogrammer la série « Anarchy » et organiser, enfin, des débats télévisés approfondis, sérieux et sereins, sur les avantages et les inconvénients de la sortie de l’Union européenne et de l’euro, tels qu’il en existe par exemple à la télévision britannique.

François Asselineau, président de l’UPR et ancien Délégué général à l’intelligence économique à Bercy, et Vincent Brousseau, responsable national de l’UPR pour l’euro et les questions monétaires, qui a été économiste à la BCE pendant 15 ans et est de ce fait l’un des meilleurs experts français de l’euro, sont à la disposition du service public de l’audiovisuel pour participer à ces débats qui engagent de façon décisive le niveau de vie et l’emploi des Français au cours des années qui viennent.

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NOTES

  • (2) Charte de déontologie de France Télévisions qui lui fait obligation « d’assurer le pluralisme de l’information et l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion […] dans toutes ses émissions, dans tous les services qu’elle offre » : http://www.francetelevisions.fr/engagements/charte.php